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UMP : rassembler autour de quoi ?

Publié le 20 novembre 2012 par Copeau @Contrepoints

Comme tout politicien, Fillon et Copé n'ont que le mot rassembler l'UMP à la bouche. Ce qu'ils veulent, c'est surtout rassembler pour eux.

Par Jacques Garello.

Article publié en coopération avec l'Aleps et écrit avant l'annonce des résultats le 19 novembre.

UMP : rassembler autour de quoi ?

François Fillon Jean-François Copé en janvier 2012

Fillon et Copé veulent rassembler. Autour de rien.

Quand vous lirez ces lignes, l'UMP se sera donnée un nouveau président. Il se proclamera prêt à rassembler autour de lui toute la famille de l’opposition. Mais rassembler autour de quoi ?

Je crains, compte tenu de ce que l’on a lu et entendu ces dernières semaines, autour de rien.

On s’est en revanche beaucoup occupé de savoir autour de qui. Je dirai même : rassembler qui autour de qui ?

Rassembler qui ?

Dans ces odes au rassemblement, il y a une ambiguïté fondamentale. Le rassemblement concerne-t-il les adhérents d’un parti, ou les électeurs perdus en mai dernier ?

La composante électorale est indéniable. L’UMP veut récupérer les frontistes, les centristes, les abstentionnistes et, accessoirement, certains gros bataillons déserteurs de ses propres troupes. Voilà pourquoi François Fillon a lancé un appel solennel à la droite, à la gauche, au centre : retrouvons nous tous ensemble pour prendre notre revanche. Voilà pourquoi l’UMP se décline en droite sociale, droite forte, droite humaniste, droite populaire, droite gaulliste, droite libérale. Tous de droite apparemment, mais avec des accents sécuritaires chez les uns (pour piper les voix du Front), des positions souverainistes chez les autres (dans la tradition gaulliste et nationaliste), des proclamations travaillistes chez d’autres encore (pour séduire à gauche et au centre), parfois même des actes de foi libérale (surprenants et d’ailleurs très approximatifs).

Autour de qui ?

Ces prises de position gobe-tout ne font pas oublier que le nouveau Président de l’UMP voudra s’affirmer comme le leader incontesté de l’opposition. François Fillon, bien installé dans la tradition gaulliste qui veut que le parti n’ait qu’une seule ligne, n’a jamais caché ses intentions. Voilà de quoi soulager ses troupes : elles n’ont pas à s’encombrer de débats doctrinaux, puisque le gaullisme se veut pragmatique. « La doctrine du gaullisme est de ne pas en avoir » disait Michel Debré, expert en la matière. On poursuivra dans la lancée de la Vème République : godillots serviles à l’horizon.

Jean-François Copé pouvait compter sur le soutien de nombreux frondeurs. Mais curieusement, la plupart d’entre eux se sont réclamés de Nicolas Sarkozy, pourtant l’artisan essentiel de sa propre défaite, comme il l’a reconnu spontanément (mais pas trop longtemps !).

D’autre part, la motion présentée par le groupe de Jean Pierre Raffarin était assez bien rédigée pour recueillir des suffrages disparates : dans le style des textes de synthèse du parti socialiste ou radical.

J’ai lu avec attention tous ces documents, j’ai entendu quelques uns des discours – pas toujours conviviaux – et j’en ai déduit que si la référence au rassemblement est fréquente et bien considérée, il importait surtout aux gens de l’UMP qu’ils apparaissent unis autour du leader de leur choix ; par contraste, qu’importait pourquoi on se rassemblait.

Pour quoi ?

Pour battre les socialistes, mais est-ce un programme ? C’est l’ambition de toute opposition de prendre la place de ceux qui sont au pouvoir. Dénoncer les aberrations et les dangers de la politique actuelle est chose facile. Mais que va-t-on proposer au peuple ? Quelles mesures pour regagner la confiance des Français et leur donner espoir ? Les jérémiades ne sont d’aucun secours.

Donc, pour l’instant, je n’ai rien vu qui puisse ressembler de loin ou de près à un engagement doctrinal de rupture avec le socialisme et l’étatisme, et je ne vois poindre aucune réflexion sur les mesures révolutionnaires à mettre en œuvre au plus tôt : changer le système de retraite (au lieu de le bricoler), libérer le marché du travail (au lieu d’attendre de mythiques accords entre mythiques partenaires sociaux), privatiser entreprises et administrations du secteur public (au lieu de proroger le statut de la fonction publique), laisser se développer l’école privée (au lieu de changer les programmes ministériels), supprimer la progressivité de l’impôt (au lieu d’aménager des niches arbitraires), libérer l’immobilier locatif (au lieu de donner priorité au logement dit social), garantir la stabilité du cadre législatif et réglementaire (au lieu de multiplier les textes).

C’est pour quand ?

Je suis peut-être impatient. Mais je pense avoir quelque droit et quelque raison de l’être puisque depuis 1986 je n’ai jamais vu « la droite » s’engager dans quelque réforme innovante ou, ce qui revient au même, je ne l’ai jamais vu tenir ses problèmes de rupture : récemment encore 35 heures, loi SRU, ISF, grève des fonctionnaires, etc. Et je n’ose même pas évoquer les Grenelle de l’environnement et leurs suites, ou les caprices anti-schistes de Madame NKM, ni les questions éthiques et sociétales réglées au sabre par des lois « pro-choice » destructrices de vies.

Ainsi donc, une immense tâche attend maintenant l’UMP. Il faut qu’elle s’empresse de tourner la page du 18 novembre. Il faut qu’elle définisse enfin autour de quoi elle veut rassembler les Français. Engagement et choix doctrinaux sont plus importants que les choix du meneur de jeu et des équipes.

Le pays a besoin de programmes, pas de promesses. Nous, libéraux de la société civile, nous serons toujours présents pour donner des idées à ceux qui n’en ont pas, ou pas assez, comme nous serons présents auprès de l’opinion publique pour faire connaître et souhaiter les bienfaits d’une libération, que le pays attend en vain depuis un demi-siècle au moins.

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Sur le web.

Notre dossier sur l'élection à la présidence de l'UMP


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