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Ecologie : la bataille de l'opinion publique

Publié le 01 décembre 2012 par Rcoutouly

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Dans une interview sur Arte, la semaine dernière, interrogé sur la faiblesse politique des Verts au gouvernement, Nicolas Hulot a répondu, avec pertinence, que c'était les autres partis politiques qui étaient dans l'impuissance car ils n'avaient pas encore compris les mutations écologiques indispensables que nous devons réaliser. Comment expliquer cette cécité des partis politiques traditionnels? 

On trouve des réponses à cette question en lisant l'édifiant portrait que réalise le Nouvel Observateur N°2508 à propos d'un certain Paul Boury.

Ce monsieur, gagnant 300000 euros par an fait la sieste tous les jours (le "travailler plus pour gagner plus" est bien loin), possède son propre cabinet de psychanalyste et une entreprise toute particulière "Boury Tallon & associés", entreprise qui organise des clubs pour le compte d'entreprises désireuses de tisser des liens avec le monde parlementaire.

Bref, monsieur Boury est un patron qui a développé "une pratique transparente du lobbying", une jolie expression pour expliquer que, si c'est la classe moyenne qui a élu les socialistes, ce n'est plus avec elle que converse nos ministres et notre président. Les membres du gouvernement  reçoivent et écoutent des patrons et des énarques qui "savent" et sont des gens "raisonnables", essentiellement des hommes, peu de femmes, des gens qui gagnent plus de 100000 euros par mois, franchissent rarement le périphérique, sauf pour prendre l'avion. 

Ces personnes habitent Paris, la capitale, intra-muros et s'ils ont une résidence ailleurs, c'est toujours une résidence secondaire. Les élites de Marseille ou de Lyon, ou d'ailleurs, n'en font pas partie.

Paul Boury se prétend "ni de droite, ni de gauche", mais roule en coupé Mercedes. Son carnet d'adresses composé de patrons et d'élus ne doit pas contenir beaucoup de noms à partager avec mon propre carnet d'adresses ou avec le vôtre, cher lecteur.

Bref, on aura compris que ce monsieur est un pourvoyeur d'endogamie. On reste entre nous -patrons du CAC40, énarques, personnel politique-, tous Parisiens.

Dans ces conditions, il est vraiment difficile de renouveler la pensée et la vision politique. La majorité politique a changé mais les mêmes journalistes croisent les mêmes élites chez Laurent ou chez Ledoyen, ces élégantes cantines du Paris des affaires et de la politique.

 Si on veut avoir une nouvelle preuve de cette endogamie mortifère, on la trouvera dans la composition du comité de pilotage du débat sur la transition énergétique. Certes, on y trouvera deux sérieux scientifiques (Jean Jouzel et Laurence Tubiana) et un ex-directeur de Greenpeace (Bruno Rebelle) mais on y trouve aussi trois ex-grands patrons (Michel Rollier, Georges Mercadal et Anne Lauvergeon) qui ont travaillé dans l'ancienne économie dans les secteurs de l'automobile, des routes et du nucléaire, des industries de l'avant-transition! 

Des personnes qui connaissent le monde de la Grande entreprise mais pour lesquels les PME, les artisans et le secteur public, sont inconnus. Toutes ces activités qui font la vie économique et collective du pays, qui représentent l'économie réelle et qui paient la majorité des impôts du pays.

On peut aussi s'inquiéter de l'absence de Négawatt, qui est pourtant la seule structure française a avoir mené une réflexion de longue haleine sur cette question cruciale et très technique de la transition. Pourquoi, par exemple, ne pas avoir mis dans ce comité, le président de Négawatt, Thierry Salomon?

Probablement parce que Négawatt est une structure provinciale.  Il faut donc conseiller à son président de rencontrer de toute urgence Paul Boury !

Conclusion: Dans la même interview, Hulot  explique qu'il ne suffit plus aujourd'hui d'expliquer pourquoi il faut réaliser cette transition mais qu'il est nécessaire de décrire comment on va la faire. Moi qui réfléchis depuis des années au rôle de la fiscalité environnementale dans cette transition, je suis bien entendu d'accord avec lui.

Mais Paul Boury me fait comprendre que cela ne suffira pas. L'écologie, elle aussi, a besoin de lobbying, de types capables  de convaincre nos élites que l'ancienne économie est à jeter de toute urgence, que la transition écologique est la seule voie possible pour sortir de notre interminable crise économique.


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