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Ciné : Quelques heures de printemps

Par Plumesolidaire

 

Merveilleux film sans temps mort sur la fin de vie, interprété par deux acteurs exceptionnels.

Pour celles et ceux qui consentent à regarder la mort dans les yeux, dans les yeux de l'autre, et dans le regard intérieur sur soi.

♥♥♥♥♥   pire que top (trop rare)

     bof 

♥♥   ah ouais quand même (bien)

♥♥♥   top (très bien)

♥♥♥♥♥   pire que top (trop rare)

♥♥♥♥♥♥   des comme ça y en a qu'un par siècle

"Quelques heures de printemps" : prisonniers l'un de l'autre

LE MONDE | 18.09.2012

Alain, 48 ans, retourne vivre chez sa mère : il a passé dix-huit mois en prison pour un petit trafic de drogue. De boulots minables en heures perdues, il revient chaque soir dans cet appartement trop propre, où le temps s'est figé : rideaux aux lourds motifs, vieilles casseroles à fleurs, chaque chose à sa place et la télévision allumée. Il revient au lieu mais pas à la mère, avec laquelle il ne s'est jamais entendu. Ils ne savent se dire que des mots trop durs, trop faciles à hurler. Ils ont eu des années pour prendre l'habitude.

Mais Yvette est malade, et les années de cris et de silence se trouvent soudain en miroir, des mois, semaines ou quelques jours peut-être qui lui restent. Est-il trop tard pour se parler ? Est-il trop tard pour le vouloir ? Les regards s'effleurent et s'éloignent, mots tempérés et gestes doux vont au vieux chien, dont ils se disputent le semblant d'amour.

Pour dire ce tragique intérieur, Stéphane Brizé adopte un langage aussi âpre que celui de ses personnages : des dialogues serrés en champ-contrechamp, des plans-séquences exigeant des acteurs que tout l'enchaînement tienne, chaque mot cousu au suivant, chaque expression à l'expression de l'autre. Le film n'est pas long, chaque scène l'est, autant que l'exige la construction de l'implacable échéance : le temps lui-même est long au point qu'on perde l'envie de le rendre vivable à deux, puis s'étrécit, et file soudain comme le sable entre les doigts.

Sur ce fond austère, une infinité de nuances et deux acteurs en grâce. Raidi dans ce grand corps sans adresse, Vincent Lindon semble cacher les mots sous une armure d'airain. En face, la lumineuse Hélène Vincent s'est affaissée, brisée en tics accumulés qui lui cachent le coeur : plus de couleurs sur son visage, plus l'ombre d'un sourire au coin des lèvres. Deux prisonniers qui ne se regardent pas, dont la main se lève parfois malgré eux, comme pour faire signe entre les barreaux. L'envie leur manque plus que le courage. S'il parvient à les presser, le temps filant comme le sable peut leur être un miracle : beau et terrible, à l'image d'une histoire dont on ressort le coeur lourd, et la lumière aux yeux.


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