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Mur de verre

Publié le 16 novembre 2012 par Gentlemanw

Je suis dans cette grande salle, dans un coin, d’une salle ni carrée, ni ronde, elle suit la forme du bel immeuble de verre. Une ellipse, un lieu sans aucune âme, des femmes et des hommes y travaillent dans le cliquetis récurrent de leurs touches de claviers d’ordinateurs. Ici on pense, on vend des logiciels, des architectures de systèmes d’informations, on achète des journées/homme, des agendas à vision multidimensionnelle, en dehors du temps mais plutôt du coût, du bénéfice, on refait le monde, les stratégies des entreprises, on joue avec les clients tout en leur léchant les chaussures avec abondance, un jeu subtil, un jeu mortel en costume ou tailleur. Calme relatif face à ses millions de neurones suractivées pour donner le meilleur et profiter au pire des coups les plus bas, car ici la politique et les carrières se font et se défont sur de simples dossiers. Chacun use de son énergie, de sa drogue personnelle pour tenir le course. Le costume et la cravate est propre, les souliers brillent mais le numéro inscrit sur chacun le rend jetable à souhait.

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Je suis lasse de jouer ce jeu, de passer de réunions en rapport, de regarder du haut de mon bureau virtuel, aujourd’hui ici, demain à côté de ma boîte de tiroir roulant ailleurs, je ne suis rien, je suis dématérialisée, juste un  numéro de mobile pour être jointe à tout moment du jour et même parfois de la nuit. Je vogue de clients et projets, de rapports et appels d’offres, de réponses vers d’autres réunions.

J’ai aimé ce travail, son esprit de conquérante, de découverte, de réponses et de projets gagnés. J’ai aimé les soirées sans fin, les nuits absolument courtes, les hôtels à 4heures du matin, les levers à 8heures dont 30 minutes sous la douche, le chemisier dans le coffre de voiture, le tailleur, le collant avec dans sa housse plastique, les journées sans rentrer chez soi, sauf pour manger un fruit et dormir. J’ai aimé ma ligne qui était quasi sportive, entre le stress vampire et mes repas sautés. Je courrais parfois le soir, pour oublier le dossier, mais pour finalement reprendre mon clavier de blackberry ensuite, ou pour continuer sur mon canapé ce rapport infini. J’ai aimé mes collègues, même ce collègue qui comme moi, comateux sur un cahier des charges à finir, m’a caressé la nuque, massé pour se décontracter, me décontracter, on a fini sur la moquette. Epuisés de boulot, dopés de nos hormones animales, prêts pour continuer et défendre le dossier sans rien se dire le lendemain matin. J’ai aimé quand mon chef m’a offert un duo de jours pour souffler, je suis partie à Florence, dans un spa de rêve, un palazzio de douceurs. J’ai dormi, j’ai repris vie, goût à la vraie vie le troisième jour seulement, sans stress, sans batterie de téléphone.

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Mais aujourd’hui, je suis lessivée de ce goût amer de promotion qui n’avance pas, de projets lassants et de pression inutiles sous des charges qui mériteraient plus de travail de fond, de qualité, de collègues tout simplement. Mon salaire, ma voiture, certes je vis bien, mais je ne prends plus aucun plaisir à faire ce boulot d’audit, de reporting, ni pour les clients, ni pour mon entreprise et encore moins pour moi. Je suis épuisée de cela, de ce tournis, de cet ouragan sans fin mais surtout sans but, qui fait de nous, les consultants, des robots inhumains, des producteurs de lignes et de tableaux.

J’ai envie de matérialiser mon avenir, de construire une famille, de vivre simplement, de respirer avec un vrai souffle, de prendre mon temps, de me poser parfois. J’ai envie de ne plus sentir le stress contracté mes muscles, mon esprit, et surtout j’ai envie de parler avec les autres. Finis les emails, les sms, et les conférences téléphoniques, je suis au bout de moi-même, je suis une femme. Humaine !

Je vais prendre des congés, un gros mot ici, je vis aller me détendre sans dossiers, sans internet, sans communication virtuelle, je vais parler avec mes amies. Prendre le thé, des macarons, ma vie en main.

Changer peut-être ?

Nylonement

Dans la série « Portraits de Femmes »,

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