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Batman Returns (1992) de Tim Burton

Publié le 21 septembre 2012 par Flow

Batman Returns. (réalisé par Tim Burton)

Freaks Show.

 

 

Le premier volet laissait entrevoir toutes les possibilités créatrices d'une association entre l'univers torturé de Bob Kane et un réalisateur torturé, Tim Burton. Ce deuxième opus se donne les moyens de les mettre en image. Avec un budget conséquent, l'homme qui fut un jour le plus grand outsider de Hollywood, a laissé libre cours à sa folie créatrice. Le résultat? Certainement son meilleur film (à ce jour, soyons sympas) et une œuvre géniale, tout simplement.

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Non seulement Batman doit affronter le Pingouin, monstre génétique doté d'une intelligence à toute épreuve, qui sème la terreur mais, plus difficile encore, il doit faire face à la séduction de deux super-femmes, la douce Selina Kyle et la féline Catwoman qui vont lui donner bien du fil a retordre. Si Bruce Wayne apprécie Selina, Batman n'est pas insensible au charme de Catwoman (si ça c'est pas un résumé merdique...).

 

On lui a reproché, à la sortie du premier opus, d'accorder plus d'égards au personnage du Joker qu'à celui de Bruce Wayne/Batman. Ce qui, en passant, est stupide étant évident qu'ils apparaissaient comme des doubles, donc traités sur un pied d'égalité. Du coup, dans celui qui nous occupe maintenant, il a laissé le chevalier noir dans son coin pour s'occuper des autres personnages.

Un gros fuck adressé aux fans tant le justicier est relégué en arrière-plan comme un vulgaire personnage de seconde zone. Batman Returnsest tout comme Batman, mais en mieux. C'est d'abord un blockbuster efficace (qui pour le coup a très peu vieilli), à l'esthétique gothique qui cherche à toucher du doigt les grands classiques des Murnau et autres Lang. Il y aurait beaucoup à dire sur ce thème mais cela ne m'intéresse guère et je n'y connais pas grand chose. Je préfère laisser ça aux spécialistes.

Concentrons-nous plutôt sur la galerie de personnages, ce freaks showmonumental. S'il faut en écarter Wayne/Batman, qui demeure pourtant un monstre, dans le sens où il s'écarte de la norme, relégué au second plan, on peut tout de même se délecter des miettes que Burton daigne bien lui laisser. Ainsi, lorsqu'il dit à une Selina interloquée qu'il s'est confondu avec quelqu'un d'autre ou lorsqu'il se ramène à un bal masqué sans masque, on comprend qu'il n'a toujours pas résolu sa crise identitaire.

Si l'identité reste une part importante du long-métrage, le Pingouin étant perdu entre sa volonté d'être un homme et sa particularité animale et Selina Kyle étant perdue tout court, elle n'en est plus le cœur. Plus personnel pour Burton, ce deuxième épisode prend une tournure autobiographique et propose de réfléchir (comme le fit Edward aux mains d'argentun an plus tôt) aux moyens d'exister dans une société normative, norme dans laquelle les personnages (et le réalisateur) ne se reconnaissent pas.

La masse de citoyens qui compose Gotham City a le mauvais rôle. Ils vivent du bon côté de la société mais sont présentés comme des débiles, des patins manipulables à l'envie et par dessus tout des garants de l'ordre établi. Prêt à rejeter la différence. Les monstres du film (donc Burton) les répugnent au plus haut point.

Catwoman, le Pingouin (et même Max Schreck) crachent leur haine de la normalité à la face du monde. La première, magnifique Michelle Pfeiffer, détruit tout ce qui la rattache au monde avant de devenir une chatte aguicheuse, une femme à la sexualité débordante et rentre-dedans. Le Pingouin, grandiose Danny DeVito, le hurle à ses congénères: «je ne suis pas un homme, je suis un animal et à sang-froid!». Grandiloquents et pathétiques, les monstres de Batman Returnssont à la fois libérés de leurs entraves et condamnés à la tragédie (voire la mort ridicule et touchante du Pingouin).

 

Burton en profite pour détruire des symboles de la société (Noël, la beauté, les centres commerciaux, etc,...). S'il admire ses créations et qu'il aimerait, lui aussi, cracher à la face de la société toute la rancœur qu'il éprouve à son sujet, il semble qu'il ne puisse le faire au-delà du cadre du film. Il adopte plus la posture de Batman, qui se retrouve seul et pantois, spectateur d'un étrange spectacle grandiose et misérable, condamné à enfouir sa rage en son for intérieur alors qu'il souhaiterait la laisser éclater comme viennent de le faire ses congénères.

 

 

Si je lui préfère d'un cheveu l'excellent Dark Knight de Nolan, ce film est certainement la meilleure adaptation des comics à ce jour, car la plus personnelle. Tim Burton a eu les couilles de s'approprier l'univers de la chauve-souris et d'y intégrer ses propres obsessions. Un travail d'orfèvre, porté par une esthétique grandiose et une musique magnifique (encore une fois, le grand Danny Elfman), duquel il est impossible de sortir indemne. Si chaque réalisateur s'attaquant à l'univers d'un super-héros en faisaient autant, on verrait naître quelques pépites...

 

 

 

Note:

Pastèque royale


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