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A plus dans le bus - The We and the I, de Michel Gondry

Par Timotheegerardin
A plus dans le bus - The We and the I, de Michel GondryQuand on y repense, The We and the I est simple comme une suite d'opérations mathématiques.
Première opération : l'addition. Un lycéen plus un lycéen plus un autre et ainsi de suite. Ils vont chacun leur tour chercher leur portable, puis entrent l'un après l'autre dans le bus. A l'heure de la fin des cours et du début des vacances, le groupe n'est qu'un amas de visages disgracieux et de mesquineries lancées au hasard. Et comme toute unité de lieu est faite pour être contournée (en l'occurrence, ce bus dans lequel on est pendant tout le film), des saynètes au format smartphone viennent s'empiler en illustration des anecdotes ou des vantardises de chacun.
Deuxième opération : la multiplication. L'une des vidéos que nous avons vue - le cousin d'un des personnages qui glisse et tombe en entrant dans une cuisine - a son petit succès et se retrouve envoyée à tout le monde. On la revoit, encore et encore, démultipliée autant de fois qu'il y a de portables dans le bus. Ce mouvement de multiplication a le curieux effet de mettre un peu de chaleur dans le groupe. Ça interagit, ça discute, et un soutien-gorge rempli d'eau circule de mains en mains.
Troisième opération : la soustraction. Petit à petit, à mesure que les arrêts s’égrènent, le nombre des lycéens diminue. A l'horizon, comme dans un road trip, il y a l'illusion d'être plus vrai à la fin du voyage, dépouillé enfin de l'excroissance du groupe. Le "I" de la soustraction en réponse au "We" de l'addition. Zoom sur la poignée de personnages restants : une grande gueule qui n'en mène plus large, un discret qui sait ce qu'il veut et ce qu'il ne veut pas, une fille perdue et amoureuse.
Le résultat ? On voudrait avec Gondry partir du "We" pour arriver au "I", mais ça ne marche pas aussi bien que cela. La première partie est longue au démarrage et le principe de l'addition longtemps indigeste : on a la persistante impression que ces jeunes gens sont laids et qu'on nous les inflige en plusieurs exemplaires. Et si le principe de la troisième partie est séduisant - les personnalités qui se révèlent à mesure que le groupe se dissous -,  une espèce de maladresse dans les dialogues en fait quelque chose de légèrement moralisateur. Au fond c'est le milieu du film, son cœur - le moment où l'énergie circule vraiment - qui est réussi. Une électricité spéciale naît de cette surchauffe où les répliques sont répétées, les messages transférés, les vidéos rejouées.

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