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Pourquoi la pétition de Pierre Botton transgresse l'ordre établi de nos prisons ?

Publié le 10 septembre 2012 par Rsada @SolidShell

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Souligner l'excellence du journalisme français, est devenu un acte coutumier que je ne rate pour rien au monde. Françaises, français, ne regrettez rien de la censure imposée par l'ancien Ministère de l'Information, puisqu'il est toujours d'une actualité déconcertante.

La semaine passée, un pas important a été franchi, un événement surprenant est survenu dans notre beau pays de France, sans que quiconque en soit informé. En clôture de la première journée de l'Université d’Été du Medef un Rubicon a été franchi. Seul l'hebdomadaire L'Express a communiqué sur le sujet.

Pierre Botton, ancien détenu et président de l'association Prisons du Cœur, intervenant à la tribune au cours de la plénière au nom prédestiné de "fil rouge et lignes jaunes", a présenté la pétition non médiatisée qu'il s'échine à faire signer auprès de nos Parlementaires.

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Dans celle-ci, il est demandé que ces derniers disposent deux fois par an de la possibilité de pénétrer dans un lieu de privation de libertés (NDRL : nos prisons ou centres de rétention) accompagnés de journalistes, pour rendre compte auprès des français de la réalité des conditions de détention dans notre pays. Ceci à tout instant, en tout lieu et dans tous les "quartiers" nécessitant une inspection minutieuse.

Rappelons que la France contrevient toujours aux dispositions 9, 93.1, 24.1, 24.12 et 99 des Règles Pénitentiaires Européennes, qui permettent à des observateurs indépendants de contrôler les conditions de détention et qui régissent les contacts directs entre les détenus et l'extérieur (notamment la presse).

Nos Parlementaires disposent d'un Droit constitutionnel leur permettant déjà d'entrer dans nos prisons comme bon leur semble. Toutefois, nous sommes nombreux à savoir qu'ils usent de ce pouvoir avec une précautionneuse parcimonie. La prison étant un sujet "hasardeux" et bien peu porteur de "bénéfice électoral", beaucoup préfèrent la douceur de leur circonscription à l'idée de "se coller sur le pouilleux" !

L'initiative de Pierre Botton est donc un mauvais coup porté à l'Administration Pénitentiaire qui n'apprécie guère que l'on vienne distiller une parole qu'elle ne serait pas en mesure de contrôler. Plus généralement, c'est bien l’État et donc la France, multirécidiviste maintes fois condamné par les organismes internationaux de défense des Droits de l'Homme pour atteinte à la dignité humaine, quise voit ainsi cloué au pilori pour sa gestion désastreuse de ses prisons.

Lors de cette conférence, Pierre Botton a rendu compte de l'avancement de sa pétition en annonçant quelques 210 signatures glanées auprès de députés de droite comme de gauche. Il a profité de la venue de l'ancien Premier Ministre Alain Juppé, pour lui demander de signer ce texte en indiquant qu'avec une caution d'une telle moralité, il parviendrait sans aucun doute à obtenir la majorité absolue pour faire passer cette disposition.

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A la tribune, Pierre Botton a transgressé l'omerta en indiquant la fraîcheur avec laquelle Alain Juppé a accepté de prendre connaissance de ce texte sans s'engager sur le fond. Et puis, le miracle est intervenu ! En réponse à cette transgression amicale, le Maire de Bordeaux s'est engagé à signer cette fameuse pétition bravant tous les interdits du moment.

Un pas essentiel vers plus de transparence est franchi. Si la signature d'Alain Juppé permet d'obtenir les soutiens manquants, le Ministère de la Justice et le Gouvernement n'auront pas d'autre alternative de retranscrire cet engagement dans les faits.

Clairement anodin pour nombre de nos compatriotes, cette mesure certes symbolique, permettrait pourtant de concrétiser le travail mené par toutes les associations proches des détenus ou soucieuses de la condition humaine. Ouvrir les portes des prisons sans la censure de l'Administration Pénitentiaire permettrait de mettre un terme aux clichés récurrents sur nos prisons et de placer les français et leurs responsables politiques devant leurs propres responsabilités.

A ceux qui ne cessent de penser que je me fait le simple défenseur des délinquants et autres voyous au travers de mes pages, je redit avec force qu'ils sont dans l'erreur. Prôner une République exemplaire c'est aussi la ramener aux valeurs essentielles qui sont les siennes. Certaines de ces valeurs sont aujourd'hui piétinées par convenance de confort. Nos prisons et les personnes qui y sont incarcérées sont le triste reflet d'une société, d'une République, qui a échoué ! Pour combien de temps encore et pour quelles conséquences dans un avenir proche ?

A la manière de François Mitterrand : « La pire erreur n'est pas dans l'échec mais dans l'incapacité de dominer l'échec. »

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