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La Prisonnière du Désert

Publié le 17 octobre 2012 par Olivier Walmacq

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Genre : Western

Année : 1956

Durée : 1H54

L’histoire : A la fin de la guerre de Sécession, Ethan Edwards accompagné par le jeune Martin, part à la poursuite des comanches qui ont enlevé ses nièces et massacré sa famille. C’est alors que commence une traque qui va durer cinq ans.  

La critique de Vince12 :

Attention gros chef d’œuvre ! La Prisonnière du Désert de John Ford. Le réalisateur est clairement l’un des maîtres incontesté du western puisqu’il a plusieurs fois donné au genre ses lettres de noblesses. Notamment en réalisant Le Cheval de Fer, La Chevauchée Fantastique, La Poursuite Infernale ou encore La Charge Héroïque entre autres. Ces westerns sont d’une qualité visuelle exceptionnelle, cependant ils sont souvent teintés d’une tonalité clairement patriotique et souffre parfois d’une vision simpliste bienveillante vis-à-vis des pionniers et insultante vis-à-vis des indiens d’Amérique. La vision américaine de l’époque en somme.

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Pourtant John Ford, qui a la réputation d’un pur américain nationaliste, a bien souvent essayé de montrer les indiens sous un bon jour comme en témoignait entre autres la Charge Héroïque (et comme en témoignera plus tard Les Cheyennes). Malheureusement le cinéaste, fasciné par le peuple indien, n’avait pas vraiment l’occasion d’ouvrir le débat, car à l’époque ce que les gens voulaient voir, c’était des américains tuer des indiens.

Alors que dans les années 50, il commence à apparaître des films comme La Flèche Brisée, Ford décide en 1957 de réaliser un western traitant ouvertement du racisme envers  le peuple indien.

Attention SPOILERS

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A la fin de la guerre de Sécession, Ethan Edwards un soldat sudiste revient vers le ranch de son frère. Ce dernier vit avec toute sa famille et Ethan pense s’installer avec eux. Il fait la connaissance du jeune Martin Pawley, le fils adoptif de son frère. Un jour le capitaine et révérend Clayton, demande à Ethan et Martin de l’aider à rattraper des comanches qui ont volé du bétail. Mais en réalité il s’agit d’une diversion et lorsqu’Ethan et Martin reviennent au ranch, ils réalisent que les comanches ont massacré toute la famille excepté Lucy et la toute jeune Debbie qu’ils ont enlevé.

 Fou de rage Ethan décide de partir à la poursuite des comanches avec Martin, Brad Jorgensen (l’amant de Lucy) et Clayton. Ce dernier les abandonne bien vite suite à une attaque des comanches. Plus tard les trois hommes restants découvrent le cadavre de Lucy. Fou de douleur, Brad attaque seul le camp des comanches et est tué. Ethan et Martin continuent la poursuite et s’engagent dans une traque qui va durer cinq ans.

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La course poursuite est ponctuée par plusieurs événements parfois violents, parfois comiques. Pendant cette traque Martin écrit à Laurie Jorgensen sa fiancée. Cette dernière lasse de l’attendre tombe sous le charme d’un autre soupirant. Pendant ce temps, la tension monte entre Ethan et Martin. Ce dernier supporte de moins en moins le racisme de son compagnon de voyage.

Les deux hommes finissent par retrouver la trace de la tribu comanche dirigé par un certain « Eclair » (« Scar » dans la version originale). Ils revoient alors Debbie qui, désormais adolescente, semble être devenue une comanche. Ethan devient alors obsédé par l’idée de tuer sa nièce, ce à quoi s’oppose Martin qui, au contraire d’Ethan, semble renoncer à l’idée de ramener Debbie « chez elle ».

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De retour vers le Texas, les deux hommes arrivent au moment où Laurie est prête à se marier avec son nouvel amant ce qui rend Martin furieux. Ce dernier se bat alors avec le nouveau prétendant. Alors que Laurie et Martin renouent ensemble, les texans qui ont retrouvés la trace des comanches s’apprêtent à les attaquer. Durant l’attaque, Martin tue Eclair et libère Debbie. Alors que cette dernière s’enfuit, Ethan se lance à sa poursuite sous le regard horrifié de Martin. L’ayant rattrapé Ethan serre sa nièce dans ses bras. Les deux hommes ramènent la jeune fille chez les Jorgensen. Alors que tout le monde se retrouvent, Ethan repart seul en direction du désert comme il était arrivé au début du film.  

La Prisonnière du Désert se révèle être un western bien plus complexe qu’il n’y paraît. Ford traite ici du racisme envers les indiens mais étudie également la psychologie de ses personnages.

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Tout d’abord le film doit énormément à son visuel. Si le réalisateur avait déjà montré son génie de l’image dans La Chevauchée Fantastique et La Charge Héroïque, il atteint ici tous les sommets. Car en effet la Prisonnière du Désert contient des images qui figurent parmi les plus belles de l’histoire du cinéma. Une fois encore le réalisateur filme Monument Valley comme personne. C’est par les images que Ford confère de la puissance à son film.

Mais outre le style, le fond de l’histoire lui-même, qui met en scène une traque de cinq ans est fascinant. Ce qui rend toute cette histoire intéressante, c’est bien évidemment les personnages.

En premier celui d’Ethan magnifiquement interprété par John Wayne. Soyons honnête l’acteur n’a jamais eu de vrai talent, John Ford lui-même disait de lui « c’est le plus mauvais acteur que j’ai jamais vu ». Pourtant ce même Ford a fait de Wayne son acteur fétiche, pourquoi ? Un élément de réponse se trouve dans la Prisonnière du Désert, car ici Wayne trouve un rôle qui se démarque des précédents.

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L’Acteur nous prend à contrepied et parvient à réaliser une immense prestation et confère au personnage d’Ethan toute son intensité. Le protagoniste est d’ailleurs véritablement intéressant. C’est un aventurier marginal et amer qui est donc la représentation d’une Amérique profonde, aventurière et raciste. Comment ne pas citer la scène ou le personnage s’acharne de façon stupide et folle à coup de fusil sur un troupeau de bisons constituant de la nourriture potentielle pour les indiens. Ou encore la scène où il vide son chargeur sur un cadavre d’indien. Ethan est même prêt à tuer sa nièce en voyant que celle-ci a adopté les mœurs des comanches.     

Raciste envers les indiens, il partage pourtant beaucoup de points commun avec son rival Eclair, le chef des comanches. Tous deux ont pour obsession de venger leurs morts, ils collectionnent les scalps et sont attachés à Debbie. On pourrait même ajouter qu’ils ont été vaincus par la même armée nordiste.

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A la fin le personnage D’Ethan semble trouver la rédemption mais lors des retrouvailles il choisi de s’éloigner seul condamné dans son destin de Cow Boy solitaire. John Wayne trouve ici ce qui est peut être le plus grand rôle de sa carrière.

Ensuite le casting se compose également de Jeffrey Hunter qui dans le rôle de Martin, représente un peu la conscience d’Ethan. Sa jeunesse enthousiaste et pleine d’espoirs  contredit la vieillesse raciste et hargneuse de son compagnon. On retrouve également Nathalie Wood dans le rôle de Debbie et une Vera Miles à la forte personnalité dans le rôle de Laurie.

Autant dire qu’avec La Prisonnière du Désert, John Ford signe son chef d’œuvre. Pour la première fois le réalisateur livre un western pessimiste qui se débarrasse de tout manichéisme. La Prisonnière du Désert fait incontestablement date dans l’histoire du septième art. Le film aura une grande influence et pas seulement sur le western. Scorsese avouera s’en être beaucoup inspiré pour Taxi Driver et Steven Spielberg calquera carrément plusieurs plans du film de Ford pour Il faut sauver le soldat Ryan.

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Souvent cité comme le plus grand western de tous les temps, des cinéastes tels que Martin Scorsese, John Milius et Peter Bogdanovitch le considèrent également comme l’un des meilleurs films jamais faits. Un chef d’œuvre absolu et le plus grand film de John Ford. A voir Absolument !   

Note : 20/20


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