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Frankenweenie : les rêves nous trahissent parfois…

Publié le 26 octobre 2012 par Wtfru @romain_wtfru

Frankenweenie : les rêves nous trahissent parfois…

Réalisé par Tim Burton
Écrit par John August
Avec les voix de Charlie Tahan, Catherine O’Hara, Martin Short, Martin Landau, Winona Ryder, …

Résumé :

Victor Frankenstein est un jeune garçon ingénieux qui vit paisiblement en compagnie de ses parents et de son chien Sparky, son meilleur ami. Un jour, Sparky se fait écraser par une voiture lors d’un match de base-ball. Victor, d’abord dépité, ne se résigne cependant pas, et décide de ramener son chien à la vie après voir vu une expérience de son professeur, M. Rzykruski. Il y parvient, mais cette résurrection aura de nombreuses conséquences sur la petite ville de New Holland

Avis :

En 1982, les Studios Disney donnent carte blanche à l’un de leur plus talentueux animateurs (il a notamment travaillé sur TRON et sur Rox et Rouky) pour réaliser un court-métrage live censé être diffusé en première partie d’un long métrage de la firme.
Tim Burton, auréolé du succès de Vincent, son 1er (vrai) court-métrage, hommage à Vincent Price, et de son adaptation d’Hansel et Gretel, leur offrit alors, en 1984, ce qui devait devenir un film culte, essence même du cinéma burtonien : Frankenweenie.

Malheureusement, en dépit de la qualité indéniable de ce court-métrage, les pontes de Disney ne furent guère satisfaits du résultat. Jugé trop « bizarre », le film fut jeté aux oubliettes et les fans de Burton durent attendre 1993 et la sortie de L’étrange Noël de Monsieur Jack, d’Henry Selick pour enfin pouvoir voir ce joyau.

Frankenweenie est une histoire typiquement burtonienne qui s’inspire non seulement du célèbre roman de Mary Shelley, mais également de toutes les influences du réalisateur telles les films d’horreur des années 20, les films de monstres (à la Godzilla) ou bien encore les mythiques films de la Hammer ayant pour héros Vincent Price (l’idole de Burton), Christopher Lee ou Peter Cushing.
Ces références étaient déjà évidentes dans la version court-métrage/live de 1984 ; elles le sont encore plus dans cette version long-métrage/stop motion de 2012 !

C’est d’ailleurs en un sens le gros problème de Tim Burton : son utilisation boulimique des mêmes références, des mêmes modèles.
Cela a beau nous enchanté (presque) à chaque fois, au bout d’un moment la sauce ne prend plus, on commence à se lasser et à regretter les chefs d’œuvre et l’imagination d’antan.

Le constat est donc une nouvelle fois des plus éloquents : Tim Burton ne nous surprend plus…

Bien sûr il y a de bonnes choses dans ce Frankenweenie version longue, notamment ces personnages gothico-grotesques tous plus hilarants les uns que les autres (la fille étrange aux yeux vitreux, un délice !). Ou bien encore cette féérie enfantine, digne d’un Spielberg en dépression, qui a fait les grandes du réalisateur et qui parvient par moment, ici, à refaire surface.
Mais dans l’ensemble on ne peut pas dire que ce soit une franche réussite.

Il faut dire aussi que ce long-métrage ne part pas avec un avantage. A l’instar d’Alice au pays des merveilles (2010) et de La planète des singes (2001), il s’agit là d’une adaptation d’œuvre non seulement existante, mais également grandiose.
Et même si passer derrière soi-même semble toujours plus simple (Hitchcock en a donné la preuve en remakant lui-même sa version de L’homme qui en savait trop) que de passer derrière Boulle (ou Schaffner) et Carroll (ou Disney), il ne faut malgré tout pas négliger la tâche ce que Burton a, semble-t-il, eu tendance à faire.

La version courte de Frankenweenie est un des chefs d’œuvre burtoniens : ironie, féérie, ambiance obscure, naïveté enfantine, rythme majestueux, … Il y avait tout dans ce court-métrage pour qu’il se suffise à lui-même.
C’est finalement l’idée de départ (en faire un long métrage) qui est peut-être mauvaise. Certes Burton l’avait en tête depuis de nombreuses années (sans doute depuis ses premiers succès), mais cela justifie-t-il la chose ?
Honnêtement, quel est le réel intérêt de créer une version longue d’un film devenu mythique avec le temps si ce n’est pour prendre une revanche sur Disney et sur tous ceux qui l’avaient jeté ?

On revient toujours aux mêmes points si on réfléchit bien :

1/ Cela ne sert à rien de réaliser un remake si l’on a rien à raconter de plus que l’original

2/ Les films trop longtemps muris par leur réalisateur finissent souvent par décevoir une fois projetés sur la toile

Frankenweenie n’est pas un mauvais film, mais il souffre simplement du fait que Burton se soit engagé (involontairement, bien sûr) sur une pente descendante ces derniers temps.
Burton est peut-être trop connu, trop à la mode pour pouvoir pleinement revenir à ses envolées créatrices qui ont justement provoquées ce renom ?

Et si la solution était que Burton revienne vers la dèche et l’aspect artisanal de ses débuts ?
La clé de son renouveau est peut-être là après tout puisque les gros budgets ne lui réussissent pas !
Alice aux pays des merveilles, Dark Dhadows et Frankenweenie : 3 films typiquement burtonien et plus qu’attendu, et au final 3 déceptions…
Frankenweenie confirme donc l’adage commun qui nous dit « jamais 2 sans 3»…

Vivement le prochain alors ?!


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