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Van Cleef et Arpels – l’art de la haute joaillerie

Publié le 30 novembre 2012 par Louvre-Passion

Cette exposition du musée des arts décoratifs est l’occasion de plonger dans l’univers de la "haute joaillerie" de la place Vendôme, à défaut d’acheter une de leurs créations dont les prix sont bien au-delà des moyens du commun des mortels. Si vous vous intéressez aux bijoux sachez que le musée des arts décoratifs possède un fond de 4.000 pièces, du moyen âge à nos jours et se donne pour mission de valoriser la joaillerie française.

La « maison », ainsi appelle t’on les prestigieuses entreprises de la place Vendôme, naît au début du XXe siècle du mariage d’Alfred Van Cleef et Isabelle Arpels. C’est aussi l’union de deux familles qui s’associent pour ouvrir un magasin place Vendôme. Pour répondre à la question que vous vous posez sans doute, à savoir pourquoi la haute joaillerie se concentre sur cette place. Sachez que c’est la proximité de deux palaces, le Ritz et le Meurice où se retrouvait l’élite fortunée de l’époque qui a motivé cette implantation. Très vite la qualité des pièces de Van Cleef et Arpels fait le succès de la firme qui ouvre des succursales à Deauville ou sur la côte d’Azur afin de suivre sa clientèle dans ses lieux de villégiatures. Dans les années 1920 la publicité de la maison représente une femme dont le collier de perles entoure un globe terrestre avec cette légende : « Les bijoux de Van Cleef et Arpels font le tour du monde pour parer la femme », l’ouverture d’une boutique à New York en 1939 en est la parfaite illustration.

affiche VCA
L’exposition qui se tient dans la nef des arts décoratifs présente 500 pièces de Van Cleef et Arpels, du début du XXe siècle à nos jours. Dans ses créations la maison s’inspire des tendances, ainsi la découverte de la tombe de Toutankhamon en 1922 est le prétexte à décliner une ligne de bijoux ornés de lotus, ibis ou hiéroglyphes. En 1933 Charles Arpels se rend compte que l’une de ses clientes garde dans une boîte à cigarettes ses accessoires féminins, poudrier, rouge à lèvres, cigarettes… Il a l’idée d’une boîte de rangement de luxe, pourvue de compartiments et d’un miroir, c’est la création de la « Minaudière », nom donné en hommage à sa femme Estelle qui minaudait (ce qui veut dire qu’elle « faisait des manières »). Plusieurs Minaudière sont exposées en or, argent ou platine serti de diamant. L’une d’entre elle est ingénieusement intégrée dans un petit sac en tissus. Comme le faisait remarquer une visiteuse, c’est plus pratique quand il fait froid que d’avoir un morceau de métal – même si c’est de l’or – dans la main.

Une autre innovation de la maison de Van Cleef et Arpels est le « serti mystérieux » pour lequel un brevet est déposé en 1933. J’ai bien lu toutes les explications que je vais essayer de vous restituer ici. A la base, sertir une pierre précieuse sur un bijou consiste à coincer la pierre entre des griffes de métal, lesquelles sont recourbées et polies, l’inconvénient du système est que le serti recouvre en partie le joyau et que les griffes peuvent parfois se prendre dans le tissus. Le « serti mystérieux » consiste à tailler une rainure dans les pierres puis les encastrer dans un rail métallique, vu de l’extérieur on a ainsi l’impression que les pierres tiennent toutes seules. Cette technique permet également de réaliser une grande surface de pierre sans montrer le moindre métal, presque comme si la surface n'était qu’en pierres précieuses, l’effet est « magique » et on se demande comment ça tient.

L’exposition décline aussi les pièces d’exceptions réalisées pour des célébrités ou des têtes couronnées, une parure de mariage pour la princesse Grace de Monaco, la couronne du Shah d’Iran, une parure pour la cantatrice Maria Callas, un collier pour Elisabeth Taylor.

Je finirais par un documentaire très intéressant dans lequel plusieurs artisans d’art de la maison présentent leurs savoir faire et sont filmés durant leur travail. C’est l’occasion de découvrir les nombreux métiers qui composent l’univers de la joaillerie : dessinateur (pour présenter une ébauche gouachée du futur bijou au client), négociant en pierres précieuses, maquettiste, sertisseur, polisseur... Toutes et tous témoignent de leur passion pour leur métier et leur fierté de contribuer à la réalisation d’œuvres d’art.

Van Cleef et Arpels – l’art de la haute joaillerie – jusqu’au 10 février 2013 au musée des arts décoratifs


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