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Notre-Dame-des-Landes (2)

Publié le 19 novembre 2012 par Chacalito

manifestants-opposes-au-projet-d-aeroport-de-nantes-le-17-.jpeg(prière de lire l'ensemble du papier avant de réagir. J'insiste!)

Samedi dernier, 17 novembre, a eu lieu probablement l'une des plus importantes manifestations en Bretagne depuis des décennies, celle contre le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes (NDDL). On parle de 40000 personnes présentes ce qui, il faut le reconnaître, n'est pas une paille surtout quand on connaît la taille modeste de la commune! Quelques camarades de l'UDB y ont participé. Pour ma part et pour les raisons évoquées ci-dessous, je suis resté à Rennes (je n'ai pas perdu mon temps non plus soit dit en passant car j'ai manifesté pour la mariage pour tous en réaction à un cortège de réactionnaires venus de tout l'ouest de la France).

Pour éviter que l'on ne parle à ma place sur l'aéroport en devenir de Notre-Dame-des-Landes à l'UDB, je me permettrais de donner mon point de vue ici. En 2007, j'en avais déjà donné un qui en étonnera plus d'un (lire ici).

Dans cet article, je me prononçai contre l'aéroport dans une première approche. Bien qu'un peu naïf, mon article de l'époque résume toujours assez bien mon point de vue. Je retiens surtout cette phrase: "Que l'on prenne l'avion pour aller outre atlantique, en Afrique ou en Asie voire en Europe de l'est, admettons, mais je ne comprends pas que l'on puisse prendre un avion Lorient-Paris quand le TGV met 4h pour réaliser le trajet". A l'époque, je n'avais pas compris qu'il pourrait s'agir d'un aéroport intercontinental. Comprenons-nous bien: si on résume la question à "pour" ou "contre", je dis "pour" (quoi qu'on puisse penser de moi) car je pense qu'on ne peut pas poser la question ainsi et, n'ayant jamais été partisan des "aéroports de proximité" (j'ai entendu ça dans la bouche d'écolo), je préfère deux gros aéroports à 14 petits. Pour... à condition néanmoins qu'il soit intercontinental. S'il ne l'est pas, il ne sert à rien et j'y suis opposé, farouchement même.

(je répète: prière de lire l'ensemble du papier avant de réagir. J'insiste encore!)

Ce qui m'a gêné et me gêne toujours dans ce débat, c'est que le temps du dialogue n'ait pas eu lieu. On est parti bille en tête (d'un côté comme de l'autre) les uns invectivant les autres, sans prendre le temps de réfléchir à une politique aéroportuaire bretonne. Non, on préfère l'invective et le degré zéro de la pensée: "l'aéroport, c'est mal". Les terres agricoles? Où sont les opposants quand il s'agit de bétonner 4 fois NDDL à Paris pour un troisième aéroport ou l'extension de Roissy, où sont-ils quand les zones d'activité fleurissent aux abords des routes bretonnes, où sont-ils quand il s'agit de lutter contre le mitage résidentiel? Epouvantail que cet aéroport, bonne conscience. Ce n'est pas l'aéroport qui est responsable du bétonnage de la Bretagne, ni d'ailleurs responsable de l'effet de serre, ce n'est qu'un (petit) élément du problème. Dire cela n'est pas être productiviste, mais connaître la Bretagne! Je circule et je regarde autour de moi.

Ce genres d'arguments, désolé, mais ça ne me convient pas. Aujourd'hui, que ça plaise ou non aux opposants, il existe un nombre considérable de gens qui prennent l'avion à Quimper pour aller à Paris, à Lorient pour aller à Paris et même à Rennes pour aller à Paris! Un saut de puce destiné à attraper un autre avion qui, lui, part à l'international. C'est lamentable, mais c'est une réalité. Voilà ce qui me pose problème: c'est la centralisation des transports. Ecoutons au moins cet argument même si cet aéroport de NDDL ne se fait pas. Cela, c'est le côté autonomiste et décentralisateur de mon parti. Mais mon parti est aussi écolo et anti-capitaliste et, évidemment, dans cette optique, on est pas "dans notre farine" avec cet aéroport comme on dirait en breton.

Si par contre, on prend le temps d'écouter, de poser les choses, on pourrait (on aurait pu en tout cas) sortir par le haut de cette impasse. Il y a un an, l'UDB organisait un débat d'arguments à Vannes sur le sujet. Une journée très intéressante où était intervenu des gens du parti comme Michel François (pour) ou Jean-François Lugué (contre), mais aussi Mme Verchère (une élue opposée), Hubert Rouaud (membre d'EELV curieusement pour), Yves Lebahy (géographe contre). De cette journée, nous étions ressortis sans consensus possible. Logique vu le clivage! Et pourtant...

Et pourtant, selon moi, l'UDB aurait du, au-delà du "oui" ou du "non", écrire il y a plusieurs années déjà un texte qui, en exposant toute la complexité du débat, aurait réclamé (dans l'ordre): 

1. Rationnaliser le transport aérien en supprimant les petits aéroports et les lignes intérieures qui ne servent à rien, concurrencent le train et coûtent au contribuable.

2. Etablir un schéma aéroportuaire breton, dans le cadre européen bien sûr. C'est ce que demande les élus régionaux depuis 2005. Sans succès à ce jour...

3. Réfléchir à la pertinence ou non de NDDL (dans une optique intercontinentale évidemment) eût égard à l'existant. Brest pourrait être intercontinental si j'ai bien compris. Nantes est aussi un aéroport qui fonctionne bien, très bien même avec plus de 3 millions de passagers. 

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Le congrès 2012 de l'UDB, organisé à Mur de Bretagne il y a deux semaines a laissé libre la parole des adhérents. Résultat, l'UDB Jeunes a pondu un texte que je trouve très intelligent (lire ici) à ce sujet. Certains manifestaient d'ailleurs à NDDL samedi dernier de même que Naig Le Gars, conseillère régionale UDB.

Tout ça pour dire que nous ne vivons pas dans un monde parfait, loin de là. Et qu'il ne le sera jamais. Qu'il le sera encore moins si les gens ne s'impliquent pas. Et je ne parle pas d'implication dans les "luttes", mais en amont de celles-ci pour éviter les blocages.

Il convient aussi de réfléchir à certains arguments franchement réducteurs. Pour ma part, je suis prêt à parier que, sauf catastrophe nucléaire, météorite géante ou fin du monde maya, les avions voleront toujours quand j'aurais 70 ans. Ils seront plus gros, utiliseront moins de carburant. La fin du pétrole dans 30 ans? C'est aussi ce qu'on disait il y a 30 ans. Alors le pic d'Hubert, on l'a sans doute dépassé, mais ça veut juste dire que le pétrole coûtera plus cher, pas qu'il n'y en aura plus. Il suffit, pour s'en convaincre de lire la presse internationale et les gisements que l'on découvre régulièrement (Guyane, Cuba, Antartique...).

Ne sous-estimez pas non plus l'ingéniosité du capitalisme: le pétrole de schiste assure encore de beaux jours à l'économie pétrolière (à lire cet article par exemple)! Je précise, à toute fin utile, que je suis contre l'exploitation du pétrole et du gaz de schiste. Mais que JE sois contre ou que VOUS soyez contre, faites-moi confiance, ça se fera et en France aussi malgré le moratoire actuel (lire aussi les récents propos de Rocard à ce sujet). Et cela ne sera pas du fait de l'UDB ou d'EELV, mais parce que nos dirigeants sont des gestionnaires. Pour gagner un combat, il faut avoir en tête l'idéal et réfléchir à comment l'atteindre en partant de l'existant. Pas l'inverse! Et surtout, il faut avoir la confiance des gens, ce que nous n'avons pas à ce jour.

Pour conclure, à ce stade du conflit et vue la mobilisation importante qui a eu lieu samedi, le gouvernement serait intelligent s'il décidait d'un moratoire sur le projet pour (re)lancer des discussions. ça fait 40 ans que ce projet existe, on peut attendre quelques années supplémentaires, voir ne pas le faire du tout! Sans cela, le conflit va encore s'envenimer et le Politique sera encore plus désavoué... laissant place libre au marché! Et pour moi, c'est pire que ne pas décentraliser le transport aérien.


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