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Frédéric de Hohenstaufen, de Benoist-Mechin

Publié le 28 octobre 2012 par Triton95

De Benoist-Mechin, je ne savais rien. On le voit apparaitre dans une émission d’apostrophes, avec Bernard Pivot, un peu raide, il est venu présenter une biographie d’Alexandre. Je me suis plongé dans cette biographie de l’empereur Frédéric II, et j’étais pris par l’intrigue, en quelques paragraphes, il pose la mentalité de ce haut-moyen-âge : pas de système de droit, mais des engagements personnels qui maillent fortement la société. L’histoire vaut tous les romans historiques, parce qu’elle est vraie. Le suspense est prenant, parce que les coups de théâtre, les retournements spectaculaires ont permis à Frédéric II d’avancer alors que le rapport de force était contre lui. Jacques Benoist-Mechin était un orientaliste, versé dans les langues anciennes, ce n’est pas un thriller, sa culture, son background sont prodigieux.

J’ai découvert qu’il avait été l’ami de Proust, avait été expert dans les relations avec les pays arabes et avait publié un « printemps arabe » en 1959. MAis ce qui est le plus troublant, c’est l’admiration qu’il a manifesté pour Hitler, qui lui fit rejoindre le gouvernement de Vichy, avec des visions ultracollaborationnistes. Condamné à mort en 1947, il fut gracié par Auriol. On le voit dans cette émission de 1977, soit seulement trente ans après les évènements, et il ne semble pas mis en cause par son époque, ni questionné. Ce court extrait nous montre combien la vision des années 70 sur Vichy était éloignée de la nôtre. On ne se retournait pas de la même manière sur le passé, il paraissait bien plus lointain qu’aujourd’hui. Vichy est aujourd’hui comme un affleurement d’une roche plus ancienne.

On se demande comment cet homme cultivé, maitre en langues anciennes et orientales a pu se prendre d’enthousiasme pour le fuhrer, écrire pour défendre « mein Kampf » qui est un horrible salmigondis. Tout comme Kantorowicz, lui aussi biographe de Frédéric II. Ont-ils projeté sur leur personnage l’admiration qu’ils ont voué au petit caporal ? une part de leur vision ? c’est possible. Comment ont-ils pu passer de la haute-culture au nazisme ? ou est-ce que le nazisme contenait une vision hyper-élitiste qui les a séduits ?

Frédéric de Hohenstaufen, de Benoist-Mechin



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