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Audit de la Fed : braquage à l'américaine

Publié le 13 septembre 2012 par Copeau @Contrepoints

Le premier audit de la Fed avait rendu de décoiffantes conclusions en juillet 2011 : un hold-up de 16 000 milliards ! Un document connu des experts mais passé inaperçu auprès du grand public jusqu'à ce que le sénateur Bernie Sanders, qui avait dirigé la mission d'étude, décide de le poster sur son site le 1er septembre à disposition de ses concitoyens. Ce qui a ranimé le débat aux États-Unis en cette fin de campagne présidentielle avec des attaques du parti républicain contre la Fed et la proposition d'un audit annuel.
Par Charles Sannat.

Audit de la Fed : braquage à l'américaineAlors que Ron Paul mène une bataille épique contre la Fed, la Banque Centrale Américaine, une première victoire a été obtenu par cet homme politique avec la divulgation d’un rapport du GAO (Government Accountability Office) qui est l’organe d’État de vérification des comptes du Sénat.

En quelques mots Ronald Ernest « Ron » Paul (né le 20 août 1935) est un homme politique américain, membre du Parti républicain, représentant du Texas à la Chambre des représentants (de 1976 à 1985, et de nouveau depuis 1997). Partisan du libertarianisme, il préconise un État fédéral au rôle limité, de faibles impôts, des marchés libres, une politique étrangère non interventionniste ainsi qu’un retour à des politiques monétaires basées sur des métaux (or, argent) pour étalon.

Il est parfois surnommé « Doctor No » au Congrès parce qu’il vote contre toutes les lois qui selon lui violent la constitution américaine ou qui augmentent les impôts ou les revenus des membres de la Chambre des Représentants.

Des montants phénoménaux

À titre d’étalon de comparaison, le PIB de la France, c’est-à-dire l’ensemble de la richesse produite en un an en France s’élève à environ 2 000 milliards d’euros. Notre budget, en tout cas l’ensemble des recettes de l’État est d’environ 350 milliards d’euros.

Le premier audit de la Réserve fédérale a permis de découvrir de nouveaux détails sur la façon dont les États-Unis ont fourni la modique somme de 16 000 milliards de prêts secrets pour renflouer les banques américaines et étrangères ainsi que les entreprises durant la pire crise économique depuis la Grande Dépression.

Il ne faut pas non plus oublier les (plus) de 10 000 milliards de dollars prêtés via des accords de swap aux autres banques centrales, dont la BCE, la banque centrale européenne, a été la première bénéficiaire avec plus de 8 000 milliards de dollars.

Il faut donc retenir que sur une période de 2007 à fin 2008 les États-Unis ont injecté plus de 26 000 milliards de dollars dans le système financier international.

Phénoménal !

Vous comprenez pourquoi Ron Paul et quelques hommes politiques le plus souvent « marginaux » mènent une bataille épique contre la Fed pour la forcer à se prêter à des audits indépendants et surtout réguliers. Car ces chiffre ne concernent qu’une période d’environ un an et demi. Et depuis ?

Bernie Sanders US Senator For Vermont

Pour ce Sénateur américain qui a dirigé cette mission d’étude, la situation est claire et sans ambiguïté.

À la suite de cette vérification, nous savons maintenant que la Réserve fédérale a fourni plus de 16 000 milliards de dollars en aide financière totale aux plus grandes institutions financières et à de grandes sociétés aux États-Unis et dans le monde.

Il s’agit d’un cas évident de socialisme pour les riches et d’individualisme pour tout les autres.

(...) Aucune agence du gouvernement des États-Unis ne devrait être autorisée à  procéder au renflouement d’une banque étrangère ou d’une société sans l’approbation directe du Congrès et le président.

Pourtant c’est bien ce qui s’est pas passé dans la plus grande opacité et sans contrôle démocratique.

Des conflits d’intérêt évident

L’organe d’enquête du Congrès a également déterminé que la Fed ne dispose pas d’un système complet destiné à régler et prévenir les conflits d’intérêts, malgré le potentiel élevé d’abus.

En effet, toujours selon le rapport, la Fed a fourni des « dérogations de conflit d’intérêts » aux employés et aux entrepreneurs privés afin qu’ils puissent maintenir leurs participations dans les mêmes institutions financières qui recevaient et qui donnaient les prêts d’urgence.

Il est notamment cité le Directeur Général de JP Morgan Chase membre la Reserve Federal de New York alors que dans le même temps sa banque (JP Morgan) a reçu plus de 390 milliards de dollars en aide financière de la part de la Fed.

On apprend également et ce de manière totalement officielle que Morgan Stanley a reçu près de 108 millions de dollars de commissions pour aider la Fed à gérer le plan de sauvetage notamment d’AIG.

Des banques françaises qui vont si bien

Ce rapport montre également que quelques grandes banques françaises ont bénéficié d’aides particulièrement importantes alors que l’on vous expliquait doctement que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Ainsi BNP Paribas à travers les programmes TSLF et TAF a perçue plus de 105 milliards de dollars, tandis que la Société Générale (à qui je vous le rappelle l’affaire Kerviel aurait coutée 5 milliards d’euros) aurait perçue environ 124 milliards de dollars…

La palme revient à une banque américaine, Citigroup avec la modique somme de 1 756 milliards de dollars. Mais à ces niveaux, on est plus à un ou deux milliards près…

Une double conclusion s’impose

1/ Il s’agit bien du plus grand hold-up jamais organisé dans l’histoire économique du monde.

Je pense qu’il fallait sauver le système ou à tout le moins lui permettre d’éviter un effondrement brutal qui aurait entrainé le monde dans un cataclysme majeur.

Mais ce n’est pas une raison pour faire n’importe quoi.

2/ Le système financier mondial continue à aller très mal. Les données récentes manquent pour avoir une vision claire de la situation. Ce qui est sur, c’est que l’or à encore de beaux jours devant lui lorsque l’on voit les montants de « fausse » monnaie en jeux.

3/ Enfin comme le dit le Sénateur Sanders « La Réserve fédérale doit être réformée pour répondre aux besoins des familles qui travaillent, et pas seulement les PDG de Wall Street. »

Mais cela devrait aussi s’appliquer à la Banque Centrale Européenne, qui d’ailleurs a annoncé par la voie de son Gouverneur Mario Draghi que les données des rachats illimitée d’obligations seraient rendues publiques pour certaines toutes les semaines et pour d’autres tous les mois.

C’est déjà un bon début.

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Sur le web.

Lire le rapport.


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