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La jolie fille du métro

Par Lescapuchons @lescapuchons

« Le vrai domicile de l’homme n’est pas une maison mais la route, et la vie elle-même est un voyage à faire à pied » Bruce Chatwin

La jolie fille du métro

Elle se promène pieds nus dans les couloirs du métro, sa robe verte vole un peu au dessus de ses genoux et elle s’en moque. Son chien, la suit tête basse et ne la juge pas. Elle n’est pas pressée aujourd’hui. Elle a compris que l’être humain n’est plus spécialement généreux car les temps sont durs, il paraît. Mais il faut survivre et comme tous les jours, elle demandera de l’aide à la société et aux quelques bonnes âmes qui daigneront l’écouter.

Arrivée sur le quai, elle guète les trains, la laisse pendante de son fidèle compagnon dans une main. Elle n’a pas besoin de l’inciter à monter dans le wagon, il connait la routine par coeur et ça l’arrange. Une fois à bord, elle s’arrête un instant; un confrère vient de faire son apparition et la regarde attentivement.

- « Vas-y, je t’en pris » lui dit-elle de bon cœur et l’homme commence son récit.

La jolie fille du métro ne parlera pas, elle sera spectatrice d’une scène qu’on lui a volée, mais elle l’écoute, son chien toujours au pied. Elle le regarde récolter son maigre butin avant de descendre. Un silence d’or règne entre les passagers subjugués par ce qui vient de se passer. Faut-il avoir tout perdu pour être capable de tout donner ? Elle voyage beaucoup et se perd au fils des stations qu’elle empreinte à sa guise. Elle tentera sa chance une prochaine fois.

- « Bonsoir, mesdames et messieurs. Je ne viens pas vous demander de l’argent mais du travail. J’ai un bts en comptabilité. Alors si l’un d’entre vous à entendu parler d’un poste qui se libère ou si vous avez, même, quelques heures de ménage à me proposer, dites le moi. »

J’entends sa voix hésitante, fluette, cette voix que je trouve si jolie mais elle me fait l’effet d’un coup de poignard. J’ai envie de pleurer et je n’ose plus bouger. Oserais-je lui sourire malgré le coup qu’elle vient de me porter ? Je suis paralysée, mes yeux se perdent et j’aperçois certaines personnes bien attentionnées qui lui donnent un ticket resto. Son chien l’attend au bout du wagon, assis sagement devant les portes. Elle le rejoint et nous lance un dernier regard au cas où l’un d’entre nous changerait d’avis.

- « What did she said ? » me demande mon voisin.

- « She needs money to live » fis-je en baissant les yeux.


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