Magazine Côté Femmes

Occupy la yourte

Publié le 28 octobre 2012 par Alisabel

J'ai commencé cet article il y a plusieurs semaines, depuis beaucoup de choses se sont mises en place, je vous raconterais ça au fil des mois qui arrivent.

Tout a commencé lors d'une prise de conscience à l'automne 2011

Retour sur les faits : je suis une mère de famille investie, une entrepreneuse dynamique, j'essaie de tout concilier au détriment de mon sommeil, et bien vite, de ma santé.

Un énième ralentissement économique provoqué par d'autres que moi*, met au tapis tous mes efforts de gestion de trésorerie.

Ajoutée à cela, une impitoyable erreur des services fiscaux qui a saisi sur mes comptes bancaires l'équivalent du budget alimentaire de la famille pour tout un mois .

J'ai compris.

J'ai compris que mon dévouement à mon travail, mes mois et mes années d'effort et de travail acharné, ne seraient jamais assez pour échapper à la spirale du désastre économique organisé. Qu'il était inutile de réduire encore et encore mes consommations, tandis que les charges incompressibles augmentent sans cesse (eau , electricité, taxes etc...)

Et que malgré toutes mes pratiques de simplicité volontaire et de moindre consommation, j'ai été rattrapée moi aussi par le rouleau compresseur de l'économie moderne. Malgré des revenus corrects et un travail acharné, je n'étais pas de taille à lutter contre l'augmentation incessante du coût de la vie.

Peu à peu, j'avais glissé moi aussi dans l'esclavage moderne.

Et que mes enfants, avaient droit à une maman autrement que constamment fatiguée et débordée. Et que moi j'avais le droit aussi à un mimimum vital de temps libre, et le droit de dormir suffisamment .

Qu'il était inutile d'avoir un potager si on regrette en permanence de manquer de temps pour s'en occuper

Qu'il était idiot de travailler pour payer des biens ou des services que je pourrais fournir moi même si je travaillais moins.

Enfin consciente qu'en respectant toutes les règles et en travaillant tant et plus pour y parvenir, je ne faisais qu'alimenter le système qui me broyait.

J'ai refusé de poursuivre dans cette folie. 

J'ai fait le projet de m'affranchir de toutes ces contraintes, de vivre sans loyer ni crédit, sans factures d'eau ni éléctricité ni gaz, avec le moins de dépendances possibles.

Et de retrouver le plaisir du temps, de faire des choses pour ma famille et non pour payer des factures, de cultiver la terre pour nous nourrir, au lieu de passer le même temps  à travailler pour pouvoir acheter de la nourriture.

La décision fut prise de mettre en vente la belle maison bioclimatique et d'installer la famille de la prairie dans un lieu hors de la pression économique. Décision douloureuse, car cette maison était pour nous bien plus qu'une habitation, elle était notre lieu de vie, de travail, le lieu de naissance des enfants, notre havre de paix. 

La belle maison en bois a bien vite trouvé acquéreurs, à un prix nous permettant de réaliser nos projets.

Nous avons remboursé aux banques l'argent qu'elles nous avaient prêté alors qu'elle ne l'avaient pas *  et après plusieurs péripéties extrêmement stressantes, nous avons trouvé un point de chute temporaire dans les montagnes cévenoles.

Nous sommes donc venus doubler (oui oui!) la population de ce hameau quasi abandonné, entouré de forêts et de sources. Dans un site exceptionnel, où les ressources naturelles abondent, où l'on a de belles rivières pour se rafraichir et une belle terre pour nos cultures.

J'ai découvert rapidement que je me trouvais sur la terre de mes ancêtres : je porte le nom de la moitié des habitants natifs du coin, et à une vallée seulement du village natal de ma famille paternelle.

Je me sens tout à fait à ma place dans ce haut lieu de contestation (nous sommes tout près du Larzac), où les démarches alternatives pulullent, où la résistance au néo libéralisme est forte (gaz de schiste en première ligne).  Ainsi je me sens reliée au passé de résistants de ma famille.

Arrivés là par hasard (mais en est ce vraiment un ?) je me trouve en fait exactement là où je dois être. La décision n'a pas été difficile à prendre, nous resterons ici.

La première yourte est montée, elle servira dès la rentrée d'atelier pour BébéSouleil et de salle d'activité pour les enfants. Une deuxième grande yourte est en fabrication, pour nous servir d'habitation. En attendant nous dormons dans une autre petite yourte prêtée temporairement par le fabricant

Depuis le début de l'été, une dynamique nouvelle a fait jour dans le hameau, où plusieurs autres personnes sont venues nous rejoindre définitivement. Dans une démarche d'habitat groupé, nous reconstituons une grande famille, une tribu.

Nous partageons plus que des valeurs communes, une certaine logique d'économie et de bien vivre ensemble : une machine à laver pour 7 personnes, une connection internet pour 3 habitations, une grande voiture pour se déplacer à plusieurs, des outils, du matériel.....

Ensemble, nous avons le projet d'assurer notre autonomie dans la plus large mesure possible, et les choses se mettent en place : panneaux solaires, récupération d'au de pluie, réhabilitation du verger, du potager. Mais aussi récup des invendus dans les magasins, conserves pour l'hiver , cueillette des comestibles sauvages....

Tous informés de l'effondrement économique**en cours, et de ses conséquences gravissimes pour les populations (voyez la Grèce, l'Espagne, bientôt chez nous),  nous prenons les devant et sortons de ce système délétère qui ruine notre avenir et celui de nos enfants.

Les bibous ne sont pas scolarisés, ce qui répond aussi à une logique d'indépendance et à la cohérence de notre démarche, je ne vois pas l'interêt de faire 25 minutes de piste difficile tous les matins pour aller les déposer entre 4 murs alors qu'ils s'épanouissent dans un univers aussi riche.

Et pour achever de vous communiquer l'énergie qui m'anime et le bonheur que je vis , voici une petite photo de ce que nous voyons tous les jours :

octobre-2012-125.JPG

  * voir ici E Chouard et Myret Zaki

* voir le film l'argent dette de paul grignon

°* faites vous une idée de ce qui nous attend : le blog de jovanovic

plus d'infos dans la vidéothèque d'acampada montpellier


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