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Carpentras capital du cinéma israélien pour une semaine encore

Par Mickabenda @judaicine
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La seconde édition de « Laissez-passer », le Festival du cinéma israélien,  a ouvert ses portes ce week-end à Carpentras. Pendant une dizaine de jours, avant-premières nationales, films récents, artistes et rencontres vont se succéder afin de dresser un panorama du 7ème art en Israël, « un cinéma sans tabou » pour son organisatrice Dominique Lafon, fière d’annoncer que le prix Arte des Lycéens sera remis en clôture du festival le 14 octobre.

Né il y a seulement un an, « Laissez-passer » prend très vite du galon.

Ce n’est pas un hasard si Carpentras accueille aujourd’hui un festival dédié au cinéma israélien. Son histoire est intimement liée avec celle des populations juives, même si « attention », prévient Domingue Lafon, « le cinéma israélien n’est pas forcément juif ».

C’est ici au cœur du comtat Venaissin qu’au Moyen-Age, alors que les Papes s’installent à Avignon, de nombreux juifs vont venir se réfugier, fuyant les persécutions, trouvant alors protection auprès de Clément VI. Une synagogue sera alors bâtie au XIVème siècle : elle est aujourd’hui classée comme la plus vieille de France.

« Ça a un sens particulier de créer ce festival à Carpentras, avec tout son patrimoine historique et culturel » nous explique la présidente de l’association Laissez-Passer, « et puis c’est aussi dans la continuité du festival de musique juive de la ville ». Au total 12 films seront projetés dont 3 avant-premières nationales, avec un fil-conducteur, « Portraits de femmes ». Une jolie programmation pour un évènement parrainé par la chaîne Arte.
Les temps forts de « Laissez-passer »

Parmi les rendez-vous incontournables des cinéphiles, les projections (à plusieurs reprises) de trois longs-métrages pas encore sortis sur les écrans français : Invisible, de Michal Aviad, réalisatrice qui s’est fait connaître pour ses documentaires, présente à la soirée d’ouverture du festival hier soir. Invisible raconte l’histoire de deux femmes, victimes d’un même violeur, se retrouvant 20 ans plus tard et décidant d’affronter leur peur pour mieux cicatriser.

Autre avant-première présentée à Carpentras, le premier film de l’actrice Hiam Abbass qui faisait partie du jury du dernier festival de Cannes : Héritage, un drame familial avec la jeune comédienne Hafsia Herzi que l’on a pu voir entre autres dans La graine et le Mulet et La source des femmes. Elle sera là le dimanche 14 octobre en clôture du festival.

Enfin, Beautiful Valley, réalisé par Hadar Friedlich, sera également présenté un moins avant sa sortie nationale.

Autre événement de taille pour tous les passionnés de cinéma, la présentation du long métrage L’été d’Aviya en version française, « je l’ai fait traduire » nous glisse non sans malice Dominique Lafon. Un film complexe évoquant la jeunesse d’une petite fille et de sa mère, restant traumatisée par sa déportation en camp de concentration. « C’est une perle rare. Je l’ai cherche partout » nous confie l’organisatrice.

Autres films très peu diffusés ou connus, La Vie selon Agfa (Ours d’argent au festival de Berlin en 1994, dépeignant la société israélienne au vitriol), Avanim (une femme perd son amant, film encensé par la critique à sa sortie) et Les Chats de Mme Moskowitz (présenté dans de très nombreux festivals), seront également projetés.

Deux artistes invités : Thierry Binisti, le réalisateur d’Une bouteille à la mer pour parler de son film après la projection, ainsi que Yonathan Nir, réalisateur du documentaire Parle avec les Dauphins, le jeudi 11 octobre.

A noter dans la programmation, la présence des films Kadosh d’Amos Gitaï, La visite de la fanfare et Jaffa.
« Un cinéma qui ose »
Passionnée de cinéma israélien, l’organisatrice du festival, a voulu parler des femmes à travers sa seconde édition, après la tolérance l’an dernier et l’enfance l’an prochain. « Les femmes sont très libres en Israël, notamment à Tel-Aviv » affirme Dominique Lafon qui évoque le 7ème art de ce pays comme « un cinéma qui ose parler de tout, l’intime, la religion, la sexualité, l’armée…C’est sans tabou, il n’y a quasiment aucune censure, c’est très ouvert. Et prendre la thématique des femmes, ça nous permettait d’aborder tout ça de manière forte », une féminité symbolisée par l’actrice et réalisatrice Ronit Elkabetz, à l’affiche de 3 des 12 films programmés. « Elle incarne, vu de l’étranger, l’image de l’actrice israélienne ».

Enfin, le jour de la clôture, le 14 octobre, le prix Arte des lycéens sera remis à l’un des films programmés, tout comme le prix du public.

Avant de nous séparer avec Dominique Lafon, nous lui avons posé une dernière question, politique cette fois. Créer un festival du cinéma israélien à Carpentras, ville qui avait fait la Une de tous les journaux en 1990 suite à l’affaire de la profanation du cimetière juif, relève t’il justement d’une volonté particulière ?  « Je n’ai pas de position politique sur le festival vis-à-vis de ce qu’il s’est passé cette année-là » nous a-t ‘elle répondu, « il y a un sens historique de le faire ici, historique au sens médiéval, mais pas récent du terme, pas par rapport à l’affaire de 1990. Si ça désamorce, par voie de conséquence, tant mieux, mais ce n’était pas le but ».

D’après l’article de Maud Fontanel

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