Magazine Cinéma

La Zona, propriété privée

Par Ffred

La Zona, propriété privée

L'histoire

Mexico. Trois adolescents des quartiers pauvres pénètrent dans l'enceinte de La Zona, une cité résidentielle aisée, entourée de murs et protégée par un service de sécurité privé. Ils s'introduisent dans l'une des maisons, mais le cambriolage tourne mal. Plutôt que de prévenir les autorités, les résidents décident de se faire justice eux-mêmes. Une chasse à l'homme sans pitié commence...

Mon avis

Attention film coup de poing ! Pour son premier long métrage le mexicain Rodrigo Pla frappe un grand coup. Le jeune metteur en scène met en lumière la "fracture sociale" de plus en plus grande dans son pays en particulier et dans le monde en général. Car ce genre de "zone" existe déjà aux Etats-unis ou ailleurs. Ce n'est pas de la fiction. L'histoire, très simple, est écrite à quatre mains par le réalisateur et sa compagne. Chaque personnage est bien cerné, sans être encombré de cliché ou de stéréotype, ils sont présentés brut, comme ils sont, avec leurs arguments, leurs défauts, leurs faiblesses. Ils ne sont pas jugés et on peut comprendre chacune des motivations de trois parties en présence : les riches, les pauvres et la police. Même si on es père tout le temps, le récit ne va pas comme on le souhaiterait et la fin tragique, terrible, inéluctable arrive immanquablement. Nombre de constats sont alors à faire, et le premier qui vient à l'esprit en sortant de la salle est qu'on est mal barré !

La mise en scène sans être novatrice est de belle facture. On pense même par moment à Inarritu. Inconsciemment l'aîné des deux cinéastes mexicains a du influencer le plus jeune. D'entrée on est pris dans une ambiance particulière, une tension qui va monter progressivement jusqu'à ce final qui vous glace le sang, à mettre une chape de plomb sur la salle, et à faire sortir les spectateurs dans un silence troublant tant le choc est grand. Donc on ne s'ennuie pas une seconde. Tourné comme un thriller et un polar, ce fait divers et fait de société intrigue, révolte et passionne de bout en bout. Les acteurs sont tous très bien, surtout les jeunes. La confrontation puis le rapprochement entre les deux jeunes, le gosse de riche et le voyou, sont magnifiques et les deux jeunes acteurs très convaincants, la dernière partie du film tournant autour d'eux est très forte, d'une puissance dramatique incroyable.

Voilà un premier film et un metteur en scène qui ont tout compris. Voilà ce que ne fait plus aujourd'hui que très rarement le cinéma : nous montrer le monde tel qu'il est. Sans fioriture, sans hypocrisie, juste les faits, juste faire voir les choses. Sans jugement, sans pathos, avec un soucis d'honnêteté et de vérité, Rodrigo Pla bouscule et nous fait, si n'est réagir, au moins réfléchir. Son film a toutes les qualités que l'on attend d'un film : un scénario intelligent et bien écrit, une mise en scène solide qui n'ennuie pas, une direction d'acteurs parfaite. Rarement un premier film aura été aussi maîtrisé, abouti, convaincant.

Seuls les films d'Inarritu (les 3 !) m'ont mis une telle claque dans la gueule comme ça. Décidemment le cinéma mexicain a de belles choses à nous offrir, et continue d'étonner d'année en année. On ne peut que souhaiter (et espérer) à ce jeune metteur en scène une carrière aussi belle que celle de son glorieux aîné. C'est bien parti ! Gros coup de coeur.

Lion du futur du Meilleur premier film au Festival de Venise 2007

Prix de la Critique Internationale au Festival de Toronto 2007.

'La Zona, propriété privée' scene (Image 18906894.jpg)
 
Escena de La zona
 
Escena de La zona

'La Zona, propriété privée' scene (Image 18906897.jpg)

'La zona'



&
 

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Ffred 143 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossiers Paperblog

Magazines