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Rétrospective du retour du loup dans le massif central et de la position des verts locaux

Par Baudouindementen @BuvetteAlpages

Rétrospective de l'arrivée du loup dans le Massif central et de la position des « Verts » locaux

OPINION - En 2007, Michel Olivier avais écris un petit texte sur le voyage de Canis lupus de l'Italie vers le Massif central. En voici un extrait...

Par Michel OLIVIER

Photo Guy Grégoire

Le retour du loup dans le massif central

« Le Vercors sera-t-il le tremplin pour la colonisation du massif Central ? Car il faut savoir que les premiers contreforts du massif cévenol ne sont qu’a 50 km a vol d’oiseau. Oui, le loup est bien présent dans le Massif Central, mais comment y est-il arrivé ? : Le texte qui va suivre n’est qu’une simple hypothèse de travail et ne se veut en aucun cas le reflet exact de la réalité.  D’après le plan d’action loup 2004-2008 :

« C’est ainsi qu’en dehors de ce massif :

  • un animal a été tué dans les Vosges en 1994,
  • deux animaux ont été tués dans le Massif central en 1995 et 1999,
  • et trois animaux différents ont été détectés dans les Pyrénées orientales entre 1999 et 2000,
tous génétiquement identifiés de lignée italienne. » (Dépêche AFP, 23 mai 2006)

« Un couple de loups a été observé au nord de la Lozère par des professionnels de la chasse, ce qui inquiète les nombreux éleveurs de bovins de la région où le loup avait été éradiqué dans les années 60, a-t-on appris mardi de sources concordantes. Ce couple de loups a été observé depuis plusieurs semaines au nord de Saint-Laurent-de-Muret, ont indiqué des professionnels de la chasse à un correspondant de l’AFP.

Des analyses ADN sont en cours afin de déterminer si ce couple provient ou non du parc des loups du Gévaudan, situé dans la commune voisine de Sainte-Lucie où quelque 130 loups vivent en semi-liberté, dans des enclos. Ce couple pourrait également provenir d’Italie ou d’Espagne, la Lozère étant considérée comme un couloir de migration pour les loups entre ces deux pays. Il pourrait s’agir également d’une nouvelle installation de ces animaux dans le département, selon des chasseurs. Le dernier loup a été abattu dans cette région vers 1963. » (Témoignage de Cédric GIRAL Technicien de l’Environnement Correspondant du réseau loup bulletin loup N° 15 de juin 2006).

Connaissant la procédure dans ce type de cas, les prélèvements ont été envoyés au réseau Loup-Lynx de l’ONCFS à Gap pour les faire analyser. Les résultats sont sans appel : Canis lupus de lignée italienne et signale la présence de deux individus différents ; un mâle et une femelle, cette dernière ayant été détectée à plusieurs reprises dans les Alpes  (source: ONCFS communiqué de presse préfecture 48).
Au mois de juillet 2006, le Dauphiné Libéré écrivait : "Une brebis égorgée par un grand canidé", l'ombre du loup rode sur le Tanargue". Vendredi, des agents de l'ONCFS se sont rendus sur place pour effectuer des analyses, les experts ont conclu à une attaque et prédation par un grand canidé. Néanmoins l'état de décomposition déjà avancé du cadavre de la brebis n'a pas permis de définir précisément s'il s'agit d'une attaque de chien errant ou de loup. La prudence est donc de mise. Du côté de la préfecture de l'Ardèche comme du syndicat pastoral des transhumants du Tanargue. "L'ONCFS va tenter de procéder a d'autres analyses à partir de poils et de déjections retrouvés dans le secteur", explique Cécile Lenglet directrices des services de la préfecture Privadoise. »

Cette carte a été publiée par le journal « Le Monde » en 1999 ainsi que par « Paris-Match ».
Carte voyage
De part sa situation géographique, la région Rhône-Alpes joue un rôle très important dans les flux migratoires de la faune à travers l'arc alpin et plusieurs pays européens. En effet, les massifs montagneux boisés et la vallée du Rhône constituent des axes de propagation d'importance majeure pour la faune européenne : la colonisation naturelle du lynx venant de Suisse, du loup venant d'Italie, les déplacements de bouquetins, de loutres, de grands rapaces (aigle royal, gypaète barbu…) témoignent du phénomène.

Ainsi, si la région Rhône-Alpes garantit la libre circulation de la faune sur son territoire, elle assure la survie de la faune et de la flore alpines tout en permettant les échanges vers le sud et l'est de l'Europe. La coopération interdépartementale est donc indispensable pour rétablir les liaisons entre les massifs préalpins et pour la traversée de la vallée du Rhône en aval de Lyon. En effet beaucoup d’obstacles sont a franchir pour arriver jusqu’aux Cévennes. Mais les loups sont déjà dans le Vercors et ils sont pleins de ressources...
La présence du loup fut confirmée dans le Gard début 2007 !  Des traces de loups furent observées sur le Mont Lozère, près de Genolhac (Gard) et sur le "truc de Fortunio", une montagne près de Rieutort-de-Randon (Lozère), où est plantée une antenne hertzienne pour tout le département, a-t-on précisé de même source.

D'autres traces ont été découvertes sur la commune de Saint-Laurent-de-Muret, sur le massif de l'Aubrac, là où un couple avait été vu en janvier 2006. La femelle avait déjà été identifiée grâce à sa carte génétique dans les Alpes italiennes en 2004. Un apparail photographique à déclenchement automatique a été installé sur les lieux de passage de ce couple afin de vérifier s'il s'est ou non reproduit.

Le Parc national des Cévennes, installé pour sa zone centrale sur plus de 91.000 ha et 52 communes, est un point d'attraction pour les loups qui y trouvent beaucoup de nourriture, notamment des chevreuils.

Réactions des Verts au retour du loup

A ce moment là, les premières réactions commencèrent a être rendues publiques. Par exemple par une note Note à l'attention des commissions "Agriculture et Monde Rural" et "Environnement" du Conseil Régional Rhône-Alpes par Eric ARNOU, datée de Mars 2003. Monsieur Arnou, conseiller Régional Rhône-Alpes (Ardèche) au sein du groupe des Verts, Président de la Commission "Développement Rural et Agriculture" au Conseil Régional, Vice-Président du Parc Naturel Régional du Vercors (délégation à la biodiversité), Membre du CNIR, récapitule dans cette note les principaux éléments du débat :

« Du côté des Verts, Eric Arnou (29) alors conseiller régional Rhône - Alpes (Ardèche) souligne la diversité des positions au sein de son parti dans chacun des départements concernés (Arnou, 2003). Il relève notamment que : « en 1999, un texte rédigé par D. Carel (83) et P. Garnon (04) demandait déjà la régulation de la présence du loup (c’est à dire que l’on abatte cet animal lorsqu’il s’avère agressif ou trop nombreux) ». Il relève aussi que « en octobre 1997, les Verts 06 préconisaient la protection passive mais aussi  active avec la remise en service actif de la louveterie et la promotion d’un cadre d’autodéfense des troupeaux par les bergers ». Eric Arnou estime pour sa part « qu’il ne faut pas rechercher l’éradication (impossible) mais la régulation, afin de ne pas se laisser déborder par un effectif trop nombreux, les loups agressifs avec les troupeaux devant être repoussés et/ou abattus. Ainsi, peu nombreux et craintifs, les loups se rabattraient sur les ongulés sauvages. » (cf : La régularisation du loup 1990 – 2004 - Jean-Paul Chabert - Christine de Sainte Marie - Marc Vincent  - page 17)

J'avais à l'époque récupéré les différentes déclarations sur le site des Verts. Malheureusement, ce site n'existe plus, puisque les Verts ont été remplacé par EELV. Voici ce que j'avais sauvegardé a cette époque :
« En octobre 1998, les Verts-Ardèche, attaqués sur ce sujet dans les journaux agricoles, prennent une position contre un éventuel retour du loup dans "leur" département (c'était un peu naïf, le loup ne sait pas lire les panneaux indicateurs !). La position était nuancée, dénonçait les manipulations de la FNO et parlait de régulation. Mais les "pro-loups" verts et le MATE ne retenait qu'une partie du discours pour le combattre, aboutissant à la désastreuse intervention de Dominique Voynet à l'AG de l'ANEM à Villard-de-Lans.
 
En 1999, un texte rédigé par D. Carel (83) et P. Garnon (04) pour les verts de ces départements demandait déjà "la régulation de la présence du loup" (c'est-à-dire que l'on abatte cet animal lorsqu'il s'avère trop agressif ou trop nombreux), ceci parmi bien d'autres mesures.[…]
 
En novembre 1999, les verts Région Savoie admettent que "des mesures de restriction en direction du loup seront peut-être nécessaires après avoir arrêté ce plan et le niveau de population capable d'assurer la survie de l'espèce".[…] »
Il précise bien que tous les textes cités, sont issus de réflexions collectives de son mouvement ; c'est à dire qu'ils affirment que les activités agro-pastorales jouent un rôle indispensable économique, social et environnemental ; et qu'ils admettent une possible régulation du loup.
« Je pense donc que les propos de J-P Raffin sont justes. Depuis que je parle de cela, des scientifiques acquiescent, des agents de l'ONC et de L'ONF, et même des "ruraux de base" commencent à en convenir. De ce fait, je crois que si des dérogations à la Convention de Berne étaient admises (la régulation, pas l'éradication), cela ne conduirait pas à la fin du loup. D'ailleurs, le loup est tiré clandestinement en Italie (et probablement ailleurs) et il n'a pas disparu.[…] »
 
Il précise encore, je cite : « Je suis contre la présence du loup dans les zones de moyennes montagnes parce que cette présence est difficilement compatible avec les systèmes d'exploitation ovins, pas seulement ceux des grands transhumants mais aussi et surtout ceux des petites et moyennes exploitations de pentes. Elle est une goutte d'eau qui fait déborder le vase des difficultés actuelles de l'élevage ovin. Elle rend la vie très difficile aux bergers qui sont acculés au sur travail et à l'anxiété permanente (leur exaspération vient autant de ces facteurs que des pertes elles-mêmes). […]
Tout cela est peu réaliste. Il se peut que d'ici de là des "îlots d'acceptation du loup" se créent (il faudra alors les aider financièrement car de toutes manières les contraintes sont fortes). Mais dans la plupart des cas, la régulation qui consistera à repousser les loups vers les "grandes solitudes" devra probablement être mise en oeuvre.»
Et il rajoute un postscriptum : « Sur la question de la biodiversité, je m'interroge. En effet, si la présence du loup conduisait à stopper les transhumances dans la réserves, nous aurions un envahissement par les pins à crochets et une disparition de la pelouse d'altitude qui est aussi un réservoir de biodiversité (idem plus bas pour les prairies de pentes et donc leurs orées). Question aussi vis-à-vis des coqs de bruyères (dérangements et attaques pendant l'hiver). Finalement, les défenseurs acharnés du loup ne sont-ils pas en train de faire un choix emblématique parmi diverses configurations possibles de biodiversité ? »
Pour rester objectif, il faut signaler et nous devons en prendre acte que de nombreux militants et élus verts ont été en désaccord soit entre eux, soit avec la position officielle de leur parti (ou supposée comme telle)...Mais cela n'est-il pas le crédo des verts : le désaccord perpétuel !
Pour exemple cette déclaration fin 2006 : « Croire de plus, que c’est en s’attaquant au loup que l’on réglera la crise de l’élevage est une lourde erreur. Les éleveurs ne doivent pas pour autant être abandonnés au face à face avec le loup. C’est en repensant l’agriculture et l’élevage en montagne que la cohabitation entre humains et faune sauvage sera rendu possible, par le développement de l’encadrement des troupeaux, la multiplication des actions d’effarouchement. Nos voisins européens ont réussi ce pari de la cohabitation, c’est avoir bien peu d’ambition pour la montagne que de répondre sporadiquement par des prélèvements. Le monde de la montagne est écartelé entre abandon et terrain de jeu hyper envahi par l’homme. Il est grand temps de repenser la politique "montagne", pour que nos territoires deviennent des espaces équilibrés et partagés entre leurs différents usages. »
Mais les positions radicales des verts furent rejointes par les chasseurs Ardéchois, Lozériens, Gardois et du Cantal, issus à 90 % du monde rural (élevage en grande partie) font régner (leur) la loi sur les contreforts des Cévennes et le plateau de l'Aubrac. Le département du Gard comporte 40 chasseurs pour 1.000 habitants, la Lozère 104, le Cantal 60, l’Auvergne 33, l’Héraut 33 soit une moyenne pour ces 5 département de 54 chasseurs pour 1.000 habitants soit plus du double de la moyenne du territoire national qui est de 22.

En Ardèche un candidat de CPNT a été élu en 2000 avec 10 % des voix aux élections régionales ! Et lorsqu'on connaît l'opinion de ces personnes vis à vis du loup... ! Ce qui me fit dire que le loup sera, de fait un phénomène chasse associé à celui de l'élevage, et qu'il serait moins en sécurité dans le massif central que dans les alpes ou la chasse est moins intensive ! (C'était une erreur!)
Et pour finir une des dernières déclarations de ce mouvement « Les verts » Trouvées à l'époque sur leur site (ces documents on été retirés). Mais messieurs Chabert, Vincent et madame de Sainte Marie les ont lu comme moi et en parlent dans leur ouvrage, voir ci-dessus !
(Note de la Buvette : L'url que me donne Michel Olivier montre que la page n'existe plus. Mais elle existe toujours dans les archives du web. J'ai trouvé une copie de cette page datée de octobre 1998. Elle a été enregistrée le 26 juillet 2008 . En exergue, en voici un large extrait...)

" Nos arguments : un danger politique majeur

La décision de s'opposer à la venue "naturelle" du loup peut surprendre venant de la part d'écologistes. Pourtant cette décision s'est imposée "naturellement" à la plupart d'entre nous. Plusieurs séries d'arguments nous motivent dans ce choix.
Habitants des bourgs, des villages et des hameaux, résidant dans un pays à l'habitat extrêmement dispersé, la plupart du temps au contact d'espaces "sauvages", mais faisant aussi vivre la montagne par notre travail d'aménagement, nous ne nous sentons pas prêts à accueillir cet animal. Certes, le discours des "partisans" du loup et notamment des scientifiques se veut rassurant en invoquant les cas de l'Italie et de l'Espagne. Mais un discours scientifique, surtout lorsqu'il porte sur le social ou l'éthologique, n'est jamais que l'état d'une question à un moment donné et dans des conditions d'observation précises, pas une vérité première.
L'agriculture et l'élevage de montagne connaissent de grandes difficultés qui viennent s'ajouter aux contraintes de vie difficiles propre au milieu montagnard. La présence du loup ne serait qu'une difficulté de plus parmi d'autres, mais une difficulté de trop. La goutte d'eau qui fait déborder le vase. Nous tenons aussi à dire que l'indemnisation du bétail attaqué ne répare pas tout. Être éleveur aujourd'hui est de plus en plus un choix. Un choix difficile qui implique une affection pour ses bêtes. Qui n'a pas passé des jours et des nuits dans sa bergerie à du mal à comprendre le dégoût qui s'empare d'un éleveur devant ses animaux massacrés. L'argent ne fait pas tout. Un éleveur n'est pas un boursier !
Il ne suffit pas de démontrer que le retour du loup ne pose pas de problème. C'est oublier que l'être humain ne fonctionne pas exclusivement sur le rationnel mais aussi sur son imagination, ses fantasmes. Or le loup, de par la place qu'il occupe dans la mémoire collective est propre, à tous les fantasmes. Et la montée du Front National nous a démontré que le fantasme pouvait très bien fonctionner en politique.
Enfin, nous sommes confrontés à un très fort mouvement CPNT (Chasse, Pêche, Nature et Tradition). Celui-ci terrorise les élus et la population au point de menacer la réalisation du Parc Naturel Régional, le classement du Mont Mézenc, Natura 2000, la randonnée, etc. Une catégorie de ruraux n'a, dans l' ensemble, pas encore rejoint ce mouvement : celle des agriculteurs. Ces derniers ont une réflexion beaucoup plus raisonnable, structurée par un syndicalisme qui n'est pas prêt à sacrifier ses intérêts dans n'importe quelle aventure politique. Ils commencent aussi à comprendre la pertinence des approches agro-environnementales dans un département comme le nôtre.

Soutenir le retour du loup, c'est jeter les agriculteurs dans les bras de CPNT et favoriser la création d'un véritable Front Rural. Ce dernier aura alors l'implantation suffisante pour bloquer toute mesure environnementale ou agro-environnementales. Il constituera un "lobby" ultra-réactionnaire et très puissant. Il réussira à marginaliser les écologistes (Verts compris), cassant d'un coup le patient travail d'explication politique et de développement local que nous effectuons depuis plus de vingt ans. A vouloir à tout prix gagner sur ce point, nous perdrons tout ! "

Le 15 Novembre 2004 le Groupe de l’Union pour l’Auvergne (UMP et apparentés) du conseil régional proposait un texte contre le retour du loup en Auvergne. Pourquoi le loup, pourquoi en Auvergne ? Le texte explique :

« De récents événements ont mis en évidence les dangers que représente le loup en France pour l’élevage ovin. Par exemple, en juillet 2004, 140 brebis, attaquées par un loup dans les Alpes, se sont précipitées du haut d’un ravin et se sont tuées. À priori, l’Auvergne n’est aujourd’hui pas concernée. Bien que rien ne nous permette de confirmer que des loups sont actuellement présents dans le Massif Central, des analyses génétiques nous ont apporté la preuve que récemment, les loups, certains en provenance des Alpes, soient passés dans le Massif.

Ainsi, un loup d’origine italienne a été tué lors d’une collision avec une automobile dans le Cantal, le 9 octobre 1997. Un autre, a été abattu par un éleveur du Puy-de-Dôme en juillet 1999. Toutefois, les spécialistes s’attendent à un retour du loup en Auvergne d’ici à 10 ans, ce qu’a confirmé récemment dans une interview à La Montagne le député communiste André Chassaigne.

Aussi, le Conseil Régional d'Auvergne, conscient de ces dangers, s’oppose à toute réapparition du loup dans le Massif Central. Il souhaite que le Gouvernement reprenne dans le futur projet de loi sur la biodiversité les propositions du rapport de la Commission d’enquête parlementaire, notamment celle permettant de déterminer des seuils de compatibilité, entre l’élevage et la présence de loups et délimiter des territoires où la protection serait intégrale, des territoires où le loup pourrait être prélevé sous certaines conditions et des territoires où sa présence ne devrait pas être tolérée. »
(Source : Lettre d’Action Nature N°19)

Ce texte n’avait pas été admis par la majorité du conseil régional (majorité qui n'était pas du même bord politique), gênée par l’idée de se déclarer opposée « à toute réapparition du loup en Auvergne ». Sage décision a l'époque, cela bien changé depuis !

Voilà, la boucle est  bouclée. Nous repartons de zéro, mais avec un gros, très gros handicap avec le gouvernement Hollande comprenant la nouvelle « génération Verte » en son sein qui apparemment n'a pas bien revu ses positions, tout au moins ceux qui siègent au gouvernement !

Madame Joly ne déclarait-elle pas en réponse aux Associations : « Si, au vu de la démographie globale des loups, des lynx ou des ours, ces espèces doivent  demeurer strictement protégées en France, la question peut se poser différemment dans les régions  où l’équilibre démographique est atteint, lorsque les moyens de régulation naturelle n’existent pas. De ce point de vue, une régulation volontariste peut être envisagée, à la stricte condition qu’elle soit déterminée au vu de la situation de l’espèce, et non pour calmer les esprits ou sous pression politique, et qu’elle soit décidée dans la concertation locale en fonction des situations réelles, qu’elle ne soit pas réalisée par les victimes comme la justice ne se fait pas soi-même,... »

Quand a monsieur Bové il a dit textuellement : « Pour moi, les choses sont claires: si le loup risque d'attaquer un troupeau, la meilleure façon de faire, c'est de prendre le fusil et de tirer  », a-t-il déclaré le 17 juillet 2012. En plus pour lui, il ne faut pas qu'il y ait attaque mais seulement « un risque » !
Jacques Merlin, le directeur du PNC a ajouté : « Le loup est une espèce dynamique, qui va essayer de s’implanter, reprend-t-il, Mais nous n’allons pas l’éradiquer avec la règlementation actuelle. C’est pourquoi nous demandons une révision de la législation nationale. »
Et il me semble que la commission loup de 2012-2013 est pire que la première commission crée en 2003, et ce n'est pas peu dire.

L'éradication du loup est programmée à plus ou moins court terme...

Michel OLIVIER

La Buvette : En plus de "Nos arguments : un danger politique majeur", le texte des verts de 1998 comportait aussi...

Notre réflexion de fond : associer protection de l'environnement et développement local

Au-delà du problème spécifique du loup, les Verts doivent se poser des questions autour des concepts et des modes opératoires qui ont pour objectif la préservation des espèces et des espaces sensibles.
En présentant la question du loup comme un conflit entre "deux choix de société", certains de nos amis se trompent. En développant une conception "fondamentaliste" qui proclame que l'homme doit céder le pas au "sauvage", ils rejoignent, sans en avoir conscience, les néo-libéraux qui affirment que seul le marché compte et que les éleveurs de montagne non rentables doivent disparaître.

La question est plus complexe. Pour la première fois, l'homme va devoir à la fois préserver la biodiversité menacée, condition de sa survie sur le long terme en tant qu'espèce et aménager le territoire à l'extrême pour assurer un niveau et une qualité de vie suffisant à une population mondiale qui atteindra probablement 10-11 milliards d'individus.

Dans cette optique, en France et en Europe, sociétés très industrialisées et urbanisées, on en est venu à devoir protéger de nombreuses espèces. Mais l'on connaît encore mal les problèmes de régulation et les effets sur l'ensemble du système socio-économique et naturel. D'où de nombreux conflits dans les départements qui sont encore capables d'accueillir des espèces sauvages ou faisant l'objet de mesures de protection (sangliers, chevreuils, cormorans, hérons cendrés, etc.) Nous vivons donc une période de tâtonnements dont nous ne sortirons pas de sitôt.

Les populations rurales et montagnardes ont, dans l'ensemble, moins bénéficié que d'autres des facilités de vie que la croissance économique a apportées. Elles s'accrochent difficilement à leur bout de montagnes ou de vallée. Elles connaissent les difficultés de l'isolement. Tout d'un coup, les voilà baptisées "gardien de la biodiversité", avec les contraintes réelles ou imaginaires que cela implique. Autrement dit, agissant sous la pression et la conscience de gens souffrant des affres du sur-développement, des décideurs imposent une série de mesures à d'autres gens subissant les duretés du sous-développement. Hiatus ! Terrain idéal pour CPNT.

Il ne s'agit pas donc pas d'un choix entre "deux types de sociétés", mais du long et incertain cheminement des hommes pour une maîtrise plus complète de leur avenir. Jeter de l'huile sur le feu n'apportera rien, ou servira seulement à des " lobbys ". Mieux vaut s'asseoir autour d'une table, comprendre les contraintes et les aspirations de chacun, écouter ce que les spécialistes ont à dire sans en faire pour autant une religion et essayer d'avancer ensemble. Ensemble, c'est-à-dire tous ceux qui, ruraux ou urbains, aspirent à une campagne vivante.

Pour les Verts, cela signifie s'interroger en termes de concept, de stratégie et de méthodologie, pour promouvoir en même temps dans les territoires en difficultés, la protection de l'environnement et le développement local.


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