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Six personnages en quête d’auteur

Publié le 06 octobre 2012 par Belette

Six personnages en quête d’auteur

Philippe Girard, Claude Duparfait, Maud Le Grévellec, Caroline Chaniolleau, Manuel Vallade © Elisabeth Carecchio

Présentée au festival d’Avignon puis au Théâtre de la Colline, la pièce mise en scène et adaptée par Stéphane Braunschweig pose frontalement sur le plateau la question du personnage, de sa vérité, du jeu d’acteur et du statut du réel au théâtre, toutes questions qui habitent n’importe qui monte sur une scène. La répétition d’une troupe d’acteurs, scène d’introduction née d’improvisations rajoutée par Braunschweig, est interrompue par l’arrivée inopinée de six personnages en quête d’auteur, celui qui les a créés les ayant abandonnés. Dorénavant livrés à eux-mêmes, condamnés à rejouer éternellement les mêmes scènes, ils errent sur le plateau, enfermés dans leur propre réalité. Pour les acteurs, il s’agit de rejouer cette réalité, alors qu’ils en sont les spectateurs en même temps, et que les personnages ne se laissent pas faire : pourquoi les jouer, puisqu’ils sont là ?

N’est-il pas monstrueux que ce comédien, là,
Dans une pure fiction, un rêve de passion,
Ait pu si bien plier son âme à sa pensée
Que par ce travail tout son visage a blêmi,
Des larmes dans les yeux, un aspect égaré,
La voix brisée, et tout son être
Se modelant sur sa pensée ? Et tout cela pour rien,
Pour Hécube.
Que lui est donc Hécube, ou qu’est-il pour Hécube,
Qu’il puisse pleurer pour elle ?

Shakespeare, Hamlet, trad. J-M Déprats, extrait du programme

La scénographie est la copie d’une salle de répétition : d’un côté la table de travail, de l’autre la scène, conçue de telle sorte qu’on y projette de la vidéo, en direct ou enregistrée. Fiction et réalité circulent dans cet espace duel de manière complexe et plurivoque : on joue, on joue à jouer, on ne joue plus. L’utilisation de la vidéo accentue la mise en abyme infinie des niveaux de réalité que le spectacle effeuille avec humour. Mais, s’il interroge le personnage et l’acteur, celui-ci donne au fur et à mesure l’impression d’une leçon de dramaturgie un peu fastidieuse, et les questionnements qu’il propose se noient dans leur propre déroulement. L’écriture compliquée de Pirandello oblige à suivre attentivement l’action pour reconstituer le puzzle tragique des six personnages, et contraste avec la simplicité dépouillée de la mise en scène.


Classé dans:Théâtre Tagged: Pirandello, Stéphane Braunschweig, Théâtre de la Colline

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