Temps de sable tiède

C'était étrange
J'avais enchaîné les ventes
Les clients les sourires
Pendant deux jours
Caméléon de la clientèle
Camé aux anti-douleurs pour que ma jambe suive
Et le soir libéré de tout ça
(Mes chiffres pas si mal en début de mois
Les démonstrations de produits
Comme des films sur leurs yeux)
Me contentais de lire Bukowski
Son énergie des mots son amour des femmes
Son rire face à la souffrance
Et j'en étais au
Troisième joint
De l'énergie à trouver dans mes mots
L'amour des femmes
La douleur physique enfouie.
Le téléphone
Trois personnes
Veulent me voir
Ce n'est pas que je me suis
Laissé convaincre, encore moins avoir
La fatigue mise de côté
Ça roulait d'avance.
Feux verts sous la pluie messine
Ma frye qui défonce l'accélérateur
Une place de parking
Et c'était dans la poche
Les dieux avec moi
(seul celui qui n'a jamais
cherché de place de parking
ne peut comprendre)
Une clope avant d'entrer dans le pub
Et ça lui faisait plaisir de me voir
Pas pu m'empêcher
De poser mes yeux
Sur sa silhouette.
T. m'offre un verre
Toute une vie entre le boulot
On trinque
Je vois la douceur des yeux bleus
Un instantané
Rappel de la tiédeur de sa peau
A l'époque.
Ma mémoire me faisait défaut
Quant aux dates
(Enormément de morts et de renaissance
Beaucoup trop
Pour une seule vie
Qu'importe)
Mais les sensations étaient toujours
Aussi nettes
La gêne tiède dans le creux du ventre
En discutant avec elle
Devenue une jeune femme
Je sentais sa chaleur à deux mètres
L'impression que le temps
Ne s'était pas arrêté
N'avait pas
Particulièrement
Fait retour arrière rapide
Simplement une parallèle
A ce qui se passait autour.
Je sentais à l'intérieur tes yeux sur moi
Et ton sourire
Ton profil dans mes regards en coin.
Et puis la fin de ce temps
Je suppose qu'on retourne
Chacun à notre route
Jusqu'au prochain croisement?