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Hansel et Gretel (Yim Pil-Sung, 2007)

Publié le 01 novembre 2012 par Doorama
Hansel et Gretel (Yim Pil-Sung, 2007) Après un accident, Eun-Soo est recueilli dans une maison où vit une  petite fille, avec son frère, sa soeur et leurs parents. Très vite, il s'aperçoit que ce qui ressemble à la maison du bonheur recèle aussi un terrifiant mystère, et qu'il est en fait le prisonnier des enfants.
Avant son récent Doomsday Book, Yim Pil-Sung nous avait donné cette inquiétante et très libre adaptation du fameux conte des frères Grimm. Hansel et Gretel n'est peut être pas le film coréen de 2007, mais la réussite est bien là et ses atouts bien visibles !
Ce qui frappe dans Hansel et Gretel, c'est son magnifique look, son univers visuel et le doré de ses images. Dans sa maison du bonheur  (au fond de bois dont on ne peut sortir) on est d’abord séduit par sa décoration de chambre d'enfant, ses jouets, ses petits lapins et ses couleurs acidulées, mais à force on suffoque, on étouffe et l'overdose de bonheur mièvre finit par inquiéter, comme une journée à Disneyland pour les allergiques aux mondes artificiels... Les enfants qui vivent dans la maison peuvent avoir tout ce qu'ils imaginent, le monde qu'ils se sont construit est idéalisé jusqu'à l'extrême, faisant rapidement naître la méfiance chez le spectateur. Comme dans un conte normal, et c'en est un, tout commence très bien, tout y es beau, mais cette perfection apparente n'est qu'un piège pour attirer des parents. De tout en bout, Yim Pil-Sung construit une imagerie somptueuse et délicieusement enfantine, et parvient sans maladresse à faire transpirer de son décor toute la problématique qu'il cache. On ne pouvait honnêtement rêver d'un traitement visuel plus beau, et adapté à ses thèmes, que ce qu'à livrer Yim Pil-Sung. Bien qu'imaginaire, son monde dégage la sensation de réel, nous sommes bien loin de l’esthétique sur-travaillée et démonstrative des productions comme Blanche-Neige et les Chasseurs.
L'autre atout de Hansel et Gretel, c'est l'excellent traitement qu'il réserve aux actes de ses enfants. Dans ce monde dirigé par des enfants (on pense à The Children, Morse ou l'excellent et injustement méconnu Les Révoltés de l'An 2000 !), les adultes n'ont qu'à bien se tenir ! Les enfants retiennent les adultes pour combler l'absence de parents. Comme un casting de parents idéaux (à l'image de la décoration...), les mauvais parents ne seront pas retenus, ils seront alors éliminé de leur monde parfait. Derrière la cruauté des enfants, se cachent les violences qu'ils ont subi. Yim Pil-Sung évoque, non sans une certaine justesse, les dégâts des adultes sur les enfants (maltraitances, abus, humiliations...), et les enfants de Hansel et Gretel, les "monstres", les "méchants" du film, sont en fait des victimes. Très habilement, Yim Pil-Sung donne à ses personnages l'ambivalence nécessaire pour faire naître chez le spectateur la peur autant que la compassion et l'émotion. Le sucré-salé de Hansel et Gretel fonctionne à plein, son réalisateur exécute avec une réelle maîtrise un grand écart qui va conte de fée au cannibalisme !
Malgré notre enthousiasme sur le traitement visuel et thématique de Hansel et Gretel, nous sommes cependant plus sceptiques sur sa mécanique. Tout en conservant ses qualités citées ci-dessus, la seconde partie du film s'emballe un peu et, en abandonnant son mystère au profit des explications (cependant nécessaires...) et son inquiétant climat menaçant au profit de passages à l'acte, et le charme qu'il opérait sur le spectateur à tendance à se rompre quelque peu. L'intemporalité et la magie de sa première partie  supporte mal l'intrusion d'éléments du réel dans son monde fragile... Comme par peur d'aller au bout de son sujet, Hansel et Gretel semble céder aux attentes supposées du spectateur et retrouve des allures plus conventionnelles. Yim Pil-Sung abusera des larmes, et le sentimental flirtera avec le sentimentalisme, délaissant tout ce qui faisait l'originalité et la réussite du film...  Hansel et Gretel, en bon conte de fées, se devait de bien terminer, c'est indiscutable, mais la maîtrise démontrée dans sa première moitié du film l'abandonne hélas lors de son dénouement. Hansel et Gretel est passé tout près de la parfaite réussite, à deux doigts du bonheur total. Dommage, mais cependant parfaitement recommandable !
Hansel et Gretel (Yim Pil-Sung, 2007)

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