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Les bas féminins au XVIIIe siècle

Publié le 20 septembre 2012 par Cameline

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Au XVIIIe siècle, les bas tricotés sont maintenant répandus. Les bas de soie règnent en maître dans la haute société, et les bas de fil de coton sont de plus en plus courants.

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Les femmes ne cherchent pas davantage à cacher leurs jambes en ce début de siècle, «époque où les bas étaient brodés d'or et de soie depuis la cheville jusqu'au milieu du mollet ». (1)

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La jarretière, en soie, à boucles, noue le bas sur le genou. On y lit souvent des devises éloquentes : « Ma devise est de vous aimer- Et de ne jamais changer », ou « L'union de nos coeurs Fait tout mon bonheur ».

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En 1730, la mode est désormais aux bas tricotés. Les manufactures de fabrication des bas se développent dans toute la France.

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En 1785, la fabrication des bas se partage encore au sein de différentes corporations.

L'industrie de la bonneterie confectionne les bas au métier ou à l'aiguille, à partir de la soie, de la laine d'estame, de coton ou de fil.

Les marchands peaussiers fabriquent des bas de chamois, qu'ils teintent de couleur, avant de les tailler et les coudre.

Enfin, les marchandes lingères font des bas de toile, jaune et grise, ordinairement écrue. (2)

C'est aussi à cette époque que l'usage du bas de coton, d'abord appelés bas de barbarie, se généralise, jusqu'à devenir très en vogue à la fin du siècle.

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Le Mercure de France, alors moniteur de la mode, disait en 1730 : « Les dames portent beaucoup de bas de fil de coton, dont les coins sont brodez en laine de couleur. Les bas de soye sont brodez en or ou en argent. Les bas blancs ont mis les souliers blancs à la mode. » (1)

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Tandis qu'à partir du début du XVIIIe siècle, les bas blancs et les bas chinés sont les plus prisés, les bas noirs auront la préférence à la fin du siècle.

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Au-delà des tendances générales, on constate de grandes variations selon les régions françaises.

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En Savoie par exemple, on lit en 1790 que les bas les plus fréquemment portés sont les bas de laine, et que « les bas de fil ou de coton, plus fins, sont réservés aux dimanches ». (3)

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En Provence par contre, les voyageurs étaient surpris de découvrir que les femmes, même dans les milieux les plus populaires, portaient des souliers au lieu des sabots, et des bas délicats, qu'elles tricotent elles-mêmes à l'aiguille.

« Le plus fréquemment blancs et de coton, on en trouve en laine, en soie pour les plus fortunées. Ils peuvent être rayés, chinés, et certains sont rebrodés de petits motifs et ajourés. A Marseille, les poissonnières portent des bas violets teints à l'indophénol qui résisite mieux à l'iode. » (4)

« Au début du siècle, l'industrie avignonnaise du bas de soie bat son plein. Sur tout le siècle, la filoselle (sorte de soie grossière) est la matière première à 60% des bas, la soie 30%, le coton 10%.

Le bas que revêt l'Avignonnaise n'est pas forcément blanc ; en soie il est cramoisi ou vert à la fin du XVIIe, noir ou blanc à la fin du XVIIIe. En filoselle, il est de diverses couleurs, le plus souvent de la teinte naturelle – beige-jaune - de la bourre de soie.

Le peuples en bas de soie ! Même si cette soie n'est pas schappe, même si le bas de filoselle coûte deux fois moins que le bas de soie pure, même si, fabriqué dans l'atelier familial, il revient encore moins cher, le faut vaut d'être noté. Il est d'ailleurs confirmé par les descriptions des voyageurs : le Bourguignon De Brosses observe à Avignon en 1783 que les femmes laborieuses ont « des jambes de biche, chaussées de fins bas de soie blancs. »(5)

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Pour finir, anecdote intéressante, on apprend en lisant l'histoire de Voltaire, que ne pouvant plus jouer la comédie, il remplaça son théâtre installé à Ferney, près de Genève, par une manufacture de bas de soie.

« Ce sont mes vers à soie qui m'ont donné de quoi faire ces bas ; ce sont mes mains qui ont travaillé à les fabriquer chez moi, avec le fils de Calas ; ce sont les premiers bas qu'on ait fait dans le pays. Daignez les mettre, madame, une seule fois, montrez ensuite vos jambes à qui vous voudrez ; et si on n'avoue pas que ma soie est plus forte et plus belle que celle de Provence et d'Italie, je renonce au métier ; donnez-les ensuite à une de vos femmes, ils lui dureront un an …

Je me mets à vos pieds, j'ai sur eux des desseins ;

Je les prie humblement de m'accorder la joie

De les savoir logés dans ces mailles de soie

Qu'au milieu des frimas je formai de mes mains.

Vous verrez, madame Gargantua (petit nom que Voltaire donnait à la duchesse de Choiseul), que j'ai pris tout juste la mesure de votre soulier. » (6)

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Sources :

1 - La vie privée d'autrefois : arts et métiers, modes, moeurs, usages des Parisiens, du XIIe au XVIIIe siècle, par Alfred Franklin, 1887

2 - Encyclopédie méthodique. Commerce. 1783-1784, par Nicolas Baudeau

3 - Le grand livre des costumes de Savoie, par Daniel Déquier et François Isler, Ed. La Fontaine de Siloë, 1996

4 - Les belles de mai : deux siècles de mode à Marseille (XVIIIe-XIXe siècles)

5 - Le bien des pauvres : la consommation populaire en Avignon en 1600-1800, par Madeleine Ferrières, Editions Champ Vallon, 2004

6 - Voltaire et la société française au XVIIIe siècle (Tome VII), par Gustave Desnoiresterres, 1867-1876


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Par Isabelle Desmoulins
posté le 10 octobre à 11:22

interessant....quelquefois raffinés, mais pas toujours tres pratiques,

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