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« Poklosie » : le film qui fait polémique en Pologne

Par Mickabenda @judaicine
poklosie-PL

Ce long-métrage inspiré par le pogrom de Jedwabne, épisode douloureux de l’histoire polonaise, fait couler beaucoup d’encre dans le pays.

Révélé il y a douze ans, le massacre de Jedwabne où des Polonais avaient brûlé vifs des juifs dans ce village du nord-est de la Pologne, a servi d’inspiration à un film qui risque de relancer le débat sur une page noire de l’histoire du pays.

« Je voulais raconter une histoire qui devrait intéresser de très nombreux Polonais car il s’agit d’une des pages les plus douloureuses pour notre pays, » a récemment expliqué dans un débat Wladyslaw Pasikowski, scénariste et réalisateur du film sorti en salle vendredi. « Nous avons fait énormément de films sur les horreurs commises par les Soviétiques et les Allemands. Il est temps de dire ce que nous avons fait de mauvais chez nous, » a déclaré le cinéaste âgé de 53 ans.

Il a reconnu que la publication en 2000 du livre Les Voisins de l’historien américain d’origine polonaise Jan Tomasz Gross avait servi d’inspiration directe à la création de son scénario, intitulé à l’origine Le Kaddish. Provoquant un grand choc psychologique en Pologne, Gross avait mis en lumière l’implication de la population locale dans le massacre de Jedwabne où des habitants juifs du village furent enfermés et brûlés vifs dans une grange par leurs voisins.

Selon différents historiens, de 340 à 1.500 Juifs ont péri dans ce massacre. Il a bel et bien été perpétré par des villageois polonais, à l’instigation des nazis allemands, avait conclu en 2003 une commission de l’Institut de la mémoire nationale (IPN) qui instruit en Pologne les crimes nazis et staliniens.

L’action de Poklosie (« La glanure » en français, « Aftermath » en anglais), se déroule toutefois dans la Pologne des années 1990, peu après la chute du communisme et avant la révélation du massacre de Jedwabne. Les événements de la Seconde guerre mondiale y servent de trame pour montrer à quoi peut mener une vérité trop longtemps occultée.

Les habitants d’un village imaginaire polonais nommé Gorowka, où un pogrom fut commis pendant la guerre, cherchent à intimider un voisin qui s’emploie à préserver des tombes juives et découvre la vérité sur le passé du village. Maître des thrillers, Pasikowski maintient le suspens jusqu’à une fin tragique du film.

« Je n’ai pas voulu faire de film qui serait une rétrospective de Jedwabne, » a-t-il expliqué. « Les rétrospectives sont naïves et ne sont plus à la mode,  » selon lui. « J’ai fait ce film en tant que goy (non-juif) et Polonais car uniquement à ce titre j’ai le droit de faire un tel film sur les Polonais, » a-t-il souligné. « C’est l’un de ces films qui resteront dans l’histoire du cinéma, » a estimé le cinéaste polonais Andrzej Wajda dans une interview télévisée. « C’est un film destiné à susciter un débat en Pologne, » a-t-il ajouté.

Pasikowski a confié la direction de la photo à Pawel Edelman et les décors à Allan Starski, qui coopèrent tous les deux régulièrement avec Andrzej Wajda et Roman Polanski. Coproduction polono-russo-tchèco-néerlandaise, La glanure a été projeté en mai au festival du film polonais à Gdynia (nord) où le film a reçu un prix des journalistes.

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