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[Critique] THE MASTER de Paul Thomas Anderson

Par Celine_diane
[AVANT-PREMIERE] 
[Critique] THE MASTER de Paul Thomas Anderson La terre, la foi, les rapports hommes/femmes, dominants/dominés, le pouvoir des uns sur les autres, les fondements de l’Amérique : voilà le terreau habituel des films de Paul Thomas Anderson, de There will be blood à Magnolia. Avec The Master, œuvre grandiose et ambitieuse filmée en 65 mm, PTA frappe fort, via des thématiques qu’il fouille avec une violence atypique, via une empreinte formelle reconnaissable, entre beauté du cadre (bel hommage au cinéma américain des années 50) et fureur latente. Comme d’habitude, ses personnages sont gangrénés de l’intérieur par des traumas indicibles : pulsions de mort, obsession du vice (alcool, sexe, contrôle d’autrui), volonté de (auto) destruction. The Master est un film complexe, difficile d’accès, bouillonnant d’idées et de niveaux de lecture. Lecture historique d’abord, avec d’un côté le personnage du leader Lancaster Dodd (Philip Seymour Hoffman) qui s’inspire librement du vrai Ron L. Hubbard, fondateur de l'Église de scientologie ; avec de l’autre, des figures hantées par les démons post-war, fantômes de haine et de sang avec lesquels il faut vivre. Lecture psychologique ensuite avec l’étude de la relation trouble entre un ex-soldat paumé et alcoolique (Joaquin Phoenix, qui livre une prestation in-cro-ya-ble) et le gourou tyrannique : chez eux, on y trouve du rapport père/fils, aux allures d’esclave et de maître, où le désir fou de domination du leader répond sans cesse à la soumission acceptée du sujet. 
Ainsi, les personnages révèlent-ils une société et un monde où la liberté de l’individu n’est que leurre puisqu’articulée autour de celles des autres. PTA, avec The Master, puise dans l’inconscient humain, pour offrir une réflexion poussée et intense sur les notions d’ascendance, de transmission, d’identité. Il y questionne la foi, la croyance, le non-sens de l’existence, les dérives humaines, l’inné, l’acquis, et pose mille interrogations via les liens qui unissent ses protagonistes : comment être soi si l’on est façonné et par autrui et par son passé ? Se libère-t-on de soi en s’abandonnant à l’autre ? Qui crée la dépendance ? Peut-on s’en défaire ? Sommes-nous que les produits de nos environnements ? D’un bout à l’autre maître de son récit et de sa mise en scène- anxiogènes, denses, profonds-, PTA semble remonter jusqu’aux racines des dysfonctionnements humains : des penchants belliqueux à l’instinct de domination. Son Master, à coup sûr, va rafler quelques Oscars. 
[Critique] THE MASTER de Paul Thomas Anderson
Sortie: janvier 2013. 

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