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Extrait du moment et meurtres en masses : Elephant, de Gus Van Sant

Publié le 12 octobre 2012 par Tempscritiques @tournezcoupez

Extrait du moment et meurtres en masses : Elephant, de Gus Van Sant

C’est vendredi, c’est le jour du poisson, mais aussi le moment venu de votre article hebdomadaire préféré. Encore une fois, vous allez plonger au coeur du cinéma, et découvrir (ou redécouvrir) une scène de cinéma brillante de mise en scène. Cette semaine, on attaque un gros morceaux puisqu’on traitera ensemble du film Elephant de Gus Van Sant. Le film avait créé la polémique à Cannes en raflant la palme d’or. Comment un film aussi froid, aussi violent et surtout aussi neutre a-t-il pu réussir à conquérir le coeur du jury ? Il faut dire que cette année, face au film de Van Sant, se trouvait un autre monument. Lars Von Trier y présentait son énigmatique Dogville, aux côtés de la ravissante Nicole Kidman. Mais non, le choix du jury s’est porté sur le massacre lycéen, s’inspirant largement des évènements de Columbine. Plutôt implicitement, n’en déplaise à mes détracteurs, Van Sant critique fermement le rapport de la société américaine avec la vente d’armes libre dans le pays, mais aussi le mal être et la culture médiatique de l’adolescent. Van Sant filme sans pourtant sembler porter un jugement. Il tourne les faits, et laisse au spectateur la possibilité de « juger » et d’interpréter. Aussi, on voit les personnages souvent jouer à des jeux vidéos violents (le but étant de dégomme l’autre, ce qui pourrait fortement souligner cette fameuse scène finale), regarder des vidéos nazis, et porter une haine considérable pour la vie lycéenne. Mais point d’interprétation déplacées, Van Sant a même déclaré ne pas pouvoir expliquer réellement en détail le comportement de ces jeunes. Quoiqu’il en soit, c’est la scène finale, ou plus directement les meurtres en masse, qui nous intéressera en ce vendredi. Notez comme Van Sant filme (ou plutôt Harris Savides, le directeur de la photo, qui vient de nous quitter hier). Les cadrages et les mouvements de caméra qui leurs sont associés, comme lorsqu’elle tourne autour des personnages, rappelle peut-être l’univers « jeux vidéo ». Les couleurs dominantes sont froides, glaciales, tirant vers le bleu, et accentuant le caractère glacial des actes meurtriers. Mais Van Sant parvient à créer une atmosphère pesante, inquiétante, à la limite même du surréaliste : certains coins de couloirs prennent feu, comme un passage aux enfers. De plus, coïncidence, ou grand souci du détail, on retrouve dans les dernières secondes deux personnages dans une chambre froide, prêts à être achevés, entourés de carcasse de boeufs (ou de vache, qu’en sais-je). Était ce pour mettre en relief cette « boucherie » humaine ? Quoiqu’il en soit, cette mise en scène parfaitement calculée, est la force de ce film, qui, vu dans son intégralité, est un véritable choc cinématographique. On en ressort troublé, et pourtant je le conseille à tous bons cinéphiles !

Maintenant, fini les mots et place aux images !


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