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The Gaslamp Killer – Breakthrough

Publié le 27 septembre 2012 par Lcassetta

On connaît surtout The Gaslamp Killer pour son travail aux côtés d’autres artistes. Ayant produit avec Flying Lotus sur son excellent album Los Angeles, il est surtout renommé pour sa production stellaire sur le fantamystique (oui, fantastique et mystique) premier album de Gonjasufi : A Sufi And A Killer. Plusieurs EPs sous la poche et un large panel de production, William Bensussen est prêt à nous délivrer son magnum opus à travers ce premier album.

De toute la scène électronique moderne, le label Brainfeeder dispose de l’un des catalogues les plus fascinants à parcourir. Chaque artiste possède ce pouvoir mystique et très délirant, conduit par le grand gourou : Flying Lotus. Entre le travail artistique et mind-blowing de Teebs, le jazz spatial de Thundercat, et les propres tribulations cosmiques de FlyLo, on navigue à travers un univers plein de beauté, de hip-hop fuzzy et déjanté, de jazz moderne et unique et de délires insondables. Alors que le fondateur a pris la place de modèle de facto, il est maintenant temps de s’intéresser de plus près à son faire-valoir : The Gaslamp Killer.

En effet, avec Breakthrough, GLK n’est désormais plus le producteur de seconde zone qui sert de sous-Flying Lotus. Son premier album démontre tout le talent incroyable de ce producteur atypique… et sincèrement, on ne s’en serait jamais douté. La plupart d’entre nous l’ont découvert sur A Sufi And A Killer, où il réinventait le, euh, enfin, ce-qu’on-pourrait-nommer-la-musique-de-Gonjasufi. Le MC sufi a prouvé qu’il était l’une des figures les plus intéressantes et captivantes de la musique moderne avec ses paroles pleines de sens qui divaguent entre messages cachés dans des cookies de la fortune et aventures sous acides, son chant atypique et travaillé grâce à des entraînements de yoga (oui, oui) et ce côté unique qui nous ferait penser à un mélange de Leonard Cohen, Bob Marley et de Mos Def sous LSD. Cependant, ce qui rendait son travail réellement unique, en plus de sa personnalité envoûtante, c’est sans aucun doute la production du Gaslamp Killer, qui créait des hymnes qui touchaient au folk, au hip-hop, à la musique orientale, etc. Sur son premier album, GLK montre qu’il a encore beaucoup de choses à cacher sous sa moustache.

Et il n’est pas venu nous l’affirmer seul. Son album compte de très nombreux featurings, et on aura le plaisir immense de revoir l’équipe GLK-Gonjasufi sur deux tracks. Daedelus, Dimlite, Samiyam, Shigeto… Ils accompagnent tous le manitou barbu. Breakthrough fait 47 minutes pour 17 chansons, et à part Nissim ou In The Dark, la majorité des chansons tournent au rythme d’une minute ou deux. Ça nous rappelle un peu son pote FlyLo, ce côté brouillons très courts, surtout quand on entend les sonorités pleines de drogue et à la Madlib de ses beats hip-hop (surtout sur les interludes délirants comme Fuck), mais ça va encore plus loin. Ces 17 chansons sont très variées et représentent un véritable portfolio du potentiel accompli de GLK. Alors oui, Breakthrough est en quelques sortes un véritable breakthrough, une percée, un succès, qui nous démontre réellement de quoi il est capable.

Alors, oui, je vous le concède : sur 17 chansons, il y a beaucoup de fillers, et beaucoup d’idées inachevées… mais d’excellentes idées. On sillonne un parcours fait d’expérimentations entre hip-hop alternatif, électro, beats cosmiques, 8-bit et ça claque très fort. Énormément de samples, de travail varié, de différentes sonorités, on ne s’ennuie jamais. On sent vraiment un mélange entre le travail qu’il a accompli dans le passé avec FlyLo et celui qu’il a accompli pour Gonjasufi et le résultat est purement excellent. Les beats sont très inspirés et les featurings de qualité. D’ailleurs, les deux tracks avec le rappeur/prof de yoga sont sans surprise deux des meilleurs. Sur Veins, il nous offre sur un violon désespéré un chant guttural et profond et nous chante en falsetto Do me a favor and cut your veins. Apparitions offre un beat plus folk avec une mélodie orientale et torturée et on a droit à un Gonjasufi des plus mystiques et marley-esques. Mais il ne vole pas pour autant la vedette au Gaslamp Killer, non, il garde toujours cette maîtrise de chef d’orchestre, c’est son album et celui de personne d’autre.

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Le featuring avec Daedelus, Impulse, est l’un des autres stand-outs, offrant une flûte qui virevolte autour d’une grosse basse, d’un noise et de glitchs robotique avec de gros drums et de lourds synthés 8-bit purement délirants, passant à travers différents échos. 7 Years Of Bad Luck For Fun (ft. Dimlite) est encore plus intéressante que son titre, transformant des sonorités orientales en glorieux hymne expérimentale, où plusieurs samples et sonorités se clashent sur une puissante basse industrielle et ce qui semble être un bruit de métal distordu. Le résultat est mind-blowing et on ne sait pas comment réagir, entre l’angoisse et la fascination. L’intro, Breakthrough, a ce même effet, déposant des samples de cris et de pleurs sur du spoken word incompréhensible sur une vague de 8-bit, puis vient un sample répétant ce qui semble être the doctor said sur un écho qui le pitche pour le rendre progressivement plus grave et presque robotique, avant de finir sur un chant angélique et glorieux. C’est ce côté caméléon qui rend ça encore plus captivant.

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On a aussi droit à des moments encore plus orientaux, avec Nissim, un rythme turque qui contient de l’instrumentalisation live d’Amir Yaghmai. L’ouverture en luth finit par s’accompagner d’un beat hip-hop et on ne peut pas s’empêcher de penser à la première fois qu’on l’avait remarqué : sur A Sufi And A Killer où il offrait des beats aussi excellents et exotiques.

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Mais le stand-out, le moment de gloire de l’album, est en son centre : Flange Face est une pure agression sonique matérialisée par des breaks particulièrement puissants et explosifs, industriels, accompagnés par un violon de Miguel Atwood-Ferguson. Encore une fois, Gaslamp est le chef d’orchestre, et c’est bien lui qui donne à ce violon son caractère si apocalyptique. Avec des drums très rapides et ces distorsions métalliques, le violon prend vite une proportion incroyablement épique et dévaste tout sur son passage. Ça rappelle très agréablement Rossz Csillag Alatt Született, le classique de Venetian Snares, et plus particulièrement Hajnal, où les breaks combinés à la musique classique rendaient le tout extrêmement héroïque et épique. C’est The Gaslamp Killer à son plus dingue, inspiré et majestueux.

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Finalement, personne ne se serait douté que le meilleur album ayant l’étiquette Brainfeeder cette année serait celui de GLK. Les yeux rivés vers Flying Lotus, on a eu tendance à négliger l’arme secrète du label, qui nous prouve qu’il peut être plus intéressant que ses pairs quand il décide de s’y mettre. Et quand on se dit que les idées uniques de ce monstre semblent inachevées, on ne peut qu’espérer une montée fulgurante à la FlyLo et qu’il nous délivre son propre Cosmogramma. En attendant, Breakthrough reste une écoute mind blowing et impulsivement répétable. 8.5/10

The Gaslamp Killer – Breakthrough
Si Mohammed El Hammoumi (Si Mohammed El Hammoumi)

Je suis le rédacteur en chef du site. Je suis marocain, j'ai 18 ans et je suis étudiant... Bref, sachez surtout que je suis un énorme passionné de musique underground et de journalisme musical qui connaît le sujet de fond en comble. Je trouve énormément de plaisir à écouter, partager, découvrir, parler, débattre et autres activités tant que ça concerne la musique. Voilà !


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