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L'avenir du cinéma français comme art

Publié le 28 mars 2008 par Abfaboune

C'était 55 jours avant le premier tour de l'élection présidentielle de 2007, Pascale Ferran recevait un César pour Lady Chatterley. Elle n'avait pas tourné depuis 10 ans, ayant pourtant obtenu la Caméra d'Or à Cannes pour son premier film, Petits arrangements avec les morts.
Il y a un an, Pascale Ferran nous parlait du "du système de financement des films qui aboutit d’un côté à des films de plus en plus riches et de l’autre à des films extrêmement pauvres. Cette fracture est récente dans l’histoire du cinéma français.
Jusqu’à il n’y a pas si longtemps, ce qu’on appelait les films du milieu - justement parce qu’ils n’étaient ni très riches ni très pauvres - étaient même une sorte de marque de fabrique de ce que le cinéma français produisait de meilleur. Leurs auteurs - de Renoir à François Truffaut, de Jacques Becker à Alain Resnais - avaient la plus haute opinion des spectateurs à qui ils s’adressaient et la plus grande ambition pour l’art cinématographique. Ils avaient aussi, bon an mal an, les moyens financiers de leurs ambitions.
Or, ce sont ces films-là que le système de financement actuel, et en premier lieu les chaînes de télévision, s’emploient très méthodiquement à faire disparaître" (texte intégral ici).
Aux 7 d'Or, pour son Âge des possibles, elle avait poussé une gueulante déjà, en parlant notamment des "listes" (de réalisateurs) que les chaînes de télé se contentent pour tourner leurs misérables (dans 99 % des cas) fictions et séries.
Aujourd'hui, ce petit bout de femme talentueuse et 12 (40 en fait depuis) autres personnalités du cinéma français (dont Jacques Audiard, Claude Miller, Denis Freyd) viennent de pondre un rapport indépendant.
13 personnalités, 13 mesures, détaillées dans ce rapport, que rue89 a pu lire hier :
"Parmi ces propositions:
  • Le doublement de la dotation de l'avance sur recettes (stable depuis 15 ans - enveloppe moyenne: 400 000 euros par film - alors que les budgets de production ont explosé).
  • Le versement du Fonds de soutien automatique production généré par un film au seul producteur délégué (c’est-à-dire au réel initiateur du projet et non aux multiples ayant-droits).
  • 7,5 % de ce fond de soutien réservé à l’écriture.
  • Une majoration de 25 % de ce fonds de soutien pour les distributeurs investissant dans des films produits sans les chaînes de télévision.
  • La suppression de ce fonds de soutien pour les sociétés adossées à un diffuseur (chaînes cathodiques et groupes de télécommunications).
  • La création d’une taxe de 5,5 % sur toutes les marges arrière, "venant abonder l’assiette du CNC et financer l’équipement numérique des salles indépendantes et la dotation de l’avance sur recettes".
Particulièrement concerné par ces enjeux, la difficulté de financer un film pas tout à fait formaté pour passer à la télé à une heure de grande écoute devant une famille modèle, je ne compte pas sur Albanel et Sarko pour faire évoluer les choses, mais sur les acteurs du cinéma français, oui.
Illustration : encore la Décadence romaine de Couture, en hommage à un papier de Didier Peron dans Libé il y a quelques années, où il dénonçait le règne des fils et filles à papa devant comme derrière la caméra, lesquels, en dehors du talent de certains, étaient pour ce journaliste le symptôme de la décadence du 7° art hexagonal.

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