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Ariane – la suite

Publié le 26 novembre 2012 par Toulouseweb
Ariane – la suiteEvolution, mais certainement pas révolution.
Les vingt Etats membres de l’Agence spatiale européenne (ASE, alias ESA) posent réguličrement des problčmes quasiment insurmontables ŕ leurs dirigeants politiques : ils leur demandent de maîtriser des enjeux complexes en vue de prendre des décisions qui portent sur des durées autrement plus importantes que la présence aux affaires d’un élu moyen. Ainsi, lors du sommet ministériel spatial qui vient de se tenir ŕ Naples, il s’agissait de donner le coup d’envoi du nouveau lanceur Ariane 6, prévu pour voler en 2021 ou 2022, et susceptible de rester opérationnel jusqu’ŕ l’horizon 2040. Coűt : 4 milliards d’euros, hors mauvaises surprises de tous ordres. Verdict : approuvé !
Cette Europe spatiale fonctionne plutôt bien et pourrait servir d’exemple ŕ d’autres disciplines communautaires. Ainsi, le Royaume-Uni vient d’augmenter spontanément sa contribution financičre ŕ l’Agence, au moment oů elle freine des quatre roues dčs qu’il est question de sa contribution au budget de l’Union européenne. D’autre part, l’ESA accueille de nouveaux membres mais elle le fait pas ŕ pas, avec prudence, aprčs avoir vérifié la motivation des candidats qui se présentent ŕ sa porte. Pourtant, la Pologne vient d’adhérer, bien que ce pays ne soit pas toujours un exemple parfait de grande loyauté européenne.
Chacun y trouve son compte, tout spécialement parce que les grands programmes spatiaux sont gage de maîtrise de technologies de pointe, de précieuses retombées industrielles et d’un prestige strictement réservé ŕ ce qu’il est convenu d’appeler les pays développés, mieux, hautement industrialisés. Ce groupe défend aussi pied ŕ pied une souveraineté européenne indispensable ŕ la crédibilité d’un avenir qui reste ambitieux. Le lanceur Ariane, réussite remarquable ŕ tous points de vue, permet l’indépendance du Vieux Continent en matičre d’accčs ŕ l’espace. Il fut un temps oů ce choix ne plaisait pas ŕ tout le monde… et il reste précieux.
Reste ŕ prévoir, anticiper, planifier et, bien sűr, financer. L’ESA, dans un contexte de crise, est arrivée ŕ préserver des moyens intacts, un peu plus de 10 milliards d’euros par an. Ce qui va lui permettre de mener de front la mise au point d’une Ariane 5 améliorée (Ariane 5ME, Mid-Life Evolution) et le démarrage des études d’Ariane 6 qui prendra la relčve ŕ la fin de la décennie. Dans le męme temps, le petit lanceur Vega, d’origine italienne, fera l’objet de nouveaux développements qui serviront aussi ŕ Ariane 6 : un Meccano industriel de trčs haut niveau.
D’un point de vue de Sirius, une raison d’étonnement subsiste. Symbole de grand savoir-faire, qui a atteint un niveau de fiabilité qui l’aide ŕ conforter ses solides parts de marché dans un environnement trčs concurrentiel, Ariane reste l’engin d’une seule et unique mission. Sa durée de vie est d’une vingtaine de minutes, le temps de placer sur orbite un ou deux satellites, tandis que ses trois étages finissent leur brčve carričre au fond de l’océan. Il en sera longtemps ainsi, la conception d’un lanceur réutilisable n’étant pas ŕ l’ordre du jour. On s’en étonne.
Der toute maničre, malgré les apparences, rien n’est simple. Des querelles de techniciens animent constamment les débats et, lŕ aussi, les Etats membres cherchent ŕ privilégier leurs industriels. Comme par hasard, lors de la préparation du sommet ministériel, ce sont l’Allemagne et la France qui ont éprouvé les plus grandes difficultés ŕ harmoniser leurs vues, chacune pesant de tout son poids, celui des deux premiers contributeurs du budget de l’Agence. Les acteurs industriels, eux, sont les męme qu’en aéronautique, le premier rôle étant tenu par EADS. Mais l’Italie est aussi trčs présente, elle qui a pourtant boudé Airbus pendant 40 ans.
Certains dossiers devront ętre revus, complétés, affinés, dčs la mi-2014. Mais, pour l’essentiel, au terme de la réunion de Naples, la satisfaction est générale. Jean-Jacques Dordain, directeur général de l’ESA, l’a dit haut et clair. Un optimisme repris par Genevičve Fioraso, ministre française de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Un succčs comme il y en a peu, qui contribue ŕ faire du secteur aérospatial une exception qui mériterait d’ętre portée au rang de source d’inspiration.
Pierre Sparaco - AeroMorning

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