Avec François Hollande, la conférence de presse à l’Elysée a changé de ton

La conférence s’est terminée par une pirouette du Président qu’on pressait de parler des erreurs qu’il reconnaissait avoir commis lors des six premiers mois de son mandat.François Hollande a alors demandé « grâce et pardon » aux journalistes pour le fait qu’il les ai invités à l’Elysée. C’est la seule concession qu’il a accordé à tous ceux qui étaient venus l’interroger rêvant de se mettre en avant par une interrogation qui aurait pu déstabiliser le chef de l’Etat.

Le chef de l’Etat a donc tenu sa première conférence du quinquennat au Palais présidentiel et il a effectué l’exercice avec un calme auquel nous n’étions plus habitués. Il s’est présenté devant les journalistes et son gouvernement quasi au complet à 17 h pour une prise de parole qui a duré environ 2 h et demie.
Dans un premier temps, il a énuméré les actions engagées par le gouvernement  et ce, avant même les élections législatives qui suivaient de peu les présidentielles. Il a cité entre autres les décrets appliqués dès sa prise de pouvoir comme la baisse de la rémunération des membres de l’exécutif à commencer par lui-même ou l’augmentation de l’allocation de rentrée scolaire… Il voulait sans doute, montrer avec quelle rapidité le gouvernement s’était attelé à la tâche même si:

« une politique n’est pas une accumulation, une addition… mais une réponse cohérente et forte à la situation du pays ».

Conscient de l’inquiétude et de l’impatience des Français, il a détaillé sa stratégie pour redresser la France et faire baisser le chômage. Elle passe par une réorientation de la politique économique européenne avec le pacte de croissance et le mécanisme de stabilité. Le premier but étant de régler la crise de l’Europe d’ici la fin de l’année « par la solidarité et la réduction des déficits publics » Il a aussi annoncé une taxe sur les transactions financières début 2013 « pour faire modestement face à la Finance ».
François Hollande est revenu sur les efforts demandés à tous les Français pour respecter l’engagement du désendettement qui permettra à la France de préserver sa souveraineté et de faire face aux marchés.

Le chef de l’Etat a surtout évoqué la compétitivité et le rapport Gallois pour proposer un pacte national qui permettrait de donner davantage de visibilité aux entreprises, de la sécurité pour les salariés, de la stabilité aux investisseurs et de la confiance aux consommateurs et aux épargnants. Le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi entrera en vigueur dès 2013 et durera 3 ans, il sera financé par les économies réalisées et par la refonte des taux de TVA (en janvier 2014). La création de la banque publique d’investissement et le relèvement du plafond du livret A devraient donner également plus de moyens aux acteurs économiques. Le président a annoncé qu’une loi bancaire devrait être présentée au parlement avant la fin de l’année, elle comprendra une nette séparation entre les activités de dépôts ou de crédits et la spéculation.

La priorité du quinquennat est la lutte contre le chômage et le Président engage dans celle – ci sa responsabilité personnelle: « Tout a été dit mais tout n’a pas été tenté » comme la mise en place des emplois d’avenir (100 000 en 2013, 150 000 en 2014) ou les contrats de génération proposés et acceptés par les partenaires sociaux et qui vont être mis en place dans les prochaines semaines.
Le discours du Président se poursuit par un appel aux organisations syndicales et aux employeurs pour  un compromis historique qui prendra la forme d’ « une coopération de toutes les forces productives » afin de réaliser une « reconquête de notre avenir… Le déclin n’est pas notre destin ». Ce patriotisme qui a besoin de tous sans stigmatisation, le chef de l’Etat le résume par cette formule : « les Français doivent faire Nation, bloc ».
Il citera aussi le rapport concernant la moralisation de la vie politique de Lionel Jospin (qu’il agrée) et qui devrait se concrétiser dès l’an prochain ainsi qu’une prochaine réforme de la magistrature pour terminer par la réaffirmation de sa détermination dans le renouveau démocratique amorcé. Certes, « le redressement prendra du temps » mais estime François Hollande, « l’engagement sera respecté », celui que « les jeunes vivront mieux dans 5 ans qu’aujourd’hui ».
Son discours a ensuite laissé place aux questions des nombreux journalistes à qui le président a répondu sans détour dans une atmosphère plutôt paisible.Google+