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Billet d'humeur

Publié le 03 décembre 2012 par Karedig @Karedig_GA
 
BILLET D'HUMEUR
 
Mais à qui donc appartient Internet ?
Ceux qui se connectent sur Google ont pu voir apparaître un lien "Vous êtes attachés à un Internet libre et ouvert ? Dites le aux gouvernements". Le lien envoie sur un argumentaire concernant la conférence mondiale où l'UIT, l'Union Internationale des Télécoms (ITU pour l'acronyme anglais) doit prendre des résolutions sur la gouvernance d'Internet. En prime une vidéo sur un site dédié "what's the ITU ?"
L'argumentation est simple (sinon simpliste) : Internet, qui appartient à tout le monde, est libre et ouvert, alors que l'ITU va le soumettre aux gouvernements et notamment à ceux qui censurent le net. Et roule ma poule, tout de suite sur Twitter une floppée de geeks relayent la protestation : non, non, non gardons le net libre et ouvert, halte à la mainmise des gouvernements, ouh la honte !
Bon, reprenons. La vidéo "what's the ITU ?" est un monument de démagogie infantile : Internet n'appartient à personne, (la prédominance américaine est juste évoquée en fin de vidéo). A la place, ITU va prendre les choses en main et la vidéo nous montre une poussiéreuse institution (les images passent en noir et blanc), qui remonte à l'époque du télégraphe (donc elle ne comprend rien aux techniques modernes) et qui est sous la coupe des gouvernements : on nous cite la Russie, l'Iran et la Chine...
Evidemment Google qui fait de la retape pour l'Internet libre c'est comme Michel-Edouard Leclerc qui vante la libre alimentation : y a un truc.
Internet n'appartenant à personne est une fable. L'origine du world wide web (www) vient de l'armée américaine et son réseau pionner ARPANET. Ensuite l'administration était sous dépendance du DoC (ministère du commerce américain) et la régulation du nommage confiée à l'ICANN, société de droit californien et toujours liée au gouvernement américain même si sa gouvernance a évolué. C'est cette domination des USA qui explique que certaines extensions officielles soient typiquement américaines (comme le .gov alors que les autres pays doivent utiliser des extensions du type .gouv.fr). C'est pour cette raison, que nous sommes nombreux (je m'y inclus) à vouloir que la gouvernance d'Internet passe à l'ONU, c'est-à-dire sous le contrôle des nations de la planète. Et dans les nations de la planète, il y a certes des gouvernements plus ou moins vertueux en matière de liberté d'expression. L'agence de l'ONU qui gère ces aspects est... l'ITU. Dont l'un des buts, rappelons-le quand même, est d'étendre l'interopérabilité des systèmes ou d'empêcher l'accès discriminatoire aux ressources d'Internet. Mais pour le savoir il faut aller sur le site de l'ITU.
Cette gouvernance mondiale peut-elle être pire que la gouvernance masquée des américains ? C'est l'ordre du jour de la conférence mondiale de décembre qui génère des inquiétudes. D'abord, c'est vrai, le huis clos n'est pas la meilleure façon de lever les doutes et de communiquer. Ensuite certaines questions soulèvent des interrogations. La lutte contre le spam par exemple : les USA considèrent que la seule réponse est purement technique, l'ITU aborde la question de la responsabilité juridique et Google insinue que la lutte contre le spam pourrait conduire à censurer ce qui n'est pas politiquement conforme. De nombreux pays européens (comme la France) souhaitent, comme les USA, une régulation sans action intempestive des États, ils s'opposent à la situation qui aujourd'hui abouti à une censure du net dans certains pays et donc à trouver une régulation supra-étatique. Mais les européens, contrairement aux USA, veulent taxer les gros générateurs de trafic comme Youtube, Facebook ou... Google !
L'entreprise Google veut se faire le chevalier blanc désintéressé d'un Internet libre et autorégulé, mais cette vision qui se veut libertaire est surtout libérale (comme "le renard libre dans le poulailler libre").
 

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