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282ème semaine politique: l'addition, c'est maintenant !

Publié le 29 septembre 2012 par Juan
282ème semaine politique: l'addition, c'est maintenant !
« Je crois que les Français iront chercher Sarkozy. »
Bernadette Chirac, 28 septembre 2012.
Un quotidien du soir nous avait prévenu dès lundi: la semaine serait noire, encombrée d'annonces désagréables pour l'équipe Hollande: plans sociaux ou fermetures de sites, statistiques du chômage, remous politiques et présentation du plan de rigueur.
Lundi, Hollande est à New-York, à l'Assemblée générale de l'ONU, où David Martinon, éphémère porte-parole de Sarkozy chassé par le Prince Jean, débute un stage de reconversion. Il prononce son premier discours depuis l'élection. On retiendra trois choses: Hollande a publiquement appelé à la reconnaissance d'un gouvernement provisoire en Syrie, il appelle à une intervention militaire africaine au Mali, et Barack Obama s'est barré avant la fin.
A Paris, le microcosme se délecte de la décision d'Europe Ecologie Les Verts de refuser le traité budgétaire européen. Cécile Duflot préfère défendre sa loi sur le Logement, dont l'examen débute à l'Assemblée. On y entend des députés-maires de communes bourgeoises réclamer que les lits d'hôpitaux ou de prisons soient comptabilisés dans les 25% de logements sociaux désormais requis. D'autres UMPistes, tel David Douillet, proposent de sanctionner les communes qui feraient « trop » de logements sociaux (plus de 35%) !
Le Gotha, par tous les moyens, cherche à protéger ses ghettos.
Le Figaro publie les bonnes feuilles du dernier bouquin de Jean-François Copé,dont celle-là même où il évoque un « racisme anti-blanc » qui se « développe » dans le pays. Fichtre ! Quelle diversion !
Mercredi, des images de Grèce ou d'Espagne, où des manifestants de tous âges et toutes conditions se heurtent à des policiers casqués en protestant contre l'austérité, font le tour des rédactions ... sauf en France. Nos médias préfèrent titrer sur la menace islamiste (l'Express), le retour de Sarko (Le Point), ou Les leçons de vie de Boris Cyrulnik (Le Nouvel Obs). Révolte ou résignation ? La question va se poser en France. Le nombre d'inscrits à pôle Emploi atteint les 4,8 millions à fin août, dont plus de 3 millions sans aucune activité. Les effectifs des fins de droits explosent également. Parmi les plus touchés, ces fameux seniors dont l'ancien monarque a reculé l'âge de la retraite.
Jeudi, Montebourg file à Florange, Hollande reçoit Mittal. L'aciérie est menacée de fermeture. Le patron du groupe sidérurgique n'en est pas à son coup d'essai. On croyait que Sarkozy nous l'avait sauvé en mars dernier... Copé accuse la fin de la défiscalisation des heures supplémentaires. Valérie Pécresse, l'ex-ministre UMP du Budget, sur France Inter, explique que c'est la faute à la crise, qui est la faute de Hollande.
On se pince. 
Le même jour, les patrons de Renault et PSA dénoncent un coût du travail « trop élevé » en France par rapport à notre voisin germanique. L'argument est d'une banalité affligeante ... et faux. Auraient-ils oublié que l'heure de main d'oeuvre en France est moins chère qu'en Allemagne dans le secteur automobile ?
A Florange, les ouvriers trouvent le ministre Montebourg combattif mais cela ne sauvera pas l'aciérie. Arcelor-Mittal veut fermer les fourneaux et refuse - pour l'instant - de céder le site. C'est aussi cela le capitalisme, éteindre la concurrence. Une loi est en préparation pour forcer la cession des établissements fermés.
Jeudi, Ayrault s'explique sur France 2, première édition de rentrée de l'émission Des Paroles et des Actes, animée par David Pujadas. Le premier ministre expose son programme de l'automne. Puis il se confronte à Nathalie Kosciusko-Morizet. L'ancienne porte-parole de campagne de Nicolas Sarkozy fait la preuve que la droite sarkozyste n'est pas mûre pour la reconquête. Aucune idée, aucune proposition, un faux bilan, et de vrais mensonges. Elle glisse, en une phrase, de la dette au racisme anti-blanc. Patrick Buisson n'est pas loin. La Dame de Longjumeau ose même se scandaliser de la revalorisation de l'allocation de rentrée scolaire ! Ayrault est un type sympa. Il ne rappelle pas que le pouvoir d'achat des ménages devrait baisser cette année d'un niveau historique depuis 20 ans à cause des hausses d'impôts décidées l'an dernier.
Sarkozy refait surface, à travers son bilan.
Vendredi, ce fut le pompon. Il faut passer à la caisse. Hollande nous avait prévenu. La crédibilité du pays auprès de ses créanciers est en jeu. Il répète: pas un euro d'emprunt supplémentaire ! L'an prochain, la charge de la dette s'élèvera à 47 milliards d'euros. Donc « le capitaine de pédalo » assume.
L'addition, c'est maintenant !
Il nous présente une sacrée addition, 37 milliards d'euros d'efforts identifiés pour améliorer les comptes ! Le quotidien économique les Echos évoque un « choc fiscal historique pour les plus riches ». La presse s'étrangle. Ses premiers commentaires sont édifiants. Ils témoignent d'une déconnexion totale de ces éditocrates d'avec la réalité du pays. On nous place des classes moyennes à 50.000 euros de revenus annuels, on s'inquiète du plafonnement des niches fiscales à 10.000 euros par an, on s'indigne d'une tranche supplémentaire de l'Impôt sur le revenu au-delà de 150.000 euros...
A droite, on hurle évidemment. On préférait les déremboursements médicaux, les réductions de services publics et 10 milliards d'euros de TVA supplémentaires pour tous les ménages. Un audit de l'inspection générale vient justement de sortir. Ses auteurs critiquent le bric-à-brac et le gâchis de la fameuse Révision Générale des Politiques Publiques, abrogée par Hollande, et si chère à Eric Woerth. Ce dernier se défend, Sarkozy ne voulait pas de concertation: « On ne réforme pas la France en consultant tout le monde sur tout ». Tout ça pour trouver une douzaine de milliards d'euros d'économies... en 5 ans !
Dans le plan Hollande/Ayrault, les grandes entreprises supporteront 10 milliards d'impôts, les ménages aisés 10 milliards également, et la dépense publique à 10 milliards. Les PME sont épargnées, tout comme 90% des ménages, par ce « choc fiscal ».
Pierre Moscovici et Jérôme Cahuzac ont soigné les symboles - le gel du barème de l'Impôt sur le Revenu, décidé par Sarkozy en 2011 pour 2012, est ainsi neutralisé pour les foyers les plus modestes. Et la fameuse taxation à 75% des revenus excédant un million d'euros devrait rapporter 200 millions d'euros.
« C'est un budget de gauche », commente Mosco, vendredi soir sur Canal+. C'est en tout cas un choc.

Sarkozy pourrait-il revenir ?
S'il vous plaît.

Il est parti sans payer.


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