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Arche de Zoé: des libérations pour dire merci?

Publié le 31 mars 2008 par Pef
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Les 6 membres de l'Arche de Zoé ont été condamnés le 26 décembre à 8 ans d'emprisonnement par la justice tchadienne pour "enlèvement d'enfants". Une condamnation exemplaire, même si très politique (les manifestations plus ou moins spontanés contre la France dans les rues de N'Djamena en témoignent). La grâce que vient d'accorder aujourd'hui le président Idriss Déby aux membres de l'association est au contraire tout sauf exemplaire. Dès le 7 mars sur France 24, Déby annoncait qu'il n'acceptait pas de pardonner mais qu'il pourrait accepter la demande de grâce dans le respect des institutions judiciaires du Tchad


Tchad: L'Arche de Zoé
envoyé par FRANCE_24  

Quelques semaines seulement après les attaques des rebelles contre N'Djamena qui ont menacé le régime d'Idriss Déby, on peut s'interroger sur le pourquoi de cette grâce. La France avait aidé le président tchadien à se maintenir (renseignement et aide logistique, les militaires français ne sont pas intervenus militairement) en février et proposé de l'exfiltrer. La France agissait légalement, le conseil de sécurité de l'ONU ayant condamné cette agression. L'envoyé spéciale de France 24 commente cette décision de grâce: « Beaucoup d’observateurs de la vie politique au Tchad, mais aussi les gens dans la rue, voient la grâce présidentielle accordée par Idriss Déby comme une contrepartie de l’aide apportée au gouvernement tchadien par [le président français] Nicolas Sarkozy pendant l’attaque des rebelles sur N’Djamena »

Tout s'est pourtant déroulé dans les formes. L'article 89 de la constitution tchadienne accorde au président le droit de grâce, qui doit consulter le conseil supérieur de la magistrature (CSM) pour avis. Un avis positif a été rendu en ce sens vendredi dernier.

Mais pourquoi avoir grâcié si vite alors qu'il y a quelques mois le ministre de l'Intérieur tchadien expliquait son intention de "faire goûter nos prisons" aux humanitaires? D'autant que la question des compensations financières reste (officiellement) en suspens. Condamnés à payer la bagatelle de 6,3 millions d'euros aux parents des enfants, la France a annoncé qu'elle ne réglerait pas la facture. Or Déby avait longtemps lié cette grâce au règlement financier du jugement (voir la vidéo plus haut). L'un des deux pays a, semble-t-il, infléchi ses positions. Quant à savoir lequel...20 minutes.fr cite deux spécialistes aux avis divergents:

«Comme la France soutient le budget du Tchad, il est bien possible que le quai d'Orsay paye l'argent par un canal ou un autre», avance David Ruzié [spécialiste en droit international]. «Avec la rente pétrolière, le Tchad a largement les moyens de payer s'il veut trouver une issue au problème», explique pour sa part Antoine Glaser, rédacteur en chef de «La Lettre du continent»


Le Tchad a en tous cas cédé sur le plan moral, en succombant de nouveau au confort de la Françafrique.


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