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[Critique] LA CHASSE de Thomas Vinterberg

Par Celine_diane

[Critique] LA CHASSE de Thomas Vinterberg [AVANT-PREMIERE]
Sisse Graum Jorgensen (productrice de Perfect sense de David MacKenzie cette année) ne s’est pas trompé lorsqu’elle a décidé de produire le nouveau film de Thomas Vinterberg. Sur un sujet osé, le réalisateur danois offre en effet une petite bombe acerbe et courageuse, étudiant le terrible engrenage dans lequel se retrouve piégé Lucas, un professeur célibataire et sans histoire. Un jour comme un autre, une petite blondinette espiègle, qui s’est amourachée de lui, profère de lourdes accusations contre lui : c’est le début d’un crescendo hystérique et hors de tout contrôle. Amis, connaissances de toujours : tous se retournent contre celui qui devient alors ennemi n°1, proclamé pédophile et diable en personne, sur la parole jamais remise en question d’une enfant. Et, lorsque toutes les autres têtes blondes de l’école se mettent à l’accuser à leur tour, Lucas (interprété brillamment par un Mads Mikkelsen, au sommet de son art) se retrouve piégé dans l’étau suffocant de l’accusation collective. C'est clair: il en fallait du cran pour aborder un sujet épineux (la pédophilie) sous un angle provoc’ (le mensonge des enfants).
Thomas Vinterberg, qui confirme son goût pour l’évocation des bassesses humaines (après Festen) frappe très fort avec un long-métrage profondément intelligent, aux relents misanthropes (on n’est pas loin du cinéma de Lars Von Trier). S’il n’utilise pas tous les possibles sur le plan de l’ambigüité (pas de suspense : le héros est innocent) et que sa mise en scène s’avère plus élégante qu’anxiogène, La Chasse reste tout de même monstrueusement habile lorsqu’il s’agit de bousculer les idées reçues et les spectateurs. Au final, l’horreur est tapie- non pas dans les paroles mensongères des enfants- mais dans les non-dits des adultes, dans l’escalade hypocrite, la surenchère collective, la puissance de la rumeur, dont il est impossible d’effacer la tâche, comme le démontre le final glaçant, où Lucas- piégé comme un animal- comprend qu’il restera à jamais la proie d’une géante armée d’aveugles. Le danois s’attaque, une nouvelle fois, aux dysfonctionnements et travers socio-familiaux: il n’excuse et n’accuse personne (ni la fille, ni les familles), mais préfère plutôt les montrer comme ils sont (avec tout ce que cela contient d’infâme et de problématique) : les produits d’une communauté. 
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