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« T’es belge ? » demande le routard. « Bientôt » répond le fuyard.

Publié le 09 septembre 2012 par Rolandlabregere

Pour de probables raisons fiscales, l’homme le plus riche de France demanderait à devenir belge. C’est, en tout cas, ce que distille les médias depuis plusieurs jours. Le  boss du groupe de luxe LVMH, opposé au projet gouvernemental de taxation des « super-riches », préparerait son dossier pour accéder à la nationalité belge, afin de n’être pas rendu misérable par le gouvernement qui souhaite mettre un peu de dignité et de justice sociales dans la fiscalité.

A ce jour, on ignore comment le fuyard le plus fortuné d’Europe va gagner les rives de l’Escaut ou une banlieue d’accueil de Bruxelles. Va-t-il s’offrir les services d’un passeur ou emprunter des voies détournées pour ne pas attirer l’attention. ? Il pourrait selon toute vraisemblance se glisser dans un carrosse doré aux vitres teintées, ayant l’habitude de rouler sur l’or.

L’expression « être riche » en français, c’est là son mérite premier, est étonnamment malléable. Il ou elle est riche, position absolue, est le premier emploi. L’individu est riche sans comparaison ni discussion. Cela se voit avant de se mesurer. Bien doté par la naissance, il se trouve nanti tout en étant opulent. Il est assez argenté pour être cousu d’or. Il est donc bien pourvu, le lexique ne dit pas si c’est par la nature. La même expression, suivie d’une préposition fait basculer le sens dans un second registre. Il ou elle est riche en… permet d’en savoir plus. Cela concerne davantage une référence matérielle qu’une allusion à une personne. Tel aliment est riche en protéines. Tel sous-sol est riche en minerais. La formule Il ou elle est riche de… renseigne sur la profondeur de la relation entretenue. Un livre est riche d’enseignements. Une expérience est riche de promesses. Placé devant un adjectif riche marque la mise en valeur. Une riche idée, une riche nature évoquent des suites heureuses. Être riche évoque un gisement de sens.

Le gouvernement a commis une faute. Il n’a pas su distinguer la richesse qui se voit de celle qui ne se distingue pas à l’œil nu. Le regretté Raymond Devos, qui nous a fait vivre de riches moments de bonheur, savait bien faire la différence entre les deux formes de richesse. Dans une envolée d’autodérision d’une richesse inouïe, il raconte « qu’il avait eu la faiblesse de montrer des signes extérieurs de richesse alors que sa richesse est toute intérieure ». La première n’entraîne pas la seconde. Il faut être riche en humanité pour mesurer l’écart entre les deux et distinguer les mérites attachés à la seconde.

Etre capable d’arriver n’importe où à n’importe quel moment permet de faire oublier comment l’on est parvenu.


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