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Copé-Fillon: le pire est arrivé

Publié le 19 novembre 2012 par Letombe
Copé-Fillon: le pire est arrivé


Qu'il est loin le temps où les mêmes, ces leaders et petits ténors de l'UMP, se moquaient rageusement des primaires socialistes.
L'UMP s'est inventé des élections internes avant l'heure pour départager les héritiers après la reddition du Monarque. Si le spectacle fut parfois affligeant, le résultat final est à l'avenant. A l'aube du lendemain du scrutin, les deux rivaux clamaient victoire !
Vu de gauche, nous avons l'habitude des petites phrases, des coups bas ou coups tordus. Même les primaires écologistes, en juin 2011, furent parfois croquignolesques. Cette fois-ci, les militants étaient un peu moins de 300.000 à voter. Comme pour le Parti socialiste, l'échantillon est trop faible, le scrutin repose sur des milliers de strates intermédiaires où les facultés de manipulations sont trop nombreuses.

Cette semaine encore, Eric Ciotti avait répété cette antienne, largement reconnue: « le débat démocratique n'est pas dans notre culture a l'UMP ». 
Sans rire...
Outre l'élection d'un président, l'UMP jaugeait ses forces internes. Six motions s'affrontaient ce dimanche pour le soutien des militants. Mais la course aux faveurs s'était globalement déroulée dans le sillage de la campagne extrême-droitière de Nicolas Sarkozy de mai dernier.
Le jour du vote, Alain Juppé a annoncé qu'il avait donné sa procuration ... pour voter blanc. Fichtre... Quelle meilleure position pour expliquer que cette élection ne servait à rien, ne départageait rien d'autre que des ambitions individuelles ? L'ancien ministre et ancien président de l'UMP était injuste. Il y avait bien quelques différences. Même si François Fillon s'était laissé embarqué dans la course à l'extrême droitisation du parti conduite par Jean-François Copé, il marquait quelques différences avec son rival.
Lui au moins avait été premier ministre de Nicolas Sarkozy...
L'ancien monarque se refusait officiellement de soutenir l'un ou l'autre. Mais Brice Hortefeux - l'ami de 30 et quelques années - et Jean Sarkozy - le Prince héritier - avaient annoncé la couleur: ce serait Copé...
Le soupçon de la fraude est venu rapidement. Dimanche fut un grand jour. La députée Michelle Tabarot, soutien de Copé, dénonçait d'évidentes fraudes dans le Sud... On souriait. Les mêmes dénonçaient la RoseMafia et n'étaient pas capables d'organiser un scrutin interne sans contestation aussi grave... « Nous avons identifié de nombreuses difficultés dans les bureaux de vote des Alpes-Maritimes ».
Les communiqués des comités locaux se sont succédé les uns aux autres pour annoncer la victoire de leur champion... A Paris, les pro-Fillon s'estimait gagnante dans les 1er, 3e, 9e, et 17e arrondissements. 
Les deux camps s'estimaient encore vainqueurs quelques minutes après 20 heures. Il était trop tard pour crier victoire dans les journaux télévisés. Sur 41 000 bulletins dépouillés, la « team » Copé se donnait une avance de 500 voix. Puis celle de Fillon annonça le contraire quelques minutes plus tard. Un peu avant 21 heures, c'était Copé qui tenait à nouveau la corde, moins de 2.000 voix d'avance sur 60.000 suffrages. Vers 21h30, le dépouillement dépassait les 120.000 bulletins. Copé était encore en avance.
Le dépouillement a duré. Plus tard, l'équipe du secrétaire général dénonça des fraudes à Nice et dans le XVIème arrondissement de Paris. 
Dans la nuit, Copé puis Fillon clament officiellement victoire... Aucun des deux n'appelle l'autre pour s'expliquer.

«Les militantes et les militants de l'UMP viennent aujourd'hui de m'accorder une majorité suffisante et de m'élire comme président» Jean-François Copé
«Je ne laisserai pas voler la victoire aux militants. Je ne lâcherai rien.» François Fillon

Vers 4 heures du matin, la fameuse COCOE, la commission interne du parti chargée de veiller au bon déroulement de l'élection, interrompt ses travaux. Plus de la moitié des suffrages ne lui ont pas été remontés ! Valérie Pécresse, soutien de Fillon, confie son désarroi sur Twitter: « Contestation à la Cocoe de tous les departements favorables à FF par les représentants de JFC...Bloquage total. »
Peu importe le gagnant, la victoire sera trop serrée, la campagne a été trop rude pour qu'il n'y ait aucune séquelle.

Chroniques de Juan


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