Bug

Avec Le Mediateaseur, j’étais habitué aux spectacles grand public, aux one man show, aux avants premières de blockbusters ou encore aux tours de chant d’artistes Pop et variés. 

Amis lecteurs, avec Bug, je vous emmène découvrir une autre tranche du théâtre, le théâtre qui fait « sens » et qui apporte une réflexion sur notre monde. Généralement, quand vous entendez parler d’une pièce de théâtre dans les médias, c’est souvent une comédie, ou un drame porté par une distribution quatre étoiles. Je ne dénigre pas, j’y participe moi même et l’accepte, mais rien ne m’empêche de porter une réflexion sur ce que l’on nous donne à voir. Même si on rit beaucoup, si on est content d’avoir pu voir de près la star du moment, ce qu’il se passe sur scène n’a rien d’original, on est dans du pure divertissement. Bug  que je vous présente ic est un spectacle au carrefour du divertissement, de la réflexion et de l’art.

Dans l’art, il faut accepter parfois le fait d’être bousculé par des idées, par un point de vue. Je suis issu d’une formation universitaire en théâtre, et durant ces études j’ai souvent été amené à voir des spectacles ayant pour vocation l’envie de faire avancer la société. De tout temps le théâtre a eu cette même vocation, celle de dire tout haut ce que nous pensons tout bas, celle de nous galvaniser, celle de nous réveiller. Molière, Beaumarchais, Hugo, Dumas, Claudel ou Ribes (j’en passe beaucoup car la liste serait trop longue) tous ont eu cette vocation, par le rire ou les larmes, ils nous parlent de nous et de nos travers, de nous qui ne demandons qu’à changer.

Donc avec Bug, j’ai retrouvé cet état d’étudiant. Je vous le dis tout de suite, ce spectacle va très certainement rentrer au programme des cours, que j’ai moi même suivi à l’université. Cela ne veut pas dire qu’il est inaccessible, au contraire c’est un spectacle délirant que Jean Louis Bauer et Philippe Adrien ont créé. Un spectacle histoire de faire le point comme ils disent :

Le point sur notre culture, le point sur ce qu’on appelle la civilisation. Où en sommes nous ? Et que sommes nous aujourd’hui après ce qu’on a appelé la mort de Dieu, la colonisation, deux guerres mondiales, la Shoah, la fin des empires et des idéologies universalistes ?

Ils nous font suivre le parcours de deux informaticiens, lauréats d’un concours international de logiciel, métamorphosés en chimpanzés suite à un Bug. Les voilà donc partis à la recherche de ce bug, à travers l’espace et le temps, le virtuel et le réel, de l’Europe à l’Afrique en passant par Versailles, où ils rencontrent des célébrités vivantes ou disparues.

C’est une quête en recherche de réponses que mènent les comédiens sur scène. Grâce au quatrième mur, qu’il a habilement matérialisé en tendant une grande toile translucide à l’avant scène,  Philippe Adrien nous invite à prendre place devant un écran géant d’ordinateur, lieu de toutes nos aventures actuelles.  Il pose ainsi un point de vue, sur l’état de notre civilisation où le devoir de mémoire se confronte au devoir productif ; où la mémoire collective s’achète comme on fait son shopping. Il malaxe nos travers, nos penchants vers les strass et paillettes, sans se faire donneur de leçon, mais bien en tant que que témoins de notre époque.

Ca vous paraîtra peut être tiré par les cheveux, un peu abrupte sûrement, mais Philippe Adrien pose un regard, sans œillère, sur notre monde, et cette vision ne vous laissera pas muette en sortant de la salle.

Je vous invite donc à profiter de cette aventure portée par Stéphane Dausse, Alain Gautré, Manon Kneusé,  Katarzyna Krotki,  Bernadette Le Saché,  Pierre Lefebvre, Guillaume Marquet,  Laurent Ménoret,  Tony Mpoudja,  Juliette Poissonnier, François Raffenaud, Jean-Charles Rieznikoff et Joe Sheridan.

Bug, Théâtre de la Tempête (Cartoucherie de Vincennes), du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 16h, jusqu’au 27 octobre.