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La belle et profonde pesanteur du "Dom Juan" de Jean-Pierre Vincent...

Publié le 25 septembre 2012 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre

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Encore un enchantement pour les yeux, les oreilles et l'esprit que cette nouvelle production du Français. Jean-Pierre Vincent, autrefois maître des lieux, nous donne à voir une version intense et sans fioriture de l'oeuvre de Molière dénonçant toutes les formes d'hypocrisie, prenant étonnement mais justement son temps, portée par deux très grands comédiens. A voir certainement.

Car ce qu'il nous faut évoquer ici en priorité, c'est la virtuosité avec laquelle Loïc Corbery et Serge Bagdassarian s'emparent de leurs personnages. Le premier est un Dom Juan à la jeunesse éclatante. Fougueuse, insouciante, et sans scrupule. Son regard d'ange en étendard, Il campe un prédateur-séducteur-jouisseur sans foi ni loi, perfide à souhait, auquel nul (ni rien) ne resiste. Aussi cérébral que viscéral dans sa composition, l'acteur est magnifique de complexité, jusque dans sa tranformation en faux dévot au terme de la pièce. Le second prend les traits d'un Sganarelle imposant, touchant et drôle. Véritablement brillant dans les moments de comédie. Il faut le voir lutter pour mener à bien ses raisonnements maladroits d'homme du peuple censés remettre Dom Juan dans le droit chemin, virevolter sur lui même  et trébucher au cours de sa célèbre description des "admirables inventions dont la machine de l'homme est constituée" (jouissive chorégraphie !)... L'aspect dévoué, presque protecteur, et bienveillant du personnage envers son maître, bien qu'il désapprouve totalement ses actions, transparaît également. Le duo fonctionne merveilleusement, dans la vivacité de leurs échanges comme dans la complicité de leurs regards et silences.

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En compagnie de son fidèle domestique, Dom Juan renverra donc la belle Elvire dans son couvent après l'avoir épousée, provoquera l'ire des frères de la demoiselle, l'obligeant à fuir, séduira au passage deux paysannes, défiera toutes les croyances et conventions, refusera de se soumettre à quelque religion que ce soit, préférant être renié par son père...

De cette succession effrénée de mésaventures, Jean-Pierre Vincent a fait une lente, très lente descente aux enfers du héros qui, au vu des derniers instants du spectacle, semble en réchapper, contrairement à ce qu'a écrit et voulu Molière... Etonnant mais intéressant. Et plutôt pertinent. Le tempo imposé à l'action permet de faire résonner l'oeuvre avec force, même s'il lui fait parfois perdre (un peu) de son efficacité comique. Dotée d'une distribution irréprochable, appuyée par une scénographie mouvante faite d'immenses panneaux peints, souvent embrumée ou drapée d'une lumière entre chien et loup, la mise en scène de l'ancien administrateur, classique au demeurant, envoûte petit à petit, et assez sournoisement, le public avant de le séduire totalement.

Pour notre part, nous sortîmes conquis du Théâtre Ephémère.

"Dom Juan, ou le Festin de Pierre" . Jusqu'au 11 novembre. En alternance.

Réservez vos places en cliquant ci-contre : 

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Photos : Brigitte Enguérand


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