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Le Pacte Budgétaire: halte aux idées reçues

Publié le 02 octobre 2012 par Eldon

Selon un sondage qui vient de paraître, 64% des Français sont favorables au traité européen. Loin de nous l’idée d’affirmer que leur opinion résulté d’une erreur ou d’une ignorance flagrante. Sous réserve de la crédibilité qu’on peut accorder à un sondage quel qu’il soit, il est clair cependant que la médiacratie a bien réussi son coup et que le consentement a été extorqué par le rouleau compresseur favorable au traité qui s’abat sur nos esprits et qu’en cas de doute, les esprits les plus inquiets ont cédé à la peur provoquée  par les arguments partiels et fallacieux des fabricants de consentement sur commande.

Le traité mérite un débat au moins aussi important que le vote des immigrés, la candidature à la tête de l’UMP, les primaires socialistes ou l’intégrité des joueurs de hand-ball professionnels. Mais il est vrai que les contre-feux ne manquent jamais lorsqu’il s’agit d’enfumer le débat politique. On n’entend parler  de redonner la voix au peuple, de politique participative et pourtant dès qu’une raison valable se présente, les belles paroles fondent comme neige au soleil.

C’est vrai que le peuple peut ne pas aller dans le sens voulu mais les « penseurs pour nous » décident alors contre nous. Vous n’avez pas voulu de Maastricht, vous aurez Lisbonne. Et vous les Grecs et les Italiens, c’est bon, pas la peine de voter, on vous a choisi Papandréou et Monti. Et quand Papandréou, sous sans doute les effets d’une brève hallucination de démocratie, a voulu soumettre le plan de redressement (lequel déjà, on en est déjà au sixième?) de la Grèce à un référendum, certains hauts dignitaires démocratiques ne l’ont pas voulu. On a même vu alors des pays de l’est s’offusquer de cette décision.

Contrairement à ce que prétendent les économistes libéraux, ultra-présents sur toutes nos antennes télé et radio, cette crise n’est pas due à la dette publique.

La montée des déficits publics est une conséquence de la chute des recettes fiscales due en partie aux cadeaux fiscaux faits aux plus aisés (71 milliards en 5 ans pour des résultats en termes d’emploi et de salaire pour le moins nuls…ah pardon il y a eu la crise), de l’aide publique apportée aux banques commerciales et aux entreprises (qui en suivant ferment comme Mital, délocalisent comme Renault, distribuent des millions de dividendes comme Peugeot)  et du recours aux marchés financiers pour résorber cette dette à des taux d’intérêt élevés.

La crise s’explique également par l’absence totale de régulation du crédit et des mouvements  de capitaux, le dumping fiscal intra-européen et l’interdiction qui est faite à la BCE de prêter directement aux Etats pour des dépenses d’investissement, ce que fait allègrement  la Federal Reserve américaine.

Alors c’est l’incompréhension la plus totale et la plus sincère d’ économistes non seulement français mais aussi du Monde entier. Pourquoi ce texte? Quel est son fondement? Pourquoi 0,5 %? Pourquoi de déficit structurel et pas global?

La  « solidarité européenne »a bon dos.  Le fait de devoir faire des économies aussi. L’austérité devient automatique, et est imposée aux représentants des peuples, qui doivent soumettre  leurs décisions budgétaires à  une instance non élue de bureaucrates qui eux ne s’estiment  pas de trop. Ne pas adhérer au traité, c’est ne pas bénéficier du Mécanisme européen de stabilité (MES), institution antidémocratique par excellence, qui , sympa, pourrait  proposer des prêts à des taux un peu moins élevés (5 % en moyenne). Mais ces prêts seraient conditionnés à l’application d’une austérité drastique imposée aux peuples  (MES=FMI, ces sont les mêmes qui sont aux commandes) et alors qu’un financement des Etats par la Banque Centrale, permettrait un remboursement à 1 voire 2%….

Le Traité a été signé ce jour par 9 Etats et sera appliqué dès que 12 pays y auront adhéré. C’est sûr que là, la majorité est de trop. Si c’est pas pour faire pression, qu’est-ce-que c’est? Drôle d’Europe: Certains Etats ont l’euro, d’autres pas, certains « bénéficieront » de  ce traité, d’autres pas, certains ont un niveau de vie déplorable(savez vous que 80% des Roumains n’ont accès qu’à de l’eau « portée » et non courante?), d’autres ont un niveau de corruption endémique, certains ont un salaire minimum, d’autres pas, les salaires moyens sont disparates… La Tour de Babel. Le principe d’unification des peuples est belle mais autant se donner les moyens. Et là on fait le contraire. La finance d’abord. On sait que l’Europe ne doit être solidaire que quand ça arrange (voir article).

A beaucoup d’égards ce traité est un crime contre les peuples qui ne se trompent pas toujours. Faire référence à la Révolution Française en permanence et louer le courage du peuple français qui a renversé des siècles de despotisme féodal, tout le monde le fait. Mais lorsque les foules à Athènes ou Madrid se font charger, c’est parce  ce sont des petits gauchistes et anarchistes, ignares et sans conscience sociale et politique qui « refusent de se faire violer. »

Mais alors à qui profite le crime? Quel est le mobile?

Pendant la Grande Dépression, le président des États-Unis, Franklin D. Roosevelt, pointait déjà l’insuffisance de mesures purement matérielles du progrès. Dans son discours sur l’état de l’Union en 1934, il affirmait : « L’immense majorité de nos concitoyens recherche de meilleures opportunités pour l’humanité de prospérer et de trouver le bonheur. Ils sont conscients que le bien-être ne s’est pas amélioré et ne s’améliorera pas à travers le simple matérialisme ou le luxe, mais qu’il progressera grâce à l’intégrité, la générosité, le sens des responsabilités et la justice. » Les choses sérieuses quoi.

Crise de la dette_ la stratégie de la poussière sous le tapis

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