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Et si l’avenir se jouait encore en Espagne.

Publié le 28 septembre 2012 par Marx

  

   L’histoire ne se répète pas mais entre les différentes « crises » il y a des ressemblances entre ce qui se passe de nos jours et les événements qui ont débuté en 1934 avec l’arrivée au pouvoir de l’alliance des droites , la CEDA avec sa politique d’autérité et de récession. Le gouvernement Rajoy, n’est pas sans rappeler celui de la CEDA (alliance des droites) de 1934. Sous la pression de la grande bourgeoisie et des milieux financiers et industriels anglais, le gouvernement de Gil Robles baisse les salaires et augmente les prix et revient sur les acquis de 31. C’est la grève générale et le début de l’insurrection des Asturies. La répression avec des dizaines de milliers d’arrestations et des milliers de morts. La droite fait appel a un officier de l’armée, Franco, déjà. Ils vont jusqu’à utiliser l’artillerie contre des villages de montagne. Les ouvriers sont contraints de prendre les armes et de former les premières milices ouvrières. La CNT et L’UGT vont mener une grève insurrectionnelle et révolutionnaire. Francisco Largo Caballero, a ne pas confondre avec Zapatero, et son conseiller Araquistain, théoricien du socialisme révolutionnaire (ce qui n’a rien à voir avec le PSOE actuel) ; il a bien compris le glissement à droite du pouvoir, les liens établis entre Gil Robles, la « démocratie chrétienne espagnole » et le parti Nazi allemand. En effet la droite espagnole est représentée lors des congrès fascistes, en Allemagne et en Italie. La CNT et l’UGT dénoncent l’attitude de l’église , de l’armée espagnole et des républicains modérés. Ces derniers n’ont pas pris la mesure de la crise et de la situation européenne dominée par le fascisme. Ils n’ont pas l’intention d’affronter ni la crise ni de céder aux revendications ouvrières et de la petite paysannerie. Les modérés n’ont pas compris que la seule force donc disposait l’Espagne , c’est son prolétariat, fortement politisé, déterminé et organisé au sein des deux grandes centrales syndicales, qui ont enfin décidé de s’allier, la CNT et l’UGT. Il y a le PSOE avec un dirigeant charismatique qui dirige également le syndicat UGT, Francisco Largo Caballero , le dauphin de Pablo Iglesias et une direction ouvrière. D’autres tendances existent également, avec à l’aile droite Indalecio Prieto, proche des républicains modérés, le docteur Negrin et sa tendance opportuniste, ainsi que celle, social démocrate de Besteiro. Les bataillons ouvriers du PSOE et de l’UGT sont largement favorables à Largo. C’est avec Araquistain que le vieux dirigeant va orienter le Parti vers l’action révolutionnaire.

   De ce point de vue les conditions politiques actuelles sont radicalement différentes. Le PSOE n’est plus une organisation ouvrière et a versé dans le social libéralisme et plus libéral que social. Bien que l’UGT, syndicat socialiste ait pris ses distances avec le PSOE, il a abandonné les références révolutionnaires historiques, non seulement de ses débuts mais également celles encore défendues à la fin des années 70 et début 80 de Nicolas Redondo. Le PCE, n’était qu’un petit Parti en 34, sans force syndicale ni parlementaire. Par contre Izquierda Unida est plus puissant et regroupe dans son sein quelques courants de la gauche populaire et la nouveauté réside dans l’existence des CCOO , commissions ouvrières, première organisation syndicale en Espagne. Les anarchistes autrefois les plus puissants , sont divisés avec deux syndicats, la CGT, produit de la scission de la CNT et cette dernière , historique du mouvement ouvrier espagnol. Ces deux centrales sont en progression et sont dans les mouvements actuels , les plus actives. Elles arrivent à rassembler au moins autant de manifestants sous leurs bannières que les deux grandes centrales « réformistes ». Mais il n’y a toujours pas de grand Parti révolutionnaire capable de fédérer le mouvement et de lui trouver une issue autre et en dehors des alternances classiques. Rajoy en Gil Robles, Rubalcaba ne peut être , ni en Largo Caballero, ni en Negrin, ni en Prieto, pas plus qu’en Besteiro. Rubalcaba, c’est du Leroux. C’est à dire qu’il poursuivra la politique imposée par les Traités, comme l’a fait son ami Zapatero suivi par Rajoy selon l’alternance politique et ensuite par Rubalcaba, si le PSOE devait battre le pouvoir en place , en suivant. La direction du PSOE a quitté les rives de la gauche et en reprenant le pouvoir, c’est lui qui aura en charge de diriger la répression contre le peuple et la classe ouvrière afin d’appliquer et de respecter les Traités, les équilibres budgétaires et le « remboursements de la dette » comme il a promis, en bon élève européen et bon valet du capitalisme financier. Au risque de finir comme Papendréou.

   Toutefois, l’Espagne réserve souvent quelques surprises, ou plutôt , la classe ouvrière espagnole , par la combativité de son peuple. Penser que les choses en resteront là, par épuisement ou par pourrissement, c’est se tromper lourdement. C’est l’occasion d’une radicalisation, à partir d’une forte base existante autour du mouvement anarcho syndicaliste et de ses bases organiques que sont la CGT et la CNT. Le mouvement espagnol n’est pas prêt de s’arrêter et seule une répression historique pourrait momentanément le freiner mais qui à son tour serait le ferment de la revanche. Rien ne peut arrêter ce qui a débuté, à moins que certains décident de rejouer les rôles des armées de Mussolini et d’Hitler car il ne peut y avoir de nouveau Franco sans l’appui extérieur. Il manque peut être une grande conscience, celle du POUM. Il réapparaît ici et là et attire de plus en plus de jeunes militants révolutionnaires, de vieux et jeunes militants ouvriers venant du PSOE, du syndicalisme et il reprend progressivement son implantation catalane. Surtout au travers de la « Fondation Andreu Nin ».

   Le sort de l’Espagne risque d’être le sort du reste de l’Europe. Si le peuple espagnol gagne, c’est un signe fort pour le reste. Si il perd, c’est que le pire est en route.


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