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D’une photographie, l’autre

Publié le 28 octobre 2012 par Rolandlabregere

La première photographie a été réalisée en 1950 à Paris par Robert Doisneau. Cette image montre un couple d’amoureux s’embrassant en marchant devant la terrasse d’un Café, place de l’Hôtel de Ville. Elle a été maintes fois commentée en raison de sa composition, de l’angle de prise de vue. Image-culte, elle nous dit beaucoup des années de l’après-guerre.

D’une photographie, l’autre

Une photo culte du XXème siècle

Elle a donné lieu à de vifs débats quant au parti-pris adopté par Doisneau. http://www.journaldesfemmes.com/actu/05/0418doisneau.shtml

La seconde photo a été réalisée le 23 octobre 2012 à Marseille à l’occasion d’une manifestation organisée par l'association Alliance Vita qui milite pour la discrimination des droits des homosexuels. La manifestation semblait préparée comme une opération coordonnée dans plus de soixante dix villes. Cette photo comprend un arrière-plan, une foule de femmes majoritairement vêtues du blanc qui protestent contre la possibilité d’accorder le droit à l’adoption de personnes de même sexe. Au premier plan, deux jeunes femmes s’embrassent devant les manifestantes qui s’indignent de ce geste en criant des slogans hostiles. La photographie est l’œuvre d’un journaliste de l’AFP. La photo, souvent recadrée, est très vite catapultée sur le Net.

D’une photographie, l’autre

23 octobre 2012 Marseille. S'embrasser contre l'homophobie

Les organisateurs issus de courants catholiques extrêmes tentent de peser sur la société qui, entre modernité et évolution des mœurs, banalise les attitudes et les comportements, naguère marginaux. Une frange de l’Eglise, nostalgique des temps où elle tenait le monopole de dire la morale, entend s’opposer à l’évolution des mœurs et des demandes sociales. Aujourd’hui, selon un sondage publié dans La Croix (11 octobre 2012) 1% des 25-34 ans fréquente le culte dominical. La sécularisation a fait définitivement basculer les orientations de vie du domaine du sacré à celui du profane. Elle a commencé, faut-il le rappeler, par le passage de certaines fonctions exercées par le clergé à l’Etat comme l’état-civil, l’enseignement, la santé. L’instauration de la laïcité, en France, s’exprime par la loi du 9 décembre 1905 proclamant la séparation de l’Etat et des Eglises. Elle dispose qu’aucune confession n’est privilégiée tout en garantissant la libre expression de chacune. Les questions relatives à la vie des citoyens ne peuvent en aucune manière être influencées par des lobbies confessionnels. Le gouvernement, en s’en tenant, au strict respect de l’engagement 31 du candidat Hollande vis-à-vis du mariage de personnes de même sexe, n’a visiblement pas pris la mesure des attentes.

L’uniformisation blanchâtre des manifestantes, parées comme les disciples d’une secte néo-païenne en attente de participer à une cérémonie d’initiation, soumises à une mise en scène destinée à communiquer leur position est contrariée par l’allure simple de deux filles en tenue de tous les jours. La photo raconte plus que les instants volés à l’ordonnancement d’une manifestation qui se réclame clairement  de l’inégalité civique selon l’orientation sexuelle.

Ces deux photos témoignent de l’actualité et du contexte de leur réalisation, l’après-guerre pour la première et l’évolution de la cause gay pour la seconde. Celle-là, en dit long sur la persistance de postures et des actions de discrimination. Le philosophe Ruwen Ogien plaide pour une « éthique minimale » laquelle agit pour la plus grande liberté possible, le plus de droits et le moins de règles morales. La photo désormais culte du Baiser de Marseille répond à la photo de Doisneau et l'actualise.


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