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L'écran se tourne

Par Deathpoe

[ La seule chose, et la plus simple mais aussi, quelque part, la plus douloureuse, est que cet espace, l'ensemble de cet univers créé années après années doit laisser place à son successeur.
Dimanche 4 Novembre 2012. 22h45. Je tiens à noter cette heure et cette date officiellement. Beaucoup ont leurs habitudes "ici" chaque jour mais jamais il ne m'a semblé avoir quoi que ce soit à donner, partager. Pour ne pas en faire un plat, le nouvel espace sera aussi matière à restructuration, à des changements de catégories, peut-être même à une certaine régularité. Peut-être des articles plus spécifiques. Peut-être vraiment, essayer d'apporter quelque chose, de toucher, faire rire ou foutre en rogne.
La nouvelle adresse sera au bas de cette tartine beurrée tombée dans la tasse de café brûlant. ]
Lundi 5 Novembre 2012.
17h22
Ça prendrait des airs de journal intime, bon dieu non. Ça ressemble surtout à ma présentation de lettres. Maintenant tout se fait par SMS, mails. Et je suis en première ligne de cela. Je vends des écrans et sépare les gens. Je peux me justifier en disant que c'est mon boulot et que, par bien des côtés, je l'aime tel qu'il est. Et puis, à être foutu de passer des nuits pour configurer mes Macs et j'en passe, je peux parler. Il y a aussi de ça. Celui qui essaie d'écrire ne peut pas en même temps vendre en ayant le sourire, fidéliser ses clients, être un consommateur presque que comme il faut. Même donner des cours sur matériel Apple, à côté, et espérer rejoindre l'enseigne un jour. Travailler avec ce foutu T-Shirt dans ce même magasin mais aux côtés de D. - mon ami, mon grand frère à la sensibilité, la curiosité, l'humanité et à l'intelligence sereines, démesurées -, et ne plus avoir à plier devant mon petit boss.
Et celui qui vend, celui qui est socialement parlant ou que sais-je, ne peut trop se permettre de cracher sur ce monde devenu dingue, enregistré sur clef USB et dans l'attente du prochain crash informatique. Merde, je ne sais pas. Sur le papier et pour de vrai je suis un tissus de contradictions.
Les écrans font la jonction. Plus de pseudo plus de nom. Et je fais ma pute sur Facebook en prétextant intérieurement m'adapter aux moyens de communication et de diffusion actuels, et c'est autant fatiguant qu'à l'époque où je courais concours de nouvelles et de poésie en ayant beaucoup trop souvent la flemme de rendre les textes à temps. Et toujours cette question, à quoi est-ce que je peux prétendre putain?
Je crois que nous vivons à une importante jonction. Tout peut se jouer à cet instant, où dans les prochaines années. Pour moi, pour vous. C'est en partie pour joindre tout cela que ces lieux déménagent. Milieu d'un jour de repos où je suis allé au centre-ville faire des provisions. Et le pharmacien qui se foutait de ma gueule puisque ma jambe-qui-boîte m'a fait faire une belle glissade sur le carrelage. L'habitude, tout en classe, hors de question de se vautrer. Tout à l'heure en allant prendre le bus je les ai tous vus alignés aux arrêts, sous leur parapluie. Si j'avais su et pu prendre une photo correcte je ne sais même pas ce qu'elle aurait pu signifier, ni même quelle impression j'ai pu retiré à les voir alignés et protégés alors que j'étais l'un des rares idiots à marcher sous la pluie.
Je n'ai plus envie de savoir qui je suis alors j'agis. Je comble le temps du mieux possible en me disant parfois que ce que je fais à un sens. Samedi soir elle se souvenait parfaitement du mois et de l'année de notre amourette de lycée. En discutant à l'abris des gens et de la pluie j'aurai presque eu envie d'elle. Et puis je sais par son silence que chacun est retourné à sa vie jusqu'au prochain croisement. A cette pensée j'ai un sourire à la fois tendre et amère. Tout ça aura bien du sens, un jour.
Le nouvel espace sera disponible d'ici deux ou trois jours, quel que soit son état est celui-ci est loin de disparaître, le temps d'y récupérer des souvenirs, des larmes et des cendres fertiles.
Sur le foutu réseau bleu, appelez-moi Mike B.
Plus de nom plus de pseudo, nous sommes archivés dans l'écran pour l'éternité jusqu'à l'instant d'auto-destruction.


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