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Monénembo ressuscite un maquisard noir

Publié le 16 septembre 2012 par 250673gc

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Si vous avez déjà lu L’aîné des orphelins ou Le Roi de Kahel, vous n’infirmerez pas cette affirmation : Tierno Monénembo est devenu un génial romancier-historien ou du moins un romancier qui vénère l’histoire. L’histoire, la grande bien sûr, pas la petite. Cela est heureux. Même si l’on sait qu’il n’est jamais aisé d’aborder un chapitre lié à l’histoire. Tant on redoute des omissions, des approximations, des imprécisions, des inexactitudes qui peuvent saper tout, nous éloigner de l’authenticité des choses. Tel n’est pas le cas en littérature, où l’écrivain, par le jeu de la fiction, célèbre sans cesse son royaume de liberté. L’histoire et la littérature : quel étincelant couple ! 

Un couple qu’affectionne la plume de Monénembo, prix Renaudot 2008. Cette fois-ci, il nous propose un autre itinéraire, une autre œuvre romanesque, Le terroriste noir. La scène se déroule pendant la Seconde Guerre mondiale. Et c’est la voix de Germaine Tergoresse qui retentit, qui narre tout. Nous sommes à Romaincourt, dans les Vosges. C’est la saison des colchiques. Les Valdenaire font une promenade champêtre. Soudain, un des fils du couple entend un cri : celui d’un jeune maquisard souffrant, Addi Bâ, originaire de la Guinée, qui fut adopté par un Tourangeau, Maurice Maréchal, ancien percepteur aux impôts de Conakry.

Addi Bâ est donc retrouvé en s’échappant (...) Les Allemands venaient de mitrailler Epinal. Nous savons par le truchement de notre chère Germaine Tergoresse qu’il y avait deux régiments de tirailleurs qui opéraient là (et dont la mission consistait à protéger la Meuse) : le 14e RTS à Bourmont et le 12e à Harrévile-les-Chanteurs. Addi Bâ, lui, faisait partie du 12e régiment des tirailleurs sénégalais. Avec ses frères d’armes, il se battra, il regimbera. Mais que peuvent faire les mousquetons face à une artillerie allemande si puissante, si féroce ? Pas grand-chose, en vérité. Il faut reculer, fuir, affûter la riposte. A Addi, Yolande parle d’un projet : créer un maquis. Quelle bonne nouvelle !, s’enthousiasme ce dernier. Un réseau voit ainsi le jour. Immédiatement, on y associe les jeunes de Romaincourt à qui Addi prodiguera quelques techniques militaires. Le soir venu, le jeune résistant parcourt le bourg, drague les filles, rencontre le maire, cherche des victuailles… Mais Addi Bâ (que les Boches surnommaient Le terroriste noir) sera tout de même arrêté. On le jugera.

On le condamnera. On l’exécutera. C’est comme ça.

Qu’importe ! Désormais, chaque tirailleur aura sa couronne de gloire : c’est ce que proclame ce récit superbe.

Guillaume Camara 

Le terroriste noir de Tierno Monénembo, Seuil, 225 p., 17 €.  


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