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Lipietz : La crise du libéral-productivisme

Publié le 04 novembre 2012 par Boprat
Source : Télérama n°3273
Propos recueillis par Weronika Zarachowicz
(oui j'écluse mes stocks d'articles mis de côté...)
Extraits :
  • [à propos des OGM] il ne faut pas s'enfermer dans les polémiques experts VS contre-experts [...] Le vrai problème, c'est que les consommateurs ne veulent plus servir de cobayes et que les paysans ne veulent plus être asservis aux firmes agro-industrielles.
  • Nos dirigeants, y compris chez les Verts, n'envisagent que la crise financière, et au mieux la crise "énergie-climat". Ils refusent de voir la crise alimentaire. [...] qui résulte à la fois de l'artificialisation de l'agriculture et du libéralisme de la Banque Mondiale. [...] En outre, elle renforce la crise énergétique : 50% des gaz à effet de serre sont produits par le système alimentaire, qui s'étend bien au-delà de la seule agriculture ! [ces 2 crises] se nourrissent l'une de l'autre.
  • ce problème général de la politique [...] C'est, en partie, le résultat de la marchandisation de la politique, qui suit le mouvement général de la société.
  • Heureusement, au niveau local, des collectivités s'activent [...] un savoir-faire local de la transition énergétique et alimentaire se met en place
  • Selon la Confédération Européenne des Syndicats (CES), si vous remplacez une agriculture chimique par une agriculture bio, c'est 40% d'emplois en plus. Si vous développez les transports en commun pour diminuer de 30% les émissions de GES d'ici 2020, vous détruisez 4,5 millions d'emplois dans l'industrie européenne de l'automobile individuelle, mais vous en créez 8 dans les transports en commun, depuis la construction des autobus ou des tramways jusqu'à leur conduite, via l'aménagement de sites propres.
  • Autrement dit, le traité budgétaire, le "traité de la règle d'or", qui nous interdit d'avoir un déficit, est fondamentalement anti-écolo et nous enlise dans la crise.
  • Nous étions convaincus que pour assurer la prospérité et l'indépendance de la France, il fallait qu'elle soit championne dans le modèle productiviste. Aujourd'hui, on traîne ces vieux colosses, nés dans le giron de l'Etat - l'industrie nucléaire, pétrolière, agroalimentaire artificialisé...
  • Qui est responsable du déséquilibre de notre balance commerciale, de notre endettement ? Ceux qui ricanent quand l'Allemagne et le Japon sortent du nucléaire.
  • [Pourquoi les français ont-ils tant de mal à fixer ces fameux horizons ?] C'est un cocktail : perte de vue du collectif, perte de la culture des négociations collectives sur l'avenir, poids des lobbies d'Etat, même privatisés. Et parce qu'une partie de la population ne comprend toujours pas ce qu'est la crise écologique. Nous sommes encore sous la coupe du modèle profondément anti-écolo des années 1960, et que Rudolf Bahro appelait "les intérêts compensateurs". Vous êtes malheureux à l'usine, vous bossez comme des bêtes, mais, en échange, vous aurez des autos, le bifteck midi et soir et la baignoire dans chaque HLM : c'est le grand compromis auto-boulot-bifteck
  • Évidemment renverser cet imaginaire - très machiste ! - est douloureux : allez convaincre que les légumes ne sont pas une nourriture de gonzesses, que le vrombissement de la bagnole n'est pas l'indice de la virilité !
  • C'est moins une mutation politique que culturelle. Et donc personnelle. Aux écolos de faire rêver d'un modèle sobre, mais convivial et joyeux, et d'en jeter les bases dès maintenant, sur le terrain...
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