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Savoir choisir entre "rigueur" et "bonne gestion"

Publié le 28 mars 2008 par Renefoulon

Je veux parler ici du choix des mots, et pas de celui des actes, bien sûr... Car c'est à peu près la même chose !

Depuis plusieurs mois déjà, le débat fait rage en France dans les milieux "autorisés", savamment relayé par l'opposition politique et les journaux qui s'en réclament, sur le thème "Va-t-on vers un plan de rigueur ?", "Le gouvernement nous prépare-t-il un plan d'austérité ?", "Pour financer le paquet fiscal, le pouvoir va-t-il augmenter la TVA et les cotisations sociales ?", et autres interrogations de la même eau.

Depuis plus de trente ans que l'on creuse sans vergogne d'année en année les déficits publics, et que la dette s'alourdit à tel point qu'elle semble aujourd'hui insupportable (on nous dit sans l'ombre d'une gêne que le produit de l'impôt sur le revenu ne suffit même plus à en payer le poids, c'est à dire les seuls intérêts !...), depuis trois décennies donc que l'on dépense sans compter de l'agent que l'on n'a pas (une entreprise qui agirait de même ne tiendrait pas deux exercices comptables !...), avons-nous entendu quelque journaliste, quelque homme politique, ou même quelque citoyen "audible" dans ce pays, se demander si l'état se préparait à un "plan de bonne gestion" ?

Jamais de la vie ! Car de cette mauvaise gestion, je n'ai pas peur du mot, chacun "en bouffait", pour employer une expression peut-ête triviale mais qui dit bien ce qu'elle veut dire... Et c'est encore le cas aujourd'hui des associations à but plus ou moins lucratif (et plus ou moins pertinent) qui reçoivent des subventions publiques aussi peu efficaces que fondées, des administrations aux effectifs pléthoriques malgré les dénégations des centrales syndicales dont les intérêts sont proportionnels au (trop faible) nombre de leurs adhérents potentiels, des sous-traitants de ces mêmes administrations et en général des bénéficiaires des marchés publics, dont la réforme des procédures n'a jusqu'ici conduit qu'à des difficultés de mise en application et certainement pas à en limiter les abus, des politiques environnementales menées beaucoup plus dans l'optique de l'image positive des élus locaux que des bienfaits réels sur l'écologie, et de tant d'autres encore...

Alors, se poser la question, dans ce contexte avéré, de savoir si l'on va vers une politique de rigueur n'a de sens que s'il s'agit de savoir si, enfin, nos dirigeants sont disposés à mettre en oeuvre une meilleure gestion des fonds dont ils disposent en notre nom à tous, que ce soient nos impôts ou nos cotisations sociales... Et dans ce sens-là, on ne peut qu'espérer que ce soit vite le cas, avant que notre économie ne "touche le fond". Nous sommes déjà, sur bien des aspects, en retard sur nos grands voisins européens. Il n'a été que de voir ce qui se passe en Grande Bretagne, à l'occasion de la visite d'état du couple présidentiel qui vient de se terminer dans ce pays. Tout le monde a pu entendre des reportages menés auprès de quelques-uns de 300 000 Français expatriés à Londres, et qui le sont à cause des meilleures conditions offertes par l'économie britannique, notamment aux créateurs d'entreprises. Je ne pense pas pourtant que les Anglais dans leur majorité aient le sentiment de vivre dans une économie austère ! Peut-être plus simplement s'agit-il d'une économie plus sainement gérée que la nôtre, même si ce n'est évidemment pas là la seule explication.

Les promesses électorales et le discours actuel des responsables en place va dans le bon sens, mais nous avons été si souvent témoins de dires et d'actes en contradiction totale que je reste extrêmement prudent sur la question. On doit l'être, prudent, et on doit rester vigilant.

Ce qu'on doit demander au pouvoir dans les quatre années effectives qu'il lui reste ? Trois points qui conditionnent le développement économique indispensable au rétablissement des équilibres budgétaires publics comme du bien être des citoyens de ce pays :

  • Réduire drastiquement les dépenses publiques, de l'état comme des collectivités locales.
    Cela passe notamment par une réduction importante de l'effectif global des administrations. Ceci ne signifie pas de réduire les effectifs de chacune des administrations, certaines demandent même sans aucun doute à être renforcées, mais l'effectif global est indûment le plus important de tous les pays d'Europe, et ça ne se justifie en rien.
    Cela passe aussi par une révision à la baisse de toutes les dépenses, y compris de celles dites "sociales" et qui pour beaucoup d'entre elles ne produisent qu'un effet d'aubaine et entretiennent une culture paralysante d'assistanat dont nous n'avons ni le besoin ni les moyens.
  • Réduire considérablement les prélèvements obligatoires, c'est à dire à la fois les impôts mais aussi les cotisations sociales. L'ensemble pèse sur le produit national brut, c'est à dire sur la production de richesses, à hauteur de plus de 50 %, ce qui est tout bonnement insupportable.
    En outre, les cotisations sociales, même réduites, devraient ne pas peser sur le coût du travail, source de chômage et donc de réduction du pouvoir d'achat des Français. Notamment, les cotisations dites "patronales", et qui sont bien sûr payées in fine par les salariés sous forme de réduction mécanique de leur salaire brut, pourraient ne plus avoir pour assiette ledit salaire, mais pourrait par exemple être calculée sur la base de la valeur ajoutée. C'est ma conception de cette fameuse "TVA sociale" tant fustigée par certains qui font mine de ne pas savoir que cette terminologie est tout simplement mensongère. A noter que ce système, qui aurait au moins le mérite de "taxer" autant les produits étrangers que ceux fabriqués sur notre sol, permettrait de manière tout aussi mécanique une augmentation du salaire net et, in fine, du pouvoir d'achat des travailleurs.
  • Permettre une fluidité maximum du marché du travail, afin de permettre simultanément, en particulier aux petites et moyennes entreprises, d'embaucher quand elles ont besoin de main d'oeuvre, et donc par exemple d'accepter de nouveaux marchés sans risquer un suremploi insupportable si la conjoncture se retourne pour elles. Tous les pays dans lesquels cette fluidité de l'emploi (que l'on appelle aussi flexibilité) a été organisée, sont les pays dans lesquels les taux de chômage sont les plus bas. Qu'attend-t-on pour faire de même ? La rigidité du contrat de travail que nous connaissons aujourd'hui, et qui freine autant l'activité qu'elle génère de chômage, procède elle aussi de ce système d'assistanat dont notre économie souffre et qui paralyse toute la société.

Tout ceci n'est pas de la rigueur au sens de restrictions et de privations, mais c'est à la fois de la rigueur dans la gestion des finances publiques, et du bon sens dans la gestion des politiques sociales. Ce serait donc, au final, de la bonne gestion...


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