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287ème semaine politique: couacs, crise, et claques.

Publié le 03 novembre 2012 par Juan
287ème semaine politique: couacs, crise, et claques.
Semaine stupéfiante, rassurante et inquiétante.
On aurait pu s'attarder sur des lois, des décisions. Mais quelques médias prétendument importants n'en avaient que pour les couacs. La forme plutôt que le fond. L'un d'entre eux fit même sa une, la veille d'un jour férié catholique et d'un hommage aux victimes de Merah, sur cet Islam qui gêne. A quelques heures de la venue d'un premier ministre israélien, c'était d'une coordination éditoriale assez cocasse et dégoutante.
Quand Sarkozy était président, nous fouillions les entrailles de ses discours, les détails de ses vomis législatifs, les rapports sur ses actions.
Que ce temps-là semble loin !
L'opposition de droite est trop occupée à sa campagne présidentielle interne. Plutôt que de parler du fond, l'UMP attaque l'amateurisme supposé du gouvernement Ayrault. On sourit en pensant à Christine Lagarde, Bernard Laporte ou Rachida Dati.
L'opposition d'extrême droite, qui n'est plus très loin de là, attend en embuscade. Marine Le Pen semble franchement ravi que le candidat Copé poursuive l'oeuvre de national-droitisation de l'UMP que Nicolas Sarkozy avait entamée. A gauche, on fustige les symboles, on râle en général et surtout tous les jours. Il n'y a donc que Copé pour appeler à la révolution dans la rue moins de 6 mois après une élection qu'il estime volée.
Qui propose ?  La majorité vote même des niches fiscales de gauche et personne ne s'en félicite.
Au final, la critique contre le gouvernement était donc toujours brouillonne, toujours contradictoire. François Hollande en fait trop et pas assez; il nous assomme d'impôts, mais ne fait rien pour l'équilibre des comptes, il était amateur mais il fallait défiler car ses mesures menacent la République.
Au final, nous n'écoutons plus.
Lundi, le feuilleton Gallois se poursuit. L'ancien PDG doit remettre son rapport dans 10 jours. Personne ne l'a lu. Mais tout le monde en parle. Quelques conseillers élyséens avaient lâché l'idée d'un « choc » de compétitivité, c'est-à-dire un allègement massif de cotisations sociales au détriment de l'impôt. Le Figaro publie un faux scoop, des extraits d'un rapport qu'il n'a pas lu. Cela ne choque aucun de ses prétentieux confrères. Dimanche, 98 grands patrons réclament une baisse de charges. Sur son blog, la députée Karine Berger rappelle pourquoi un tel basculement de charges vers une réduction des dépenses publiques et une hausse de la TVA serait le plus sûr chemin vers la récession durable. Vendredi, lendemain de Toussaint, Arnaud Montebourg avance ses préconisations, 20 milliards d'euros d'allègements de cotisations ciblées pour les entreprises qui investiraient, financées par toutes sortes d'économies voire des relèvements de charges chez les secteurs les moins exposés à la concurrence internationale.

Le débat médiatique se focalise donc sur ce rapport que personne n'a lu et le coût du travail. L'excuse est trop belle. Oubliée la crise des matières premières ! Oubliée la régulation de cette finance présentée comme le déclencheur de notre Grande Crise en 2008 ! Quand le Conseil de Stabilité Financière actualise sa liste des banques à risque systémique, c'est tout juste si l'information fait l'objet d'un article de la presse économique. Il faut attendre mercredi pour entendre quelques secondes de commentaires au journal de 8 heures de France inter sur l'efficace lobbying bancaire pour maintenir les CDS, ces instruments de spéculation internationale. 
Dans la nuit de mardi à mercredi, le Sénat rejette la loi sur la tarification progressive de l'énergie. Les élus communistes et UMP se sont joints pour récuser le projet sur des motifs de formes. Il serait trop compliqué et il faudrait davantage en discuter. On croyait que la France était impatiente. Ces gens-là nous amusent.

Mardi, ça barde à Notre-Dame-des-Landes. La ministre Cécile Duflot doit expliquer pourquoi elle est encore au gouvernement quand des gendarmes casqués chargent et fichent ses copains opposants à l'inutile aéroport près de Nantes.
Mardi encore, Google envoie le patron de sa filiale française, Eric Schmidt, à l'Elysée. Il vient de se plaindre d'une vilaine taxe. Google est un modèle d'évasion fiscale. Il génère 4 milliards de clics sur des sites français, génère presque autant d'euro de bannières publicitaires, mais de ne paye quasiment pas un centime de contribution fiscale. C'est un modèle, on vous dit (*). Fin septembre, le géant a fermé sa cagnotte irlandaise. Le site Owni a débusqué le montant, 12 milliards d'euros de revenus au centre d'une jolie polémique: le fisc français réclamerait son dû. On apprend deux jours plus tard que le géant est débouté en justice de sa demande d'annulation des perquisitions de l'été 2011. La vie est rude.
Mercredi, c'est le pompon.
Les ravis de la crèche médiatique passent l'entièreté de la journée à commenter les commentaires sur 4 lignes de Jean-Marc Ayrault à propos des 39 heures. Il y a même cette journaliste du soir sur iTélé, qui insiste auprès du député socialiste Guillaume Bachelay: mais Ayrault ne devrait-il pas démissionner ?
Vu de loin ou du ciel, on se frotte les yeux. Il y a la crise, le chômage, le 300ème SDF mort dans la rue de l'année. Il y a aussi cette charge, bien justifiée, d'un député PS contre la TVA réduite sur la restauration, une hérésie économique, écrivait-il. On aurait pu également se ravir des 30 premières conventions d'emploi d'avenir, signées ce mercredi.
Jeudi, la ministre des affaires sociales Marisol Touraine se félicite que 28.000 nouveaux retraités aient pu bénéficier du rétablissement de la retraite à 60 ans pour les carrières longues. Elle a raison. Ils seront 100.000 l'an prochain. Des journalistes plus concernés par autre chose que le buzzomètre auraient pu relayer la demande récurrente des laissés-pour-compte de l'Allocation Equivalent Retraite supprimée par Nicolas Sarkozy l'an dernier.  Mme Touraine a promis d'inclure le sujet dans la négociation des retraites l'an prochain.
Benjamin Netanyahu est en visite en France. Hommage aux victimes de Merah, à Toulouse. Sur l'estrade dressée dans l'école, le premier ministre israélien est comme en campagne. François Hollande a livré un discours sans détour contre l'antisémitisme bondissant qui sévit dans le pays. Dans la foulée, quelques autres éditocrates commentent sans vergogne le spectacle et oublie le message.
On se pince...
Vendredi, une militante française de la cause basque est extradée en Espagne. Manuel Valls, l'ancien immigré espagnol devenu Français puis ministre de l'intérieur n'en fait-il pas trop ? La situation se calmait, ETA était en silence. Valls peut croire très sincèrement que la gauche ne doit pas échouer sur la sécurité. Mais quelle menace Aurore Martin faisait-elle courir au pays en militant pour un parti légal ?
Un sénateur socialiste, ancien Hollandais de la première heure mais éconduit du ministère de la Justice qu'il espérait, appelle son ancien mentor à expliquer son cap. Pourquoi pas ? Mais l'appel est surprenant car le sieur André Vallini - c'est lui - choisit le Figaro pour cela.
Et pourquoi pas Minute ?
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