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L’Iran atomise les sanctions économiques

Publié le 12 octobre 2012 par Wtfru @romain_wtfru

L’Iran atomise les sanctions économiques

L’ayatollah Ali Khamenei a expliqué lors d’une visite au nord de l’Iran que son pays était capable de surmonter les sanctions économiques « barbares » de l’occident. La pomme de discorde entre Téhéran et le reste du monde est une pomme pourrie d’uranium enrichi à 90% de qualité militaire. Néanmoins, si nous regardons à la loupe l’historique des sanctions économiques imposées à l’Iran, nous nous apercevrons qu’elles existent depuis la révolution de 1979.

Les sanctions financières internationales sont un instrument politico-diplomatique utilisé par tous les pays contre une personne, une entité ou un pays. La force de ces sanctions réside dans le fait que plus de gens prennent de sanctions contre un pays, plus celui-ci à la tête sous l’eau. Les sanctions visent à interdire le commerce de biens et de services ciblés et peuvent inclure des mesures de gel à l’égard de personnes. En France, il existe trois types de sanctions financières a) les sanctions imposées par l’ONU : le conseil de sécurité de l’ONU prend une résolution et laisse les pays les mettre en place en toute autonomie. b) Les sanctions mises en œuvre au niveau européen : elles sont un outil de la Politique Etrangère et de Sécurité Commune (PESC) et prennent la forme d’une position commune de l’Union. c) Les sanctions mises en œuvre au niveau national.

Aujourd’hui, l’Iran fait l’objet de deux années d’embargo sévères qui a ralenti les exportations, la production pétrolière (première richesse du pays), fait écrouler le rial et diminué de manière significative la devise disponible dans le pays. Si l’on ajoute à cela une mauvaise gestion des dépenses publiques et un taux de chômage en constante augmentation, nous avons là les premiers éléments de réponse des mouvements de contestations qui ont secoué le pays ces dernières semaines. C’est d’ailleurs ce qu’explique le guide suprême du pays en déclarant que les sanctions ne sont que des turbulences monétaires minimes et que la crise actuelle est due à une mauvaise gestion du pays.

De son côté, Mahmoud Ahmadinejad jette la responsabilité sur les parlementaires en les accusant de ne pas comprendre sa vision et surtout de ne pas faire bouger les lignes assez rapidement. Une évolution de mentalité est pourtant perceptible dans son discours lorsqu’il tâte la température de l’eau en disant que « peut-être, dans le futur, s’il fait beau, en haut d’une colline, l’Iran et les Etats-Unis réussiront à parler » ; chose impensable il y a de cela quelques années.

Alors pourquoi vouloir se rapprocher de l’occident en offrant une vision de lui moderne et tolérante à son pays ?

Juin 2013 – Elections présidentielles iraniennes.

Ne soyons néanmoins pas si simplistes que cela, mais avouez quand même que cette histoire sent le pétard mouillé. Les sanctions infligées sont bien loin de mettre l’Iran à genou puisqu’elle dispose encore de quelques centaines de milliards dollars issues de l’exportation de l’or noir ce qui laisse à M. Ahmadinejad le luxe de continuer à poursuivre sont programme nucléaire sereinement. Si le garçon est malin, il obtiendra de nouveau le soutient du guide suprême mais devra apprendre à gérer une population qui a clairement compris qu’un pays avec des billets de Monopoly n’était pas la meilleure chose qui soit. Il devra donc accorder une attention toute particulière aux couches de la population qui seront le plus touchées. La dépréciation du rial devrait se poursuivre et conduire à une hausse des prix des biens non prioritaires et donc contribuer à la hausse des prix. Les ouvriers et la partie de la classe moyenne qui n’a pas assez de capital pour se protéger contre l’inflation (en achetant des dollars, de l’or ou des voitures, etc.) vont donc souffrir. Le secteur privé qui devra utiliser le marché noir pour ses besoins en devises sera également touché. Par ailleurs, il sera plus coûteux pour les Iraniens de voyager ou d’aller étudier à l’étranger. Par contre, les Pasdarans qui contrôlent les réseaux de contrebande et tout le réseau des fondations qui a un accès privilégié aux réserves gouvernementales en devises seront moins affectés. 

En clair, c’est surtout la société civile iranienne qui va supporter le poids des sanctions. Cette même société civile moderne et dynamique qui était descendue, pour grand nombre d’entre eux, dans la rue pour protester contre l’élection d’Ahmadinejad en 2009. Les franges les plus extrêmes du pouvoir iranien sont finalement très satisfaites de cet isolement croissant de la population.

Ainsi, les enjeux géostratégiques de l’Iran sont tels qu’il est aujourd’hui fondamental pour l’occident de revoir sa copie en terme de sanctions envers ce pays qui, quoiqu’il arrive, restera souverain.


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