Magazine Culture

Notre Dame du Pacifique. Notre Dame de Paris. Notre Dame de Pontoise. Notre Dame de Guadeloupe. Comme une continuité mystérieuse…

Publié le 29 septembre 2012 par Halleyjc

Au moment ou Monseigneur Jean-Yves RIOCREUX s'installe dans ses nouvelles fonctions d'Evèque de la Guadeloupe, quoi de plus simple que de relire cette homélie du 16 septembre 2012 dite en la cathédrale Saint Maclou de Pontoise : Ce texte est émouvant et nous laisse espérer le meilleur pour l'Eglise de Guadeloupe !

"Notre Dame du Pacifique. Notre Dame de Paris. Notre Dame de Pontoise. Notre Dame de Guadeloupe, il y a comme une continuité mystérieuse préparée par le Seigneur lui-même".

Notre Dame du Pacifique. Notre Dame de Paris. Notre Dame de Pontoise. Notre Dame de Guadeloupe. Comme une continuité mystérieuse…
Au  début de cette messe, évêques, prêtres, diacres, séminaristes, servants d’autel sont entrés solennellement  dans notre cathédrale alors que toute l’assemblée chantait joyeusement « pour avancer ensemble ». Pour ma part, j’ai regardé une dernière fois l’inscription gravée dans la pierre  de seuil : « In Verbo Autem Tuo ». « Mais sur ta parole », devise du premier évêque de Pontoise, Mgr André Rousset.

Celui-ci, d’abord  évêque-auxiliaire  de  Versailles, puis premier pasteur du diocèse de 1966 à1988, avait voulu dire avec humilité  qu’il acceptait cette lourde charge épiscopale à la manière  de Pierre qui a fait confiance au Christ. Cette phrase est un  passage de l’Evangile de Luc, chapitre 5 de Luc. Après la demande pressante de Jésus de s’éloigner du rivage, les premiers disciples sont invités à « avancer au large » (Lc 5, 4). Et voici l’objection de Simon : « Maitre, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre, mais sur ta parole… » (Lc 5, 5). Oui, sur ta parole, moi aussi, je vais avancer au large en Guadeloupe.

Et, à Césarée de Philippe, ce sont les mêmes disciples qui, avec Pierre,  sont questionnés par Jésus « Qui suis-je ? » Et Pierre de répondre : « Tu es le Messie », (Mc 8, 29) littéralement celui qui a reçu l’onction de  Dieu. Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant (Mt 16,16). Admirable profession de foi du premier des apôtres suivie cependant de l’incompréhension de ce même Pierre qui se met à faire des reproches à Jésus.

Chers amis, n’est ce pas comme cela aussi dans nos vies, avec, d’un côté,  cette foi admirable d’un côté, cette confiance en Dieu Père et en son Fils Jésus ainsi qu’en la présence de son Esprit Saint en nous. Et, d’un autre côté, cette difficulté : accepter ce que le Seigneur nous demande dans sa Parole,  de suivre le Christ en prenant notre croix ?

Voici que, dans quelques jours, à l’invitation du Saint Père, nous entrerons dans une année de la foi. Elle débutera le 11 Octobre prochain. Partout dans le monde, du Val d’Oise jusqu’à la Guadeloupe, nous réfléchirons, méditerons sur cette foi reçue des apôtres, sur  sa nature et son contenu. Et dans le même temps, nous réaliserons que foi et charité sont étroitement liées, comme nous l’entendions dans la deuxième lecture : « C’est par mes actes que je te montrerai ma foi »(Jc 2, 18) Benoit XVI, notre bien aimé pape, ce théologien et ce pasteur, a rappelé récemment que « foi et charité se réclament réciproquement » (Porta fidei). Auparavant,  il avait souligné la triple tâche de l’Eglise : « Annonce de la parole de Dieu, célébration des sacrements et service de la charité ». (Deus caritas est 25).

Or, chers amis nombreux ici dans cette  cathédrale, et vous tous encore plus nombreux grâce à la radio ici en Ile de France et dans les îles des Antilles, au moment où je célèbre cette dernière messe avec vous tous, je me souviens avec émerveillement de tout ce que nous avons vécu ensemble pendant ces neuf années. Moi, votre évêque,  disciple du Christ et pasteur,  je vous ai annoncé la Parole de Dieu et j’ai célébré pour vous et avec vous l’Eucharistie dimanche après dimanche tant de belles églises, ici en Val d’Oise, notamment dans cette cathédrale. Ordinations, consécration de nouveaux lieux de cultes, fin de travaux de restauration d’anciennes églises, confirmations, ouverture du centre spirituel diocésain de Massabielle à Saint Prix, visites pastorales, autant d’occasions pour enseigner et sanctifier. Et puis cette autre tâche, celle de la communion et de la charité, cette charité qui est la plus grande des trois vertus, comme l’a dit l’apôtre Paul (1 Co 13, 13).

Et, au cœur de tous ces évènements et de ces rencontres, la joie de croire et d’aimer. La joie d’être en Eglise. Oui, que de joies nous ont été données par les grands évènements de notre Eglise : le 40ème anniversaire du diocèse en 2006, la visite du Saint Père en 2008, le rassemblement diocésain au Hall Saint Martin à Pentecôte 2011, ainsi que les ordinations, les rassemblements avec les jeunes pour le Frat ou les JMJ… la liste pourrait s’allonger indéfiniment, chaque semaine, chaque mois nous donnant la grâce d’évènements petits ou grands, à jamais gravés dans notre mémoire. Et je repense ici au dernier grand évènement que nous avons vécu en ce lieu : l’ordination sacerdotale de Charles, originaire de la Guadeloupe et son mot à la fin de la célébration : « Moi qui suis né en Guadeloupe, je suis  donné comme prêtre à l’Eglise en Val d’Oise, et vous, Monseigneur, l’Eglise en Val d’Oise vous donne à l’Eglise en Guadeloupe ». Dans ce mystère de communion au sein de l’Eglise, comme cela est vrai et profond.

Car il faut maintenant vous donner une explication. Non, je n’ai pas choisi les Antilles, îles que je ne connaissais pas. Non, dans l’Eglise on ne cherche rien, si ce n’est servir. Il est vrai que, quelque part, le Seigneur voulait me conduire plus loin pour continuer le tour du monde. Après les années d’études aux Etats Unis, j’ai vécu 12 belles années en Océanie comme jeune prêtre. Là bas, c’est vrai,  j’ai connu la plupart des îles de ce vaste Océan, et j’ai beaucoup voyage pour découvrir les îles Philippines et  les îles de l’Océan Indien…et pour vivre ensuite 25 années en Ile de France. Je me devais donc de connaitre un jour les Antilles !  Mais je n’ai jamais pensé  que j’aurai cette heureuse surprise d’aller en Guadeloupe en étant nommé évêque de ce lieu par le pape.

Nommé en juin, je me devais de faire rapidement connaissance avec le diocèse de Basse-Terre et de Pointe à Pitre et d’y être bien accueilli. Je me devais de me présenter aussi dans les îles environnantes pour m’insérer dans la conférence des 20 évêques des Antilles. Pour cela, je me suis rendu à Port of Spain sur l’ile de Trinidad ainsi qu’à Saint Lucie. Dans les mois qui viennent, je visiterai la Grande Terre, la Basse Terre, les Saintes, Marie Galante, la Désirade, Saint Martin et Saint Barthelémy. Et puis, j’irai sans tarder dans ces lieux où je suis déjà invité : en Jamaïque, pays des plus grands sprinters, aux Virgin Islands, et très bientôt à Haïti, ce pays que nous n’oublions pas.

Pour l’heure, ici en cette circonstance, ce n’est pas le bilan, comme on peut le faire dans une entreprise, mais c’est plutôt la méditation, telle celle proposée par le grand évêque St Augustin.

Celui-ci dans son sermon sur les pasteurs, souligne la lourde responsabilité épiscopale : « Beaucoup sont  chrétiens sans être évêques : ils arrivent à Dieu par un chemin plus facile. Nous évêques, nous devons rendre compte à Dieu de notre propre vie et de notre propre gestion. ». Oui, nous sommes pasteurs, nous sommes conscients de nos limites et de nos faiblesses, mais aussi de la richesse de notre ministère pastoral.

Aussi, ce soir, nous voulons vivre cela dans l’action de grâces. C’est le sens même du mot Eucharistie. L’action de grâces pour tant et tant de visages rencontrés pendant ces années, tant de confidences reçues, de témoignages de foi, de charité et de générosité. Au moment de partir, en préparant les cartons, j’ai pu admirer les cadeaux, les médailles des villes du Val d’Oise, les dizaines de livres reçus. J’en laisse  derrière moi, mais la plupart seront très prochainement dans mon bureau et dans les salons de l’évêché à Basse-Terre. Là, vous serez reçus amicalement. Il suffira de vous annoncer ou de sonner à la grille, et c’est à côté de la cathédrale Notre Dame de Guadeloupe. C’est dans cette cathédrale que je serai installé dans deux semaines. Une délégation significative du Val d’Oise sera présente et vous représentera tous.

Notre Dame du Pacifique. Notre Dame de Paris. Notre Dame de Pontoise. Notre Dame de Guadeloupe, il y a comme une continuité mystérieuse préparée par le Seigneur lui-même. Et cela a commencé dans notre village de Marlhes dans le Velay, pays du fondateur des frères maristes, Saint Marcellin Champagnat.

Permettez que je mentionne en cette circonstance mes prédécesseurs évêques : Mgr Rousset, premier évêque de ce jeune diocèse, Mgr Jordan, actuel archevêque de Reims, Mgr Frikart, administrateur apostolique en l’an 2000, et le cher Mgr Renaudin, mon prédécesseur au court mais fécond épiscopat.

Permettez enfin que je mentionne des témoins du Christ qui m’ont guidé et aidé dans ce chemin, et qui sont entrés sans l’éternité.

Papa décédé en 1987 et Maman, qui a tiré sa révérence discrètement le 21 Décembre dernier, comme pour me laisser repartir au loin et m’encourager dans les fidélité au Seigneur et à son Eglise.

Son frère, mon oncle, Mgr Brunon, débord supérieur général de Saint Sulpice puis évêque de Tulle.

Ainsi que deux grands évêques, cardinaux, qui m’ont impressionné par leur personnalité, exemples de foi et d’ardeur missionnaire. Le Cardinal Lustiger, qui  m’a accueilli à Paris en 1986 et m’a imposé les mains le 29 Juin 2003 lors de la consécration épiscopale dans le Hall Saint Martin et le grand cardinal Gantin, du Bénin, doyen émérite du Sacré Collège, ami de Jean Paul II et de Benoit XVI.

Soutenu par de tels chrétiens, j’ai conscience d’avoir beaucoup reçu. Je me réjouis d’avoir pu donner ici dans le Val d’Oise.

Ensemble, rendons grâces en cette Eucharistie. Et nous le ferons avec la très belle 4ème prière eucharistique. Et nous prierons pour tous, vous et tous les vôtres pour que nous soyons réunis en un seul corps et que nous soyons dans le Christ une vivante offrande à la louange de la gloire du Seigneur. Amen.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Halleyjc 1348 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines