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Gallagher Paul B. - Comment Venise orchestra le plus grand désastre financier de l'histoire

Publié le 03 octobre 2012 par Tuttouno
... démonter certains mythes qui dominent l’historiographie officielle et mettre en avant les tactiques de l’élite millénaire qui aujourd’hui encore contrôle la finance mondiale. ... 
Gallagher Paul B. - Comment Venise orchestra le plus grand désastre financier de l'histoire Cet article est paru en anglais dans le trimestriel américain Fidelio (hiver 95). L’auteur, Paul B. Gallagher, est prisonnier politique aux Etats-Unis. Il purge depuis 1993 une peine de 35 ans de prison, pour avoir sollicité des prêts et des contributions à des fins politiques. En raison d’une loi adoptée rétroactivement en Virginie, cette activité est définie comme relevant de « transactions de titres financiers » à enregistrer auprès des autorités ! Les conditions dans lesquelles les recherches pour cet article se sont déroulées, ont été donc plutôt difficiles : peu de sources disponibles et seulement pendant un temps limité, une ambiance évidemment hostile au travail intellectuel, etc. Mais cet article va directement à l’objectif : démonter certains mythes qui dominent l’historiographie officielle et mettre en avant les tactiques de l’élite millénaire qui aujourd’hui encore contrôle la finance mondiale. ... 

Comment Venise orchestra le plus grand désastre financier de l’histoire


En1345, l’effondrement des grandes maisons bancaires florentines des Bardi etPeruzzi conduisit à une véritable désintégration financière. On peut lire dans les chroniques de l’époque que « tout le crédit disparut au même moment ». il est utile de lire le livre de Frederick C. Lane, Money and Banking in Medieval and Renaissance Venise (Baltimore, John Hopkins University Press, 1985), qui démontre que c’était plutôt la finance vénitienne qui contrôlait la « bulle spéculative » de la finance mondiale entre 1275 et 1350, et qui orchestra l’effondrement des années 1340. Loin de la « coexistence » mythique entre libre-échangistes, les oligarques vénitiens condamnèrent à la banqueroute leurs collègues florentins et l’économie de l’Europe et de la Méditerranée avec. On pourrait dire que Florence tenait un rôle similaire à celui de New York aujourd’hui, avec Wall Street et ses grandes banques, tandis que Venise, c’était Londres ; elle manipulait banquiers, souverains, papes et empereurs au moyen d’un réseau financier très subtil et de sa domination totale du marché de la monnaie et du crédit. L’historien français Fernand Braudel explique (Civilisation matérielle, économie et capitalisme, XVème-XVIIIème siècle, Libraire Armand Colin, 1979, tome III) que Venise, à la tête des banquiers florentins, génois et siennois, s’engagea dès le début du XIIIème siècle dans une lutte contre le pouvoir potentiel d’un Etat-nation moderne « qu’avait déjà esquissé la réussite de Frédéric II » Hohenstaufen (1194-1250). Celui-ci se situait dans la tradition de développement des réformes carolingiennes (amélioration de l’instruction, l’agriculture, l’infrastructure commerciale et l’art de gouverner), tradition que Dante Alighieri tentera de revaloriser dans De Monarchia. « Venise, écrit Braudel, a piégé sciemment, à son profit, les économies sujettes, notamment l’économie allemande ; elle s’en est nourrie, les empêchant d’agir à leur guise et selon leur propre logique. » Par ailleurs, « les circuits nouveaux du capitalisme ont signifié une telle puissance du monopole au bénéfice des Etats-villes d’Italie et des Pays Bas que les Etats territoriaux naissants, en Angleterre, en France ou en Espagne, en ont forcément subi les conséquences. » A cela s’ajoute l’intervention de Venise pour empêcher Alphonse le Sage (1221-1284) de succéder à Frédéric II sur le trône impérial. Le « triomphe » du libéralisme et l’étouffement dans l’oeuf des Etats-nations définissent l’arrière-fond de la catastrophe du XIVème siècle. Ce n’est qu’un siècle plus tard, lorsque la Renaissance donnera naissance aux Etats-nations, tout d’abord la France de Louis XI, puis l’Angleterre et l’Espagne, que la population européenne réussira à sortir de la barbarie et de l’effondrement démographique. La dévastation causée par les banquiers marchands vénitiens et leurs « alliés » dans la seconde moitié du XIVème siècle est illustrée dans la Figure 1. En Europe, en Chine et en Inde (presque trois-quarts de la population mondiale), la tendance démographique positive s’inversa après quatre à six siècles d’augmentation régulière de la population. Famines, pestes bubonique et pulmonaire, épidémies et guerres, tous ces facteurs firent disparaître de la terre 100 millions d’être humains. On estime que les hordes mongoles massacrèrent à elles seules entre cinq et 10 millions de personnes. La dépopulation ne commença pas avec le krach de 1340, mais celui-ci représenta le tournant décisif. Venise jouait alors le rôle de centre bancaire, de marché des esclaves et de centre d’espionnage pour le compte des Khan mongoles. Entre 1250 et 1350, les financiers vénitiens mirent sur pied une structure de spéculation mondiale sur les monnaies et sur les métaux précieux qui rappelle par certains aspects l’immense casino moderne de « produits dérivés ». Les dimensions de ce phénomène dépassaient de très loin la spéculation plus modeste sur la dette, sur les marchandises et sur le commerce des banques florentines. Les Vénitiens parvinrent à enlever aux monarques le monopole de l’émission et la circulation de la monnaie. Néanmoins, durant la période 1325-1345, il y eut renversement de la situation. Le rapport entre le prix de l’or et celui de l’argent commença à chuter, passant de 15 pour 1 à 9 pour 1. Au moment où le prix de l’argent remontait, après 1330, l’offre était énorme à Venise. En 1340-50, « l’échange international de l’or et de l’argent s’intensifia considérablement », affirme Lane, qui documente en outre une nouvelle envolée des prix des biens. Les banquiers florentins se retrouvent du coup piégés. Tous leurs investissements sont en or, alors que le cours du métal jaune est en chute libre. Après l’écroulement de l’or provoqué par les Vénitiens avec leurs nouvelles pièces de monnaie, les Florentins ne firent de même qu’en 1334 lorsque c’était trop tard, le Roi de France attendit 1337 et le roi d’Angleterre 1340 avant de lancer la malheureuse tentative que nous avons mentionnée. Selon Lane : « La chute du prix de l’or, à laquelle les Vénitiens avaient résolument contribué par d’importantes exportations d’argent et importations d’or, en en tirant des profits, fut néfaste pour les Florentins. Bien qu’ils fussent les dirigeants de la finance internationale (...), les Florentins ne furent pas en mesure, contrairement aux Vénitiens, de tirer avantage des changements qui eurent lieu entre 1325 et 1345. » Les superprofits de la Sérénissime dans la spéculation globale continuèrent jusqu’aux désastres bancaires et à la désintégration du marché qui se produisirent en 1345-47 et au cours des années suivantes. Lien de téléchargement du livre: Gallagher_Paul_B_-_Comment_Venise_orchestra_le_plus_grand_desastre_financier_de_l_histoire.zip
Mot de passe de l'archive : www.histoireebook.com
Source: http://www.fileane.com/versreseauxpartie5/chers_ennemis/global_chersennemis_guerres.htm

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