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Dégustation de vin à Battambang

Publié le 28 octobre 2012 par Cambodiaexpat @Cambodiaexpat

Battambang n'est pas très connue ni encore très fréquentée. Vous connaissez maintenant mon copain Reth (sinon, allez relire cet article), et lors de notre escapade motocyclettesque, direction les vignes, pour une dégustation de vin.

Pour un Français, boire du vin est dans ses gênes. Partout où il y a du vin, il y a des français, et vice versa. Ce n'est pas chauvin, il y a des vins sublimes en dehors de la France, et certains pays ont acquis la renommée de pays " émergents qualitatifs ", tels la Nouvelles Zélande, le Chili ou, depuis longtemps, l'Afrique du Sud.

Disons-le tout de suite : le Cambodge n'est pas un " émergent " et encore moins... " qualitatif ". Ca casse le suspense... mais lisez cette aventure de la dégustation dans l'unique " chais ", à Battambang, de la production locale.

Pour ceux qui connaissent, déguster un vin nécessite un minimum de conditions. Sans chipoter et intellectualiser, genre " à moins de 10 degrés ton vin ne développe pas tout son potentiel aromatique, en particulier les fruits blancs sont enfermés... etc... ", la visite du domaine de Battambang, dont je n'ai pas trouvé le nom, vaut le détour. En plus, c'est écrit dans mon guide de voyage préféré, le Lonely Planet.

5 hectares de Syrah et de Grenache, principalement, les vignes venant de France. C'est bon signe, ce sont des cépages de soleil et de chaleur, qui laissent présager un vin puissant et très aromatique.

Arrivés sur les lieux, nous découvrons un accueil à la cambodgienne : une femme replette, la cinquantaine, nous installe sur une grande table en bois. Les autres " dégustateurs " sont tous khmers et viennent en famille. Je ne sais pas pourquoi mais je me dis que le vin que l'on va déguster dans quelques minutes n'est pas un vin de connaisseurs (mauvaise langue...).

Comme à l'habitude, beaucoup de bruit, des gens qui circulent partout, ça rote un peu et ça rit beaucoup. D'autant que maintenant, il y a un barang à la table.

4 verres disposés devant moi, après l'annonce du tarif de dégustation (big taste 2 dollars, small 1 dollar), nous prenons le big, n'ayons peur de rien.

Arrivent les bouteilles. En réalité, un seul vin est disponible, il sort du frigo, c'est un rouge avec une étiquette rose et dorée.

Et les autres verres ? C'est pour le jus de raisin, le jus de gingembre et le jus de... je ne sais pas.

Il fait environ 32 degrés, le vin est à 8. Mais en alcool, il titre tout de même 12,5. Notre hôte a du mal avec son tire-bouchon. La bouchon se casse. Elle insiste, le reste du bouchon tombe dans la bouteille. elle sourit, son maquillage se fendille, on va bien rigoler.

On oublie bien sûr la décantation et le passage en carafe, qui auraient sans doute fait évacuer un peu d'alcool pour que l'on sente un peu le fruit. Passage direct au verre façon garçon de café, mais pas rempli à ras bord, non, on donne peu parce que " veryyy good wine sir ".

Je ne vais pas la faire " dégustation ", prenant mon verre par le pied, regardant d'un air concentré la transparence du verre (par ailleurs pas très propre) ni fermer les yeux au moment où je mets mon nez dedans. J'ai compris que tout effort inutile ici me fait perdre un litre de transpiration et génère un peu de stress. Et qu'il faut faire simple.

Alors je prends le verre et je regarde la couleur qui ne laisse pas présager un vin qui a du corps. Rouge pâle, brillant, on dirait un vin rouge de Loire, un gamay en plus clair. Je déteste le gamay. En tous cas, c'est un vin jeune ou mal vinifié.

Au nez, je n'ai pas réussi à passer outre l'alcool, malgré avoir tourné le verre plusieurs fois, ce qui a eu le mérite de réchauffer un peu le breuvage. Rien n'y a fait. J'y ai trouvé un petit arôme de fruit rouge, mais bon, je pense que c'est mon imagination.

J'hésite. Je passe direct au jus de gingembre ou je continue ? Vu le regard langoureux de notre hôte, l'insistance de Reth et son envie irréprescible de connaître l'avis d'un français, je poursuis. Je ne veux pas les décevoir.

En bouche, je découvre une attaque (très) acide et alcoolique. Ces premières secondes sont très longues, parce que je dois sourire en même temps tout en me demandant comment mon estomac va réagir. Normalement, après avoir mis le vin sur la langue se dégagent des arômes et pour le Syrah, ils peuvent être de framboise, de pain grillé, de petits fruits rouges, de cuir... Ici, rien ne vient. Ca a fait pschitt. Passé l'acidité et l'alcool, plus rien ; si, un peu de goût de vin pas fini.

La petite femme en robe à fleurs approche et se penche, laissant dévoiler une poitrine très grasse. " good, sir ? ". " Ohhh, well, you know, I like it, yes, Do you make it here ? " Après cette pathétique tentative de changer de sujet, elle m'emmène au " chais ", 5 ou 6 fûts en inox protégés par un auvent, qui sert aussi de garage a motos. Il fait 32 degrés... le vin se " bonifie " dans ces fûts, qui en réalité sont des citernes coréennes que l'on utilise habituellement pour stocker l'eau au dessus des toits.

Tout cela est décidément très sympathique et sans prise de tête. Je ne fais pas la fine bouche, mon copain Reth est content, je passe aux jus de raisin (excellent), de gingembre (vraiment excellent) et au jus de... (très amer).

Allez donc faire un tour, pour l'ambiance !

Plus d'informations sur Battambang ? Cliquez ici, super initiative de plusieurs hôteliers amoureux du coin.


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