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Idées reçues sur les médecins

Publié le 31 octobre 2012 par Melanieinfirmiere
Idées reçues sur les médecins  

Je copie colle ci après un article trouvé sur Rue89.com sur les idées reçues vis à vis des médecins :

 

 

Déserts médicaux, dépassements d'honoraires, études payées par l'Etat : un étudiant en dernière année de médecine répond aux critiques.

Tribune

Etudiant en dernière année de médecine, je souhaite répondre à certains arguments avancés, particulièrement dans les commentaires de Rue89, par les défenseurs de la loi réglementant les dépassements d'honoraires et sur la liberté d'installation.

Qu'on soit pour ou contre, certains points méritent d'être clarifiés. J'ai tenté ici de répondre aux idées reçues les plus fréquemment rencontrées.

Ce texte n'engage bien sûr que moi.

 

« Les dépassements d'honoraires coûtent cher à l'Etat »

Directement, les dépassements d'honoraires ne coûtent pas un centime à l'Etat. Ils correspondent, par définition, à une part facturée par le médecin mais non remboursée par la Sécurité sociale.

Ils sont nés d'un côté de la volonté des médecins d'avoir des revenus confortables, et de l'autre du désengagement de l'Etat. L'Etat a bloqué les tarifs des actes ou les a insuffisamment augmentés afin de réaliser des économies. En contrepartie, il a autorisé les médecins à effectuer des dépassements. Les dépenses sont, au final, assurées par le patient, la Sécurité sociale et la mutuelle. D'où l'augmentation du tarif des mutuelles.

Ces revenus sont à confronter :

  • à la durée d'études (jusqu'à douze ans) ;
  • à la charge de travail (environ 70 heures par semaine) ;
  • à la responsabilité médico-légale ;
  • à l'impossibilité de prévoir quelle spécialité on fera le reste de sa vie avant la sixième année ni où on la fera...

Enfin, il faut noter que les médecins commencent à bien gagner leur vie uniquement à la fin de leurs études, ce qui correspond pour certains à la fin clinicat (ils ont alors 30 ans passés).

Certains médecins facturent des dépassements abusifs, la majorité des médecins le reconnaissent. Mais ces médecins sont très minoritaires. Le patient peut simplement ne pas aller les consulter (à condition que le dépassement d'honoraires soit annoncé avant la consultation, ce qui n'est pas toujours fait). De même pour un médecin hautain, irrespectueux ou qui n'explique rien.

Le Conseil de l'ordre et les patients ont déjà les outils nécessaires pour les sanctionner.

 

« Il faut obliger les médecins à s'installer soit deux ans, soit cinq ans dans un désert médical »

Il faut rappeler qu'un médecin, s'il fait un clinicat, s'installe dans le privé à 30 ans minimum, et à 35 ans maximum. Sachant que beaucoup de médecins sont en couple avec un autre médecin, comment débuter une vie de famille avec sa femme en Bretagne pendant cinq ans pendant qu'on est en Seine-Saint-Denis ?

Comment accepter d'aller dans une région que les autres sont en train de déserter pour de nombreuses raisons, dont l'absence d'infrastructures ? Il y aura un médecin mais pas de cinéma, pas de bureau de Poste, pas d'école, pas de commerce...

Aussi le réseau de soins sera incomplet : il manquera les infirmiers et aides-soignants, les pharmaciens, les kinésithérapeutes…

L'Etat est en partie responsable de cette situation et doit trancher entre deux attitudes :

  • favoriser la ruralisation en ouvrant des maisons de santé ;
  • ou encourager la désertification des campagnes en fermant des écoles.

De plus, contrairement à toutes les autres professions où il n'y a pas de liberté d'installation, les futurs médecins sont pris au dépourvu : on leur annonce la réforme en cours d'étude.

Il faut rappeler pour être impartial que cette volonté coercitive existe aussi bien à l'UMP (pendant la loi HSPT ), au PS (Martine Aubry pendant la primaire socialiste) qu'au centre.

 

« L'Etat leur paie leurs études, leurs plaintes sont indécentes »

Premièrement, l'Etat paye toutes les études : l'Etat paye indirectement votre maternelle, votre collège, votre lycée, parfois votre fac...

Deuxièmement, en comparant les prix des différentes études, les études les plus chères sont les classes préparatoires aux grandes écoles. Certes plus courtes, mais deux fois plus chères [PDF] par année d'étude.

Troisièmement, je pense que l'étudiant en médecine, bien que rémunéré (20 euros pour la garde de nuit), rapporte plus à l'hôpital qu'il ne lui coûte. Le stage est certes un lieu d'apprentissage indispensable mais l'externe est aussi là pour « dépanner ». Cela va du brancardage au secrétariat (il m'est par exemple arrivé de photocopier un dossier de 50 pages recto-verso à 4 heures du matin à l'hôpital Trousseau).

Dans la grande enquête réalisée par l'Intersyndical national des internes des hôpitaux (Isnih), les internes se plaignent surtout de la non-application de la loi. Rien de plus, rien de moins. Un interne sur cinq n'a pas son repos de garde. Pour rappel, il consiste en un repos obligatoire après une garde de nuit : pas de chirurgie, pas de prescription. Dans certains services, ils pratiquent seuls les opérations faciles le lendemain de garde (exploration d'une petite plaie de main, mise à plat d'un abcès, ablation de matériel).

Le salaire ne correspond tout simplement pas à la charge de travail et de responsabilité. Comment accepter d'avoir un bac +6 (jusqu'à bac +11) et de toucher 130 euros (et deux centimes !) pour une nuit de travail (quand elle est payée) ? La qualité des soins en pâtit, d'après le même sondage réalisé auprès des internes. C'est dans l'intérêt des patients de défendre les internes sur ce point-là.

 

« Les médecins utilisent l'argent des dépassements d'honoraires uniquement pour acheter du matériel »

Si c'était complètement faux, vous feriez des radiographies avec des machines de l'ère soviétique et les patients ne connaîtraient pas les mots « laser », « IRM » et « endoscopie ».

Si c'était complètement vrai, les médecins n'auraient pas les revenus qu'ils ont.

La vérité est certainement entre les deux. L'analyse des revenus bruts des médecins n'est pas interprétable. Ces revenus servent aussi à payer l'assurance (surtout pour les échographistes), le cabinet (entre 1 000 et 2 500 euros par mois), éventuellement une secrétaire, une personne pour faire le ménage...

Prenons certains exemples :

  • l'échographe de votre gynécologue coûte environ 500 euros par mois ;
  • l'électrocardiogramme peut être facturé 13,52 euros à la Sécurité sociale, la machine qui sert à le faire de 500 à 2 000 euros. Le cardiologue l'utilisera systématiquement, mais comment le généraliste rentrera dans ses frais ?
  • l'installation d'une IRM coûte entre 400 000 et 800 000 euros ;
  • une secrétaire avec les charges : 3 000 euros par mois
 

« La médecine est une vocation »

Souvent, mais pas forcément. Médecin est aussi un métier, et cela implique une rémunération. Essayez de manger gratuitement à un restaurant avec cet argument...

Pour le mot de la fin, je vais citer ce que les médecins disent parfois :

« J'ai une vie en dehors de l'hôpital. »

Source : http://www.rue89.com/2012/10/30/mes-reponses-vos-idees-recues-sur-les-medecins-236627


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